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Billet de blog 6 juin 2012

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Des informations sur l’électorat

Ce court billet présente une analyse statistique des résultats des présidentielles. Il permet de mettre en lumière quelques contre-vérités ou de confirmer des résultats déjà connus.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce court billet présente une analyse statistique des résultats des présidentielles. Il permet de mettre en lumière quelques contre-vérités ou de confirmer des résultats déjà connus.


Les données proviennent du site du ministère de l’Intérieur, résultats récupérés commune par commune, sauf Paris et quelques autres, grâce à un robot. Habituellement on trace les résultats sur une carte géographique, c’est-à-dire avec la longitude pour abscisse et la lattitude pour ordonnée, typiquement par canton ou par commune. Ensuite l’analyse des territoires, c’est-à-dire la recherche de corrélations entre les scores sur les cartes de chacun des candidats, permet de comprendre les relations qui peuvent exister entre chaque électorat.

Par exemple, commençons par compter le nombre d’électeurs du FN sur une carte d’un genre particulier : le score du FN en ordonnée et le nombre d’inscrits de la commune en abscisse. On obtient ceci :

La carte a un code couleur : le bleu indique qu’il n’y a aucun électeur, plus les pixels virent au rouge, plus il y a d’électeurs de Le Pen. Le pixel rouge tout à droite représente Marseille, avec un score de 21,2 %, le pixel tout proche cumule Nice et Toulon à 23 %. Ces trois grandes villes sont les exceptions et le gros de l’électorat du FN se situe dans des communes où les listes électorales ont une taille comprise entre 10² = 100 et 10⁴ = 10 000 inscrits. On observe que plus la taille de la commune est petite plus le FN fait un grand score, ainsi le gros de l’électorat se situe là où le score dépasse le résultat national (17,9 % par rapport aux voix exprimées). En terme de chiffres, alors que Le Pen fait un score national de 14,9 % (par rapport au nombre d’inscrits), dans les communes de moins de 10 inscrits elle obtient 18,5 %, pour des communes de 10 à 100 inscrits 18,0 %, pour 100 à 1 000 inscrits 18,1 %, pour 1 000 à 10 000 le FN diminue à 15,9 %, enfin, pour les villes de plus de 10 000 inscrits il chute à 11,8 %. Ainsi Le Pen fait de mauvais scores dans les grandes villes, mais compense par de bons scores dans les petites communes. « Nous assistons bien [à un] vote FN [dans] le monde périurbain et rural » déjà évoqué dans la presse, et c’est un phénomène général puisqu’il continue avec de très petites communes et donc dans la ruralité profonde, en contradiction avec ce qui a pu être publié parfois !

Deuxième carte, deuxième phénomène. Très impressionant !

Ici il s’agit de comptabiliser les électeurs en fonction du score de leur commune, score PS et score FdG. On observe une excellente corrélation ! C’est-à-dire que dans les communes où le PS est fort, le FdG l’est aussi. Deux conclusions à tirer. Primo, l’électorat du FdG est un électorat de gauche, jusqu’ici rien d’étonnant. Mais surtout c’est un électorat parfaitement lié à l’électorat du PS. On ne retrouve pas du tout ce phénomène de l’autre côté de l’échiquier avec le couple FN et UMP qui ont des électorats décorrélés. Cela suggère que l’électorat de gauche considère le FdG comme un parti républicain, contrairement à celui de droite vis-à-vis du FN (notez que c’est en train de changer avec une forte volonté des caciques de l’UMP de se lier avec le FN). Secundo, le FdG n’a « volé » aucune voie au PS, c’est un résultat contre-intuitif et pourtant les deux partis se renforcent mutuellement ! En effet, là où le FdG fait un grand score, le PS aussi, avec un ratio très stable : le FdG représente 40,4 % du PS.

Pour finir, on insinue parfois qu’il y a des électeurs du FN anciennement de gauche. Vérifions :

Dernière carte : score du FN en fonction de celui du PS dans les communes. On note une corrélation négative, ou anti-corrélation, c’est-à-dire qu’un faible score FN indique un bon score PS. Cette anti-corrélation est excellente, puisque lorsque le PS obtient ~10 points de plus, le FN en a ~15 de moins. Bref, lorsque la commune est à gauche, le FN est faible. Ainsi, cela montre que l’électorat FN n’est pas de gauche, tout au plus l’électorat du FN de gauche ne représente qu’une frange minoritaire. La stratégie de Le Pen d’avoir un discours pseudo-socialiste a donc échoué, en particulier en dévoyant des références historiques socialistes, ou en présentant des mesures faussement sociales.

Pour les sympathisants FdG qui voudraient approfondir, vous pourrez retrouver l’étude plus complète sur mon blog, ici et .

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