J’ai rencontré le fait « juif » au lycée dns les années 60. Des copains enfants de rescapés de la Shoah. Au ciné-club, j’ai vu Nuit et brouillard. L’effroyable . En terminale, j’étais déjà militant communiste internationaliste et j’avais des discussions enflammées avec des militants de la Shomer Hatzair. La perspective de la construction du socialisme dans les kibboutz me paraissait quelque peu illusoire. Puis je rencontrais une jeune fille née dans une famille de culture «juive » endogame. Nous nous mariâmes et eûmes deux enfants. Notre cercle d’amis comptaient de nombreux copains issus eux-mêmes de culture hébraïque. Tous sans exception se marièrent avec des conjoints non « juifs » breton, anglais, provençal, bourguignon… Si bien que leurs enfants se trouvèrent « juifs » par leur mère ou non « juifs »; si l’on s’en réfère à la tradition hébraïque.
Si je mets depuis le début des guillemets au mot « juif », c’est qu’il reste pour moi une énigme.
Mes copains "juifs" me répondaient : les Nazis, eux ils savaient . Sans doute, mais moi, non.
Très naïvement je comprenais les désignations chrétien / musulman / juif qui renvoient à une religion. Cependant tous mes copains « juifs » étaient athées. J’appris plus tard qu’on les désignait comme juifs laïques. Soit.
Le conflit Israélo-palestinien me fit entendre une opposition entre Juifs et Arabes. Cela me plongea dans un abîme de circonspection. Mes copains venaient tous du Maghreb et avaient pour la plupart des noms arabes. J’appris plus tard que l’essentiel de la communauté « juive » du Maghreb étaient des Arabes ou des Berbères judaïsés depuis le moyen-Age à l’époque où la religion juive était prosélyte. J’appris du même coup que l’ensemble des « juifs » de la planète (jusqu’au japon, avec les yeux bridés, oui, oui!) sont des descendants de convertis et qu’aucun d’entre eux ne peut se prévaloir d’une descendance hébraïque. Mieux, les plus probables descendants des habitants de cette terre de Palestine seraient les actuels Palestiniens (arabes). Le problème s’approfondissait.
Alors une fois de plus, qu’est-ce qu’être « juif »?
Ce n’est évidemment pas une ethnie. Ils sont polonais, allemands, russes, yéménites, éthiopiens, arabes, berbères…
Une langue pas davantage, l’Arabe, les différents Yiddishs et évidemment les langues nationales des pays où ils ont fait souche.
Une culture peut-être ? La carpe farcie ou le couscous, certes pas.
Il m’était alors clair que le "peuple juif » n’existait pas.
Mais alors, quel est donc ce mystère du fait « juif »? L’histoire de l’Europe pouvait alors me donner une piste.
La Chrétienté a persécuté les communautés juives tout au long de son histoire. Elle les désigna comme le peuple déicide en référence à la mort du Christ. Trois rois de France édictèrent des lois ségrégationnistes. Un stigmate, donc à l’encontre de ces communautés religieuses. Le régime nazi qui agissait au nom de Dieu (Gott mit uns) fut l’acmé de cet antisémitisme.
Chose étrange, au XVIII ème siècle des évangélistes chrétiens furent à l’origine d’un courant sioniste profondément antisémite. Il s’agissait d’envoyer tous les juifs en Palestine dans la perspective de leur destruction ou de leur conversion . Puis, c’est dans le nouveau monde, en Amérique du Nord que 5 ans avant la publication du livre de Theodor Herzl der judenstaat. Le 5 mars 1891 le révérend Blackstone présenta au président Harrison une pétition pour la restauration des Juifs en Palestine signée par des ecclésiastiques, des écrivains, des journalistes, John Rockefeller, et des membres du congrès.
Des sionistes antisémites !!! Les choses se compliquaient .
Puis vient T. Herzl qui définit le sionisme comme une entreprise de colonisation dans l’esprit de l’époque où les puissances européennes s’en allèrent massacrer les populations en Afrique pour leur apporter la civilisation.
La boucle était bouclée.
Il y avait eu le stigmate de la désignation des communautés de religion hébraïque (qui ne se vivaient pas, à raison, comme un peuple), comme le « peuple juif déicide ».
Il y avait maintenant le retournement du stigmate: oui, nous sommes un peuple dussions-nous l’inventer.
Au début du XXème siècle, des foyers ashkénazes s’installèrent en Palestine sous domination anglaise, on y pratiqua le terrorisme (Irgoun, Haganah).
Puis vint la Shoah, le refus des USA d’accueillir les « Juifs » martyrisés et la création d’Israel en 1948. Conformément aux déclarations de Ben Gourion: « Ne nous racontons pas d'histoire... Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent... C'est leur pays, parce qu'ils y habitent, alors que nous voulons venir ici et coloniser, et de leur point de vue, nous voulons nous emparer de leur pays.» Discours de David Ben Gourion en 1938,
Ainsi fut fait. La Nakba, le nettoyage ethnique. Le remplacement d’un peuple réel par un peuple inventé qui évidemment n'a aucun droit sur cet terre. N'en déplaise à Meyer Habib, faux hébreux, probable arabe et vrai fasciste.
Alors, il fallait le peupler, cet état. Les « juifs » d’Europe centrale n’étant pas assez nombreux , on démarcha les «juifs orientaux » du Maghreb en les persuadant qu’ils étaient maltraités par les musulmans (ce qui est une falsification historique immonde) et qu’ils devaient venir dans le paradis des kibboutz . La-bas, on les méprisa, on les considéra comme des Arabes incultes, sales, arriérés, incapables de conceptualiser. On leur réserva les métiers les plus dégradants. Il y eu les « Juifs » et les « sous-Juifs ».
Le racisme européen vis à vis des Maghrébins se superposait au racisme « juif » envers les Palestiniens.
Golda Meir : "ces gens-là ne parlent pas yiddish, ils ne peuvent pas être juifs »
David Grün alias Ben Gourion: « lls ont beaucoup pris des Arabes, beaucoup trop ! »
Aujourd’hui les ministres fascistes israéliens traitent les Palestiniens comme des animaux.
Alors, c’est quoi être juif ? Ne pas être goy ou patos ?
Mes enfants sont « juifs » d’après la loi juive ! Sinistre plaisanterie !
Si j’étais né dans une famille qui pratiquait l’endogamie juive, je ferais comme Shlomo Sand, je démissionnerais .
Épilogue
La fiction sioniste fait accroire l’idée que l’anti sionisme est un antisémitisme. Elle a fait son chemin puisque les institutions européennes l’ont reprise à leur compte et Macron en tête.
Qu’importe si l’immense majorité des Juifs laïques ne sont pas sionistes et si 60 millions d’évangélistes aux USA et au Brésil électeurs de Trump et de Bolsonaro sont sionistes par antisémitisme.
L’impérialisme US et son « porte-avion Israel » ( Robert Kennedy) massacre à Gaza depuis 3 mois dans l’indifférence des gouvernements qui leur sont inféodés et dans la réprobation unanime des peuples de la planète.
Le Bien contre le mal, la civilisation contre la barbarie, la civilisation « judéo-chrétienne » contre l’Islam. L’horreur !!
Bombing business as usual ! Économie de guerre, « réarmement » en tout genre.