Avant de rejoindre la Roumanie afin d'apporter son soutient aux militaires français déployés sur place, Emmanuel Macron s'est exprimé en qualité de président sur la nécessité, pour le peuple français, d'élire une "majorité solide". Ce discours, présentant l'homme politique en pleine maîtrise de sa fonction devant l'avion présidentiel, n'est cependant point dénué d'offenses à la démocratie.
Si les atteintes portées à la démocratie ne sont pas nouvelles pour le 8ème président de la Vème République, on pense par exemple au scandale du stade de France ou plus récemment à la question de Laura et bien sûr à ce cher Alexandre Benalla, les dires de M.Macron cette après-midi présentent un caractère plus direct encore.
En effet, l'homme en fonction de président, entamant son discours avec les détails de sa visite en Roumanie, en guise d'accroche semble-t-il, se confond ici avec l'homme politique soucieux de conserver sa majorité parlementaire. Mêlant étroitement la protection des frontière de l'OTAN et "l'ordre intérieur" du pays, dans un soucis de crédibilité présidentielle, Emmanuel Macron se place comme le seul garant de la stabilité et de "l'intérêt supérieur de la Nation". En arguant de la nécessaire indépendance du pays, il fait alors preuve d'une habile confusion entre les opposants du monde occidental et ses opposants politiques.
Outre la forme rondement travaillée du discours et les ponts non si adroits au sein de celui-ci, on peine à trouver dans le fond des paroles à fort caractère démocratique, bien au contraire. Si l'appel à aller voter semble effectivement vertueux en ces temps abstentionnistes, alléguer de l'importance de porter son vote vers l'entité partisane majoritaire contrindique par essence la notion même de pouvoir au peuple. L'absence de majorité et ainsi de consensus entre les blocs représentatifs, mêlée à la limitation du recours à l'article 49-3 de la Constitution, favoriserait le débat et la démocratie, portant alors un coup fort au présidentialisme à la française.
Enfin, l'immobilisme tant redouté par notre président ne serait peut-être pas une si mauvaise chose. Ne pourrait-on pas voir en lui le manifeste symptôme de la maladie qui touche la démocratie en France depuis de nombreuses années maintenant ?