La remontée des larmes.
Ils disaient qu’un mois de précipitations étaient tombé dans une même nuit, un déluge d’une rare violence emportant les routes et l’électricité ne laissant que champs de ruines, les riverains montaient des sacs de sable, la remontée des larmes n’avait jamais atteint ce niveau-là.
C’est de la Palestine dont ils parlaient. Une bonne nouvelle cependant : la route avait fait moins de morts ces dernières années année que ce conflit en deux mois.
Juifs, israélites, sémites, Israéliens, Hébreux, il y a tant de noms pour appeler les fils de David ; tout dépend de ce que l’on veut en dire. La terre, elle leur avait été promise à eux, et rien qu’à eux, le peuple des « élus »; c’était sans compter les « non-inscrits ». Il n’y avait pas de codicille à ce très ancien testament.
Comme il avait été promis à tout le monde, il était normal que les ayant-droits de ce legs, se disputent l’héritage et que nul ne soit tenu de rester dans l’indivision... Il faudrait bien que les nations s’expliquent et partagent une solution finale. Ils ne l’ont pas fait !
Avec ses cliques et ses claquettes, la tribu de Canaan n’a plus qu’à rejoindre son lieu de déportation. C’est la traversée du désert.
Aux confins de l’Egypte, concentrés dans des camps d’infortune, les Cananéens, attendent la manne venue du ciel, l’eau et la farine qui ne viendront pas. La famine est programmée, la maladie viendra. Dos au mur, ils essuieront les prochains tirs, il n'y a pas de retraite possible.
Est-ce le devoir de mémoire ou la légitime vengeance qui guide aujourd’hui les pas des Hébreux ? Aux Institutions de la Paix, tout cela ne rappelle rien, rien de rien ! C’est quand on n’en a pas besoin qu’il faut les solliciter.
Depuis qu’elle est garante du droit de se défendre, la légitime violence devient tout à fait acceptable. Tout comme en Europe « l’occupant » cherche à s’étendre. Qui oserait faire appel de l’héritage originel où Moïse a posé son bâton ? Terre promise, Terre due.
« Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » disait-il », il avait raison.
166 jours de déluge et les nations « unies » s’alarment, se disent préoccupées, désapprouvent, s’inquiètent, vont jusqu’à pleurer dans le micro leur impuissance.
La Société des nations n’a pas pris une ride, fondée par les vainqueurs de la guerre, il y a toujours les membres permanents au siège d’orchestre, les vacataires aux strapontins, et les autres au parterre. 22 leaders mondiaux s’étaient engagés à lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes. Pour l’Assistance il faudra demander, il faudra voter, d’ailleurs personne ne semble en danger, c’est la guerre. Il y a peu de chances que les nations condamnent un de leur membre pour coups et blessures volontaires même s’ils ont entrainé la mort avec préméditation.
En « Général », il faut n’avoir pas besoin du « Machin » comme il l’appelait pour le solliciter, il ne gère plus les problèmes de voisinage, ni ceux de copropriété.
Pourvu qu’elles aient la paix, les institutions ad hoc valideront ce qui sera, auquel elles ne peuvent rien, elles siègent pour exister. On finirait par trouver ça normal.. Après elles, le déluge ; elles s’en lavent les mains, d’ailleurs c’est le moment de passer à table Qui sait si l’Arche de NOU, leur tiendra la tête hors de l’eau. .
C’est au peuple Hébreu qu’il appartiendra de trouver la finale solution , celle à un Etat.
Les pierres des tables sont si anciennes, que la loi y est devenue illisible. Et les grands haruspices de la paix de batailler, d’ausculter le Larousse cherchant à la page « génocide » de quoi requalifier les faits. Mais depuis la deuxième guerre, l’appellation est déjà déposée. Il n’y a qu’une Shoha, il n’est pas question de désanctuariser un patrimoine déjà très hypothéqué, à moins de vouloir le réactiver…
Aujourd’hui qu’il est admis qu’antisionisme et antisémitisme sont les deux faces du même shekel, le discernement parait plus compliqué. Comment échapper à la présomption d’antisémitisme quand tout un état est sémite, que c’est le prérequis de sa construction ?
Gageons que la mer, rouge du sang de la mésalliance éternelle, veuille bien s’ouvrir encore, laisser passer les riverains harcelés par de nouveaux chars, ou bien qu’elle les engloutisse à jamais.
Pierre Watrin.