Pierre Roc (avatar)

Pierre Roc

Abonné·e de Mediapart

31 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 avril 2013

Pierre Roc (avatar)

Pierre Roc

Abonné·e de Mediapart

Cahuzac, pourquoi pas une loi ?

Pierre Roc (avatar)

Pierre Roc

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis que Cahuzac a avoué, c’est la débandade. Et vas-y que je te verse la petite larme face à la trahison, que je devienne rouge comme une pomme face à la forfaiture, que je crie à la confiance abusée ! Ainsi les hommes politiques devraient être vertueux, honnêtes, sages. C’est ce qui se dit… Foutaises ! Ils ne le sont pas et ne le seront jamais. Celui qui attend la vertu des élus est condamné à la désillusion. Ces messieurs les députés le savent bien et continueront à jurer, main sur le cœur, que jamais, ô grand jamais, ils ne s’abaisseront aux vices. Grands dieux ! ils ne sont que des hommes, et ce n’est pas l’élection qui les fera honnêtes.

Cahuzac tombe ; les autres le lâchent comme le misérable qu’il est. Sauve qui peut ! Ces messieurs se plaignent de ce que ce peuple – tant méprisé, oublié de coutume, craint cette fois-ci – devienne colère. À raison. Mais vont-ils agir ? pas de belles paroles aussi vite oubliées, mais véritablement agir. Bordel ! Les hommes les plus puissants de France peuvent faire plus que jouer la comédie… au hasard… voter une loi.

Car les Français n’en peuvent plus d’être les dindons de la farce. Si messieurs les députés tiennent tant à leur honneur, et à rétablir le peu de légitimité qu’il leur restait, ce n’est pas une fatalité : ils en ont les moyens. Ainsi, cette loi, que j’exposerai brièvement ci-après, aura l’heureuse propriété de servir l’intérêt général – mais de cela les députés n’en auront cure !

Pour commencer, Mediapart a réclamé que l’affaire soit confiée à un juge. Le secret des sources stipule que les journalistes sur l’affaire se trouvent bien démunis face à leurs confrères qui ont décidément bien loupé leur vocation de laquais. Pourquoi n’étaient-ils pas en mesure de confier les preuves à un juge, indépendant cela va de soi ? Voilà un premier pas : il faut autoriser les organes de presses à saisir directement un juge.

Ce juge pourra confirmer, ou rejeter, une procédure, et à minima estimer la pertinence des preuves présentées. Ainsi les chiens de garde pourront-ils y réfléchir à deux fois avant de se ridiculiser : “des preuves ! des preuves ! des preuves !” aboyaient-ils. Avoir un juge indépendant qui confirme l’honnêteté des preuves avancées et fasse quelques vérifications, c’est toujours bien utile face aux imbéciles, sans rien perdre du secret des sources.

Ainsi le juge se lance dans une procédure, se donne un délai, genre une semaine, afin de tirer au clair la situation. Puis, pas de chichis : si le juge ne le sent pas, l’homme politique est “démissionné” de son poste. Non mais ! “Et la présemption d’innocence ?” aboieront les chiens de garde – les pauvres ne savent pas qu’elle protège le citoyen de l’arbitraire de l’État, or l’homme politique est membre de l’État, pas simple citoyen. On leur répondra qu’il n’est pas question de rendre jugement sur le fond, mais de savoir si : — il y a conflit d’intérêt entre l’affaire dévoilée et la fonction occupée, publique je le rappelle ; — l’exercice du pouvoir politique est susceptible d’être entravé par la méfiance induite par la mise en accusation publique dûment vérifiée. Ainsi l’homme politique éjecté deviendrait simple citoyen et, ô miracle, la présemption d’innocence serait applicable.

Ensuite seulement l’affaire peut être jugée sur le fond et calmement. Ainsi ne verra-t-on pas pendant des semaines les délires d’une classe (caste ?) politico-médiatique aux abois. Elle est pas belle ma proposition de loi ? Alors je dis aux députés honnêtes comme une bouteille jetée à la mer – il doit bien s’en trouver, encore faudrait-il qu’ils me lisent – : « allez-y ! foncez ! c’est la garantie pour un homme politique vertueux salement dénigré d’être blanchi en une semaine top chrono et en bonus vous servez l’intérêt général, aka catapultage de tous les “salopards (je cite Sartre)” qui ne pourront plus vous salir, vous, honnêtes hommes. Foin de belles paroles ! Une loi pour prouver votre repentir, pour assumer votre colère, pour matérialiser votre honnêteté. »

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.