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Billet de blog 25 décembre 2021

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Cerfs et chasse à courre.

Pauvres cerfs que nous sommes, qui glanons seulement nos vies au quotidien, sur les chasses des Seigneurs.

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                                 Cerfs et chasse à courre.

A ce qu’en disent les grands alchimistes de la communication, le royaume de France serait le troisième plus puissant et riche du globe ; Si cela était vrai, comment s’expliquer que beaucoup d’entre nous y vivent comme des misérables avec les tourments du moyen âge ?

Se nourrir, se loger, se chauffer, acquitter la taxe d’habiter quelque part, et celle d’y avoir un lopin pour y mettre les pieds. Le monde n’aurait pas changé et la terre y serait toujours aussi plate.

Pauvres cerfs que nous sommes, qui glanons seulement nos vies au quotidien, sur les chasses des Seigneurs.

Chèque énergie, chèque inflation, chèque restaurant, chèque vacances, chèque Noël, chèque emploi-service. Oui nous sommes bien les assistés qu’on a fait de nous, et qu’on montre du doigt.   Nous vivotons de cueillette et de chasse, d’expédients, dans la précarité qu’organise pour nous la régalienne charité.

Notre travail ne nous fait plus vivre. Pour prévenir les récurrentes jacqueries, ! il faut y ajouter les aides, c’est l’inflation.

Vilains que nous sommes, qui, pour quelques mailles à partir sommes prêts à adouber le bon maître. Nous troquons notre futur contre notre présent.

 Nous sommes les cerfs de sa chasse. Apeurés, par l’hallali notre vie dépend de son maintien au royaume, on sonne. Devenus dépendants, des quelques soles dont il nous éclabousse à son passage, il en est encore quelques-uns pour l’applaudir.

Pour vivre les bons maîtres n’ont pas besoin d’argent, ils n’en ont pas sur eux. À leur gré, ils se répartissent un Trésor Public dont ils ont seuls la clé, pour leur armée, pour leur police, le maintien de leur ordre, pour des intérêts qui ne sont pas que publics.

Au titre de la représentation, tout leur est offert. Palais de fonction, château d’été, frais de bouche et beaux atours ; cuisinier, coiffeur royal, carrosse de service et dîner de courre. Ils ne connaissent pas la valeur de l’argent. Les comtes sont rendus à la cour ; aucune audience n’est plus possible, le souverain ne reçoit plus ; mais par ses courtisans nous pouvons toujours lui faire passer un message. Alors nous attendons dans les oubliettes ou derrière les douves du château, où il vit reclus. Il ne sort que très protégé, pour affaires et trafics d’armes. 

De celui des lumières, nous sommes devenus le peuple des ombres ; le droit des hommes appartient aux hommes de droit.                                        

 Nous de la Révolution française, comment avons-nous pu laisser continuer tout ça ? sommes-nous devenus de si piètres manants ? à moins que la Révolution ne nous ait échappée...

 Battons-nous la coulpe. Faisons amende honorable pour n’avoir plus aussi mauvaises pensées. « Messieurs, le Roi » ! Baissons la tête, prosternons-nous. Baisons la main que nous ne pouvons couper.

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