L'intelligence artificielle repose sur le stockage de données infinies puisées nécessairement dans le passé.
Ce stockage se fait dans des "data center", monstrueuses concentrations informatiques d'une consommation énergétique absolument inouïe qui fait que l'on nous promet la puissance de cinq ou six centrales nucléaires en France rien que pour les alimenter.
À quoi sert un data center ? Il s'agit de conserver et mettre à disposition les données de toutes les connaissances existantes pour en faire la matière première qui passe pour de la créativité. Un data center c'est une poubelle géante où l'on puisera des matières souvent obsolètes afin de les recycler en de nouveaux produits aux profits juteux.
Combien de milliards pour le fameux plan de développement Européen porté par Macron ? Argent public et argent privé affluent. Pur élan désintéressé au service de l'humanité ?
Quand on fait un investissement on en attend un retour, c'est-à-dire qu'on est convaincu que l'intelligence artificielle donnera un formidable élan à la capacité et au coût de production. D'ores et déjà nous consommons près 40 % de plus que la planète ne peut offrir.
Les timides règlements "imposés" par les différentes COP ne sont pas appliquées, quand ils ne sont pas carrément répudiés. Trump et sa bande de pillards ont bien compris que des lois réduisant la liberté de l'intelligence artificielle, comme celles de l'ONU, celles de l'OMC, celles de la Cour Internationale, réduiraient la rentabilité de son exploitation.
Dans une logique mondiale de compétition, il est évident que ceux qui s'affranchissent de toute législation, de toute régulation, soit en passant par-dessus, soit en les supprimant carrément, ont l'avantage de hors-la-loi armés jusqu'aux dents contre les citoyens honnêtes et impuissants dans un Far West libéral.
"Liberté que de crimes on commet en ton nom" aurait dit Madame Roland en montant sur l'échafaud. La liberté absolue invoqué par les Libertariens, c'est-à-dire l'abolition des impôts, l'abolition des lois, la soumission du judiciaire à l'exécutif au nom d'une "démocratie" qui porte des tyrans ploutocrates au pouvoir à coups de fake news et autres manipulations d'une majorité des citoyens, c'est la pire des dictatures, la dictature de la liberté.
Vox populi vox dei, mais quand la voix du peuple dont on cultive l'inculture est inféodée à ce que l'intelligence artificielle lui imprime comme parole d'évangile, peut-on parler de démocratie ?
L'intelligence artificielle impose sa vérité en fonction de ce que la personne qui la sollicite lui demande, elle permet de créer des soldats robots sans états d'âme, des conducteurs de bus qui ne feront jamais grève, des argumentaires pour la vente de produits inutiles ou néfastes, des plaidoiries imparables pour crapules patentées, des comédiens virtuels, de la littérature recomposée comme le monstre de Frankenstein, à partir de morceaux de cadavres.
Bien sûr on va nous représenter qu'elle peut permettre des exosquelettes permettant à des paralytiques de faire quelques pas, des traitements prolongeant de quelques années ceux que la médecine avait condamnés. Ah quelle belle perspective que de finir en EHPAD où le personnel sera remplacé par des robots censés accomplir les mêmes tâches que les assistantes humaines mal payées mais encore trop chères pour les marchands de fin de vie.
À quoi bon prolonger la vie dans des pays, sur une planète, où c'est la loi du plus fort, la loi du plus malin, Malin avec 1M majuscule comme LE Malin, qui triomphe ? De toute façon ces médicaments, ces appareils pour ceux qui souffrent, ne seront jamais accessible à l'ensemble des humains. Même à l'intérieur de notre Europe, sans parler des États-Unis, il suffit de voir le prix de la journée d'hôpital, le prix des médicaments, les déremboursements des assurances sociales, les mutuelles de plus en plus chères, pour comprendre que le "progrès" ne peut profiter qu'à l'infime minorité qui pourra se l'offrir.
Les bénéfices à attendre de l'IA ne sont donc rien par rapport à l'asservissement de l'ensemble des populations, l'énorme impact écologique, la destruction de la démocratie, la folie consumériste.
Comme on distille cinq fois le produit d'une putréfaction pour obtenir l'alcool le plus pur, l'IA extrait du passé un futur d'ivresse destructrice.