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Cette lecture est un gros, gros, gros coup de cœur…
J'ai donc envie de vous en parler ici...
J’ai eu cette impression formidable que cet ouvrage était celui que j’attendais depuis longtemps « Écrire avant l’aube » était pile à l’heure au rendez-vous… et quel rendez-vous !
Ce fut un parcours empli d’émotions, de révolte, comme dans la vraie vie, mais aussi d’admiration et d’amour (comme dans la vraie vie également). Ce fut un moment de vie intense d’émotions esthétiques, de sentiments humains, de questionnements, de remise en cause, d’écoute, de bouleversements et d’heureux. Ce furent des instants formidablement riches de réflexions sur l’activité d’écriture, sur ses enjeux humains, psychologiques, sociologiques, littéraires et poétiques.
Cette lecture a été un de ces périples dont on ressort souriant, ému par le visage d’autrui, pétillant d’idées de lecture, heureux de découvrir qu’il y a encore tant de livres fabuleux à explorer et à réexplorer. Je n’ai à présent qu’une envie : c’est de courir à la bibliothèque et de me plonger dans la lecture de « L’œil le plus bleu », de « Beloved », de « Sula », de « Jazz » ou de « Récitatif » (pour ne citer que quelques-uns des titres de Toni Morrison).
« Écrire avant l’aube » est édité dans la collection litt' d’Albin Michel, il a donc vocation à s’adresser à toutes les lectrices et tous les lecteurs à partir de 14 ans. Il invite à lire les livres de Toni Morrison, à réécouter quelques classiques du jazz, à plonger dans l’histoire de la littérature américaine. Il invite à devenir ami avec Toni Morrison pour suivre à la hauteur de son regard la lutte pour les droits civiques des noirs américains durant le XXe siècle. Son format est parfait pour qu’il devienne ouvrage à étudier au collège, au lycée (et évidemment dans bien d’autres lieux de partages et de générosité).
Le style de Laura Nsafou est rapide, élégant, clair, facile à lire. L’ouvrage alterne des passages d’introspection et de réflexion (instants de vie, interrogations) et des dialogues vivants rapides. L’écriture avance par scènes et coups de projecteur. Elle capte le regard et l’attention, intensifie la capacité d’admiration. La rencontre entre Toni Morrison et Robert Bernstein de la maison d’édition Random house m’a frappé par son côté romanesque et énigmatique (qui fut déterminant dans la carrière de Toni Morrison).
On y croise toutes les personnalités importantes de la lutte pour les droits civiques de Martin Luther King à Malcom X en passant par Angela Davis et Mohamed Ali et sans oublier celles que Toni Morrison a contribué à faire connaître : Toni Cade, Chinua Achebe… Chaque évocation de personnages est une ouverture vers une étude à approfondir, une fenêtre ouverte vers d’autres horizons (parfois au détour d’une phrase : ce moment où il est rappelé que Carmichaël s’était installé en Guinée avec Myriam Makeba, la chanteuse, entre autres, du succès mondial de « Pata pata »).
De « Tai'nt what you do » enregistré par Jimmy Lunceford en 1939 au prix Nobel de Toni Morrison en 1993 un fabuleux voyage nous est offert. Et bon sang ! ça fait du bien de rencontrer de cette manière cette extraordinaire personne qu’était Chloé Wofford (alias Toni Morrison).
L’autrice Laura Nsafou était sans doute la personne idéale pour écrire ce livre. Elle a eu l’occasion à plusieurs reprises d’exprimer sa relation intellectuelle avec Toni Morrison, par exemple dans cette émission du 5 décembre 2021 sur France-Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/une-journee-particuliere/une-journee-particuliere-du-dimanche-05-decembre-2021-6190113.
Bref, vous l’aurez compris, je vous invite vivement à lire « Écrire avant l’aube », à le partager, à l’offrir et à en parler, à beaucoup en parler, car plus on parle d’un livre comme celui-là, plus le monde s’améliore.
La fiche du livre sur la plateforme leslibraires.fr est ici