La propagande anti-OGM nous livre aux mains de Monsanto.
Les OGM tuent. Propagande et désinformation.
Les OGM tuent ! Des milliers de sites Internet militants se recopient les uns les autres pour décrire la descente aux enfers des paysans qui auraient péché en cultivant des OGM ; l’expiation, c'est le suicide :
« Inde : Des milliers de cultivateurs se suicident, ruinés par les OGM. »
« Inde : Suicides massifs de milliers de paysans - Les OGM en question... »
etc.
Mais alors, comment se fait-il que les cultivateurs plébiscitent les OGM, et en cultivent de plus en plus ?

Source : gouvernement du Québec - OGM › Les OGM en chiffres › Importance des cultures OGM
(Pour comparaison : 160 millions d’hectares correspondent à environ cinq fois la superficie totale cultivée en France)
Deux hypothèses peuvent résoudre cette contradiction :
Première hypothèse : les militants disent vrai et les agriculteurs sont stupides. Les agriculteurs ont vu que leurs voisins qui avaient choisi de cultiver des OGM ont été ruinés et se sont suicidés en masse ; mais comme ils sont stupides, ils décident quand même de cultiver eux aussi des OGM à la prochaine saison…
Seconde hypothèse : les militants font une désinformation éhontée, et les agriculteurs ont autant de bon sens que vous et moi. Les agriculteurs ont vu que leurs voisins qui avaient choisi de cultiver des OGM ont eu une excellente récolte et ont pu acheter un nouveau tracteur. Comme ils ont du bon sens, ils ont décidé eux aussi de semer des OGM à la prochaine saison [1].
La propagande fonctionne, elle conduit à arracher les OGM, comme à d’autres époques on a brûlé des livres. On craint la dissémination des gènes OGM comme on a craint la dissémination des idées. Cette dissémination est sans doute possible en effet, comme pour n’importe quel gène. Dans le cas des OGM, les conséquences d’une éventuelle dissémination sont évaluées au cas par cas, avant toute autorisation d'utilisation. Ces études se font progressivement, en milieu confiné d'abord, puis à petite échelle en milieu semi-ouvert en conditions très protégées, etc. Aucune de ces précautions n’est prise dans le cas de nouvelles variétés obtenues par sélection classique… et qui comportent pourtant des milliers de gènes inconnus aux propriétés inconnues !
Les opposants aux OGM craignent également que des insectes résistants apparaissent, qu’ils soient peut-être déjà apparus.
Il est vrai que la nature sans doute tentera de s’adapter, comme elle l’a toujours fait, et probablement des résistances apparaîtront ; exactement comme sont déjà apparues des résistances aux pesticides classiques ou aux antibiotiques. Pour autant, a-t-on interdit les pesticides classiques et les antibiotiques ? Les chercheurs et les médecins ont su s’adapter, en créant de nouveaux antibiotiques et en les utilisant plus judicieusement. C’est la compétition classique de l’épée et de la cuirasse, toujours recommencée.
Mais que fait le gouvernement ?
Les anti-OGM craignent également que nous devenions prisonniers des industriels qui développent ces semences. Dans un article du journal Le Monde du 08.09.09, Chantal Jouanno, Secrétaire d'État chargée de l'Écologie, écrivait : « Quant aux OGM, ils seront peut-être une réponse à venir si les industriels se préoccupent moins de bénéfices commerciaux et plus de l'avenir de notre planète. » (Ne laissons pas les idéologues de tout poil monopoliser l'écologie)
Mais que fait le gouvernement ! ? Il attend gentiment (ce n'est pas son rôle) que les industriels se préoccupent de l’avenir de la planète (ce n'est pas leur rôle)… Le rôle des sociétés est de faire des bénéfices, le rôle des états est d’encadrer leurs activités afin qu’elles ne nuisent ni aux hommes ni à l’environnement, et éventuellement de créer une compétence publique forte, permettant un contrôle public. Au lieu de quoi, les biotechnologies ont été quasi entièrement abandonnées entre les mains des sociétés privées. « Chaque jour, le groupe Monsanto investit 2 millions de dollars dans la recherche […]. En janvier 2008, la ministre de la Recherche française, Valérie Pécresse, annonçait fièrement un plan de recherche sur les biotechnologies végétales de 45 millions d’euros débloqués sur trois ans. Cherchez l’erreur. » (Sauvez les OGM, Jean-Claude Jaillette, Hachette Littératures, 2009).
La révolution verte au contraire avait été menée essentiellement par le secteur public ; les nouvelles variétés étaient créées sans considérations de bénéfices commerciaux, elles étaient des biens collectifs et distribuées gratuitement aux pays en développement. (Voir le document de la FAO : La Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2003-04 - De la Révolution verte à la Révolution génétique) À l’époque, grâce à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), la recherche publique française était en pointe dans ces domaines. Cette belle époque est révolue, parce que les gouvernements de la France, tétanisés devant le lobbying anti-OGM, n’ont pas le courage de soutenir la recherche publique dans ce domaine, magnifique cadeau fait à Monsanto et autres, enchantés d’être débarrassés gracieusement de la concurrence française par les Français eux-mêmes.
La France importe aujourd’hui 4 à 5 millions de tonnes de tourteaux de soja, dont deux tiers sont des OGM Monsanto.
Merci qui ? Qui sont les meilleurs représentants de commerce de Monsanto ?
La Chine a compris le problème et a su réagir sans attendre le bon plaisir des industriels : elle consacre d’important crédits publics au développement des OGM.
Pierre Yves
D'autres infos sur
Écologie et environnement, mythe et réalité - ecologie-illusion.fr/
et
http://ecologieillusion.blog.lemonde.fr/
[1] Il y a un vrai problème, douloureux, de pauvreté et de suicides en Inde, qui existait déjà bien avant l’introduction des cultures OGM. Associer ce problème aux OGM, c’est mettre la souffrance des pauvres gens au service d’une désinformation sans scrupule. Cette désinformation a été démontée, entre autres par une étude de l’IFPRI, Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires, qui conclut : « Le total des suicides d’agriculteurs n’a pas connu de changement majeur ces dernières années, alors que l’adoption du coton Bt a explosé. De plus, le phénomène des suicides est loin d’être nouveau, et certains des États indiens (comme le Gujarat) qui ont le plus adopté le coton Bt ont le moins de suicides répertoriés. Il n’y a donc pas de preuve valide d’un supposé lien de causalité entre suicides d’agriculteurs et coton Bt en Inde. »