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Billet de blog 8 décembre 2012

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Pensées en vrac — Démocratie & Révolutions

 Les gens de bien eux-mêmes ne pouvaient pas le comprendre : leur esprit est prisonnier de leur bonne conscience. La bêtise des gens de bien est d’une sagesse insondable.

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Les gens de bien eux-mêmes ne pouvaient pas le comprendre : leur esprit est prisonnier de leur bonne conscience. La bêtise des gens de bien est d’une sagesse insondable.

  • Nos démocraties sont surprenantes ; elles ont réussi à imposer ce qu’aucun tyran n’eut jamais réussi à obtenir : à ce que le peuple s’asservisse de son propre chef, et veille de lui-même à sa domination.
  • C’est un paradoxe que de diriger l’altruisme naturel des hommes vers leurs maîtres pris en pitié, cela ne rend les serviteurs ainsi exploités que plus dociles.
  • Tous les enjeux de pouvoir ne se résument finalement qu’à une seule question. Comment déterminer la limite entre : ce qu’il est nécessaire de réprimer en nous d’aspiration à la liberté afin d’en laisser le nécessaire pour une vie harmonieuse en société, et ce qu’il est superflu d’abandonner de liberté au profit de quelques uns avides de puissance.
  • Le fascisme appuie son pouvoir sur le renoncement des masses. Cette anémie est inculquée par les élus afin d’asseoir leur pouvoir précaire.
  • Définition. Abstraitisme. Maladie des intellectuels. Ils manipulent les concepts et les –ismes comme on jongle avec des balles ; ils ont juste oublié qu’ils étaient sur un cours de tennis.
  • Un gouvernement bien institué est celui qui permet le dialogue et la synthèse des groupes humains constitués dans la société. Le capital est une classe minoritaire en taille, mais qui domine grâce à la propriété. Tôt ou tard il est menacé par le nombre, il n’a alors d’autre choix pour se maintenir que de détruire toutes formes de démocratie. L’accouplement de la société de classe et de la démocratie véritable n’est qu’une aventure passionnelle & fugace destinée à engendrer l’enfant terrible qu’est le fascisme. Tout le drame de la Révolution française aura été d’instituer un système politique qui proclame l’égalité, en avance sur la société de classes en gestation, où le petit nombre commande au grand nombre les richesses à produire & consommer.
  • La démocratie n’est pas un système politique institutionnel : c’est le renversement de toute autorité, c’est le refus de toute hiérarchie, c’est la volonté infaillible d’exercer à tout moment et en toute circonstance le pouvoir par tous ; c’est l’état de révolution permanente ; car la pente naturelle du pouvoir est la concentration, et comme la démocratie est son exact contraire elle n’a pour seule alternative à sa destruction que d’imprimer de toutes ses forces le mouvement révolutionnaire.
  • La démocratie et la révolution sont indissociables l’une de l’autre. Car sans cesse le pouvoir est perdu dès lors qu’il n’est pas exercé, car la révolution renverse le pouvoir, elle est le seul moyen de s’en réapproprier l’exercice. Le seul état qu’une société authentiquement démocratique peut connaître est donc la révolution permanente.
  • Ceux qui exercent le pouvoir sont nécessairement toujours ceux qui en appelleront à l’ordre, à la conservation et craindront tout mouvement, car la primauté est donnée au maintien des privilèges acquis. Par conséquent, toute démocratie se situe dans cet espace qui refuse tout conservatisme, tout conformisme, et met sans cesse en mouvement la société par la rupture avec les habitudes, c’est-à-dire l’espace révolutionnaire.
  • Le seul contre-pouvoir réellement efficace contre la représentation est le peuple. Par conséquent la représentative, plus que tout autre régime, se doit d’être révolutionnaire en son essence et par les actes.
  • Les représentants ne sont que les esclaves du peuple, comme les sujets le sont vis-à-vis du souverain. C’est à ce titre qu’ils doivent le craindre, le vénérer, le flatter. Du jour où le peuple refuse à exercer ses devoirs de maître, exiger d’être sanctifié, sanctionner & récompenser injustement, alors s’en est finit de la démocratie.
  • La démocratie ne sera qu’une illusion jetée aux yeux myopes des peuples tant qu’ils passeront le plus clair de leur temps à travailler pour un autre. Ils renient ainsi leur liberté de citoyen pour obéir à une autorité en vertu d’un salaire. Cette rétribution n’est rien d’autre qu’un droit à vivre, céder par un tyran d’un nouveau genre, un tyran qui se croit magnanime.
  • Voilà un bien odieux chantage que d’échanger salaire, donc subsistance, contre travail servile. Tout comme le césar donne d’une main le pain et les jeux à ceux-là même contre qui il a levé l’impôt de l’autre main, le patron rétribue le travailleur du fruit tiré de son propre labeur. C’est en réalité un marché de dupe où la liberté des asservis est transmutée en profits des maîtres.

Vous me fuyez ? Vous avez peur ? Vous tremblez devant ces mots ?

Ô mes frères, quand je vous ai dit de briser les gens de bien et les tables des gens de bien : c’est alors seulement que j’ai fait embarquer l’homme pour sa haute mer.

Et ce n’est qu’alors que lui est venue sa grande terreur, le grand lancer de regards autour de soi, la grande maladie, le grand dégoût, le grand mal de mer.

Les gens de bien vous ont appris de faux rivages et de fausses sécurités ; vous êtes nés dans les mensonges des gens de bien et l’on vous y a enveloppés. En son fond tout a été falsifié et tordu par les gens de bien.

Mais celui qui a découvert le pays qu’on appelle « homme 3, il a aussi découvert le pays qui est « l’avenir de l’homme ». Maintenant je veux que vous soyez des marins, courageux et patients !

Retressez-vous à temps, ô mes frères, apprenez à marcher droit ! La tempête fait rage sur la mer : beaucoup veulent se raccrocher à vous.

La tempête fait rage sur la mer : tout est à la mer. Allons ! En avant, vieux cœurs de marins !

Qu’importe la patrie ! Notre gouvernail veut nous conduire là-bas où est le pays de nos enfants ! Là-bas, plus tempétueux que la mer, notre grand désir fait rage !

Ainsi parla Zarathoustra, Friedrich Nietzsche, 1885

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