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Billet de blog 21 décembre 2023

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Ce bon roi Henri IV

Après les voitures poubelles, les passoires thermiques ! il faut bien diaboliser pour convaincre l’opinion du nouvel impôt sur les portes et fenêtres.

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Ce bon roi Henri IV.

« Je veux que chaque laboureur en mon royaume puisse mettre la poule au pot le dimanche. »…

Il était sincère notre bon roi Henri le quatrième, il la voulait sa poule ! Aujourd’hui, le François a dû renoncer à la poule… et au pot.                                             

Dans ses formes plus contemporaines, le moyen âge est de retour. On ne mange plus à sa faim, de mauvaises langues disent même que pour payer l’impôt sur la mauvaise fortune, les laboureurs renonceraient à un repas par jour. Pour nourrir leurs animaux, ces « gens sans terre » auraient réactivé le droit de vaine pâture, celui de glaner et de couper du bois dans les forêts domaniales.                                    

     La poule n’est plus au pot, elle vient des Amériques en barquette. Pour la protéger des « sans dents », elle est anti volée, le droit de grivèlerie est de retour.                                     On refait culture du tabac, mais pas plus de deux pieds pour le même sabot, le roi entend garder le monopole des drogues qu’il combat.

La pauvreté est à la portée de toutes les bourses, elle s’est démocratisée ; issus de grande lignée, quelques nobles se cachent pour aller chez Sieur Aldi ou Lidl chercher leur panier repas. C’est cher l’argent. Et les journalistes s’amusent à l’ingeniosité des indigents pour assembler leur ameublement modulable avec les cagettes du marché dont Ikéa connait tous les secrets.

Après les voitures poubelles, les passoires thermiques ! il faut bien diaboliser pour convaincre l’opinion du nouvel impôt sur les portes et fenêtres, après celui du parc automobile c’est au tour du parc immobilier d’être renouvelé.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Assermentés ou inféodés, au nom du réchauffement climatique, ces policiers de la Planète font le tour des habitations. Comme à Mayotte ils distribuent des notes et marquent d’une lettre de A à G les habitations qu’ils jugent indécentes, mettent hors-parc locatif celles, non conformes à l’esprit des lois.                                          Mais à quoi pense vraiment la loi ? A soutenir le secteur du bâtiment et à le mettre au crédit de l’effort demandé par l’Europe pour la Planète.

Il y a peu, ces diagnostiqueurs-liquidateurs ont frappé mon domicile de la lettre « G », celle de l’indignité ! que j’y faisais récemment encore des dîners ! J’ai très honte d’avouer que j’y faisais récemment encore des dîners !                                           

  Des ponts thermiques y auraient été faits à mon insu au point que je doive doubler les murs en pierre de taille et m’isoler de la cave au-dessus de laquelle je vis. A les entendre, sans voiture, je produirais plus 17000 km de Co2 chaque année. On s’interroge sur le kilométrage de ceux qui ont conçu ce modèle économique.      Pauvres manants que nous sommes, montrés du doigt dans nos voiture-poubelles, et nos maison-passoires, condamnés aux « travaux forcés » de la rénovation, pauvres cerfs qui, pour ne plus payer l’impôts sur les portes et les fenêtres, n’ont plus qu’à les murer… comme avant.

Cette géothermie met au rebus le lieu de vie de ceux qui y ont toujours vécu ou qui en tiraient quelques écus.                                                            Le royaume met en œuvre toutes les solutions qui ne remettront pas en question le mode de vie qu’il a organisé, qui n’aurait selon lui, pas d’alternative. Claquemuré dans sa tour double vitrée, le Saigneur des finances contraint ses obligés aux travaux qu’ils n’est pas en mesure de faire, et s’il ne peut lui-même protéger sa planète, il appartiendra au sens de la responsabilité collective de s’en charger.  

Au nom de la planète, qui songerait à s’y opposer ?                                                                                                

   Portes, fenêtres, aération, étanchéité, un vrai devis ! Le marché de la rénovation est en plein boum, il est probable que ce rajeunissement aux allures de projet immobilier, soit aussi celui de la population et de sa désolation.  Vendre son appartement, sa maison pour « cause de travaux » fera le bonheur des bâtimenteurs, spéculateurs ou des diagnostiqueurs, si jamais ils n’étaient pas les mêmes.

   Bien loin d’y prendre sa part, c’est sur ses irresponsables laboureurs que le maître entend faire porter sa crise énergétique. Mais nous appartient-il d’honorer les engagements des grands Européistes pris au nom des intéressés ? L’écoterrorisme, c’est aussi ça !

Le temps donne raison aux Amishs et à leurs lampes à huile, il n’y avait pas de quoi en rire. Ultimes survivants d’un monde qui en a tant besoin, ils seront les derniers à avoir de la lumière.

Gageons que cette nouvelle politique du logement et de la ville conviendra aux exigences de Bruxelles.                                                                   Enfumage et calfeutrage sont aujourd’hui les deux mamelles de la France…mais pour les vaches à lait ?                                                                  Quand même, il ne faudrait pas trop se moquer de la planète ! D’ailleurs, où donc est passée cette poule ?    Ne la cherchez plus au pot, elle est aux œufs d’or.

Pierre Watrin

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