A celles et ceux qui doutaient de l’événement tout à fait nouveau que constitue la formation de ce mouvement comme une force politique majeure dans le pays, la meilleure réponse a été cette magnifique marche pour la 6e République samedi 18 mars, de Bastille à République.

Tant de monde réuni, de visages souriants et de cœurs rassemblés autour de l’idée, des plus raisonnables, que nous devons ensemble construire un avenir vivable pour nous et les générations futures, une vie où l’on ne soit pas constamment menacé par le chômage, la précarité, l’arbitraire des puissants, ni toujours dégoûté par leur mépris. En réalité, au rythme de la marche, de nos chants et nos cris joyeux, nous avions la certitude que ce mépris avait manqué sa cible. Nous étions debout, fiers de faire peuple pour demander ce qui, en démocratie, est notre dû, le pouvoir sur nos existences. Et affirmer que nous allions le retirer à ceux qui pensent le tenir naturellement et pour toujours. 130 000 personnes ont crié l’impératif de notre temps : « dégagez ».
Un insoumis, sur une chaîne d’information en continu, est interrogé sur ce souhait qui avait manifestement choqué le journaliste : « ne flattez-vous pas les bas instincts du peuple » ? Ce genre de questions est précisément pourquoi, pour ma part, je le criais avec tant d’énergie. A ce moment, cet homme rejoignait symboliquement ceux qui veulent que le peuple se tienne à l’écart de la vie publique, que jamais il ne trouble leur sommeil et leurs raisonnements léthargiques. Cette rhétorique des bas instincts ou des passions soi-disant incontrôlables du peuple m’a toujours dégoûté. C’est le mépris de classes dans toute son assurance qui s’y manifeste.
Jean-Luc Mélenchon a ensuite livré un discours puissant aux insoumis.e.s rassemblé.e.s. Il a mis les mots sur la dignité du peuple et de notre action politique : nous sommes la revanche des morts dans la rue, des disparus de la Méditerranée, nous battrons toujours pour vivre et non survivre. Au souffle des mots répondait le vent qui donnait au moment comme un caractère plus solennel encore. Nous ne céderons jamais, ne reculerons pas et jamais ne nous embarquerons dans aucune manœuvre politicienne de bas étage. La 6e République, notre horizon, est de nature à profondément rénover la vie politique et le rapport que nous entretenons avec elle.
La cohérence de notre programme a marqué la prestation de Jean-Luc Mélenchon durant le débat télévisé du 20 mars. Deux jours après son discours, il articulait les différents moments de notre programme dans un format bien différent. Je crois que le sentiment général, tel que j’ai pu l’entendre chez des amis, hors des cercles insoumis, s’appuie sur la clarté des arguments et des positions qu’il a tenus ce soir-là, quand d’autres se perdaient dans des polémiques de moindre enjeu pour l’avenir du pays. Sécurité sociale intégrale, retraite à 60 ans, droit opposable à l’emploi, sortie du nucléaire, impôt juste, 6e République, révocation des élus, Constituante, 100 % renouvelables, position internationale de paix : Jean-Luc Mélenchon a montré qu’avec la France insoumise il était capable de gouverner le pays dans un sens qui corresponde à notre temps.

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L’engagement a, parfois, tendance à biaiser le jugement. Je me méfiais donc du mien hier, et ne pouvais cependant m’empêcher de penser qu’il avait été un cran au-dessus des autres candidats, et démontré que son programme était le plus apte à rendre meilleure la vie dans ce pays. Les réactions glanées ici ou là depuis confirment mon intuition du moment et me font dire que, de ce samedi à ce lundi, il s’est produit quelque chose. Et que l’insoumission n’est pas près de retomber dans notre belle France qui la chérit tant.