Qui aurait pu imaginer que François Hollande, élu Président de la République par le peuple de gauche, proposerait de consacrer dans le marbre constitutionnel, une insupportable atteinte à un principe sacré, inaliénable, un droit universel qui est l'ADN du MRAP: le droit à l’égalité ?
En proposant de faire entrer dans notre Constitution, l'extension de la déchéance de la nationalité à des binationaux nés en France, François Hollande marque du sceau de l'infamie sa présidence, trahit toutes celles et tous ceux qui ont cru à ses engagements de promouvoir une société plus juste, garantir une égalité entre les citoyens sans distinction d'origine, lutter contre le racisme, lutter contre les discriminations...
Ainsi, l'article 2 du projet de loi constitutionnelle prétend insérer dans notre Constitution un article permettant de déchoir de la nationalité française une personne ayant également une autre nationalité qui aura été condamnée pour un crime ou un délit constituant une atteinte aux intérêts de la Nation ou un acte de terrorisme.
Si cette loi constitutionnelle devait être votée, elle établirait, dans le premier cercle sacré de nos droits universels et indivisibles, dans les textes fondateurs de notre identité, une distinction entre les citoyens français de naissance selon qu'ils sont binationaux ou non, une inégalité de traitement devant la justice contre ceux qui, le plus souvent par héritage familial, posséderaient une double nationalité.
Tous, y compris le gouvernement Valls, s'accordent à considérer que cette mesure serait totalement inefficace pour lutter contre les actes de terrorisme. Néanmoins, ils persistent au nom de la force symbolique, selon eux, que la déchéance de nationalité représenterait.
Mais de la force symbolique, c’est bien de cela dont il est question !
Comment vont réagir nos jeunes compatriotes binationaux, nés en France, et pour la plupart, issus d’un pays du Maghreb ou d’un pays d’Afrique subsaharien car ce sont eux, n’en doutons pas, les cibles de ce projet ignominieux ? Nos jeunes recevront en plein coeur, cette flèche remplie du venin de la suspicion, de la discrimination à raison de leurs origines, cette flèche d’une République démembrée en citoyens de deux catégories : ceux qui sont français à part entière et les autres, les binationaux ?
Ne subissent-ils pas suffisamment leurs lots quotidiens de discriminations économiques, sociales, culturelles pour qu’il faille y ajouter cette mesure, réclamée par l’extrême droite, porteuse de discrimination, d’exclusion qui enverra à nos compatriotes les plus défavorisés, une fois encore, le message terrible d’une République qui ne les aime pas, qui les trie qui les exclue ?
Quelle victoire pour l’extrême droite et tous ceux qui partagent leur idéologie racialistes ! Quelle victoire pour tous ceux qui considèrent que les étrangers sont les responsables de tous nos maux !
Il nous est vanté, ici et là, les qualités de stratège de François Hollande qui espère par « cette manoeuvre, cannibaliser la droite face au Front national ».
Ces abjects calculs dignes d’un exécuteur de basses oeuvres me donnent la nausée.