Ceci est un parti pris. "Il est bon de rire, ça détend l'atmosphère, quand les temps sont de plus en plus durs". "Combien d'entre nous avons entendu cette phrase, bien souvent répétée en boucle, avec un léger sourire en "fond de commerce", et sur le coin des lèvres...? Seulement quand le rire, cet humour indispensable à certains-es comme dans certaines circonstances certes..., devient une arme pour désarçonner un puissant et potentiellement dangereux adversaire..., en lui infligeant les pires des blessures qu'il soit..., mérite-il encore ce rire ce qualificatif d'humour signifiant une bonne entente consensuelle...? A ce titre, il foisonne un bon nombre d'émissions et autres rubriques diverses surfant à leur tour sur l’ambiguïté de l'ironie "bon enfant". Allant de "Scènes de ménage" à "On ne demande qu'à en rire", d'autres rubriques casées par tranche dans des pseudos émissions d'informations plus "divertives" et encore..., aux "Guignols de l'info"..., aujourd'hui l'heure est à la dédramatisation absolutiste des conflits et tensions sociales. Quand elle est aussi, en même temps, à ne pas dépasser les limites de ces tensions en amenuisant leurs sources comme les ressources d'une partie de la population.
Ce temps..., ou plutôt le glissement de celui ci..., s'opère, s'écoule subrepticement..., alors que des "vis" sont serrées vers leurs limites de ruptures par ces politiques nous gouvernants, ces patrons nous licenciant, ces médias nous anesthésiant. Et conséquemment..., ces resserrements d'un voir plusieurs tour de vis..., infligent encore plus de sacrifices à un peuple que certains veulent voir nonobstant des décisions politiques et surtout économiques sur lesquelles ce serrage les "oblige". L'obligation est avant tout le privilège des bénéficiaires de ce que certains appellent un "redressement". Ces mêmes bénéficiaires sont avantagés en terme de communication par la possession de son moyen de confection et de diffusion. Ainsi donc..., il leur est tout aussi possible de leurrer leurs publics en trafiquant l'information que de les manipuler en jouant sur une forme de "divertissement" mélangeant l'information à l'humour. "Ironique bien sur"...! Et vous devinez alors facilement qui sont ces publics "divertis", "amusés"et plus maintenant..., de la sorte...? Ceux sont ces classes de la population..., qui pour les uns sont encore protégées par leur emploi... Mais ce sont aussi ces classes écrasées, qui se voient exclues d'un système, par ce pressurage économique et philosophique injuste. Toujours "ironique" n'est ce pas..., de voir qu'on essaie de faire rire de leur sort ceux la même le subissant et ceux en étant aux portes...?
Je viens de voir cette émission "emblématique" de Canal +, "Les Guignols de l'info". Je parle de celle rassemblant l'ensemble des diffusions de la semaine. Autant dire qu'il fut un temps.., j'appréciais le décalage humoristique que leurs créateurs proposaient. En surfant sur les thèmes d'actualités, à l’époque..., plus politiques que sociétales d'ailleurs, l'ironie du traitement des événements comme événementiels que nos politiques nous imposaient, avaient le mérite de se moquer, de dégommer, voir même de victimiser même ceux ci. Aujourd'hui en tant "qu'exclu"..., je me demande si ma perception de leur ironie est différente ou si celle ci s'est mutée en une sorte de mécanique perverse...?
Cette perception que je veux réaliste..., s'est retrouvée confrontée aux moqueries salaces, vulgaires et gratuites des ouvriers-ères de Renault sous la menace et le chantage de licenciement massif, qui a occupé les unes des journaux cette semaine Et cette actualité s'est faite le sujet d'une "ironie conceptualisée" dans cette émission de canal +. En en faisant l'abstraction de cette réalité douloureuse pour eux et elles comme pour de plus en plus d'ouvriers-ères d'autres usines et industries..., c'est la moquerie de cette souffrance qui fut, sur un ton "consensuel", uniquement du à la "notoriété" de cette émission, cela fut le dessus de la lame étayant une plaie déjà ouverte. Quant au second tranchant,celui du dessous de la lame..., la sournoiserie de celui ci n'est rien d'autre que la banalisation de ce genre de pratique humoristique se généralisant. Car, de la sorte..., c'est cette population hébétée et shootée au petit écran et à ces émission formatées dans le formol..., qui s'habitue à rire de sa propre détresse...! Ignoble comme vision..., n'est ce pas...? Mais cela ne s’arrête pas là malheureusement.
Je pensais, à tort donc..., qu'il pouvait exister des limites vers lesquelles l'ironie trouverai la transcendance de son existence dans le terme d'une certaine valeur éthique, morale à ne pas dépasser. Et comme celles qui furent très polémiques, en 1999 issue de l'imagination de Patrick Timsit au sujet son sketch sur le handicap d'une personne trisomique..., l'autre concernant Dieudonné dans lequel le mélange des genres ethniques, religieux et politique extrémiste déclencha aussi la polémique et lui valu une condamnation ..., je m'imaginais que la décence obligeait "certains-es" à ne pas profiter de leurs notoriétés..., pour stigmatiser, humilier, blesser, certaines dignités de personnes, à des seules fins commerciales. Et bien quelle erreur..., quelle illusion que de croire que l'éthique et la morale peuvent être un des fondamentaux d'un fond de commerce de la communication. ce fond fut à nouveau atteint lorsque l'autre thème d'actualité dramatique de la semaine fut traité "par dessus la jambe"..., si je peux me permettre. Et constater qu'un bon nombre de sketch de ces "ploucs du rire et de l'info" se sont allègrement vautrés dans le populisme en se moquant ignoblement de cette personne, souffrante, en fin de droit, s'étant immolée par désespoir devant un Pôle Emploi, provoque les même dégâts sur-multipliés, en terme d'un coup d’épée porté sur une personne gisant à terre...! D'ailleurs ce n'est pas qu'à cette personne que ce coup sans grâce fut donné. C'est encore une fois et comme mon explication développée plus haut au sujet des ouvriers-ères..., c'est le double tranchant visant à achever, annihiler toute velléité d'une classe modeste tant en banalisant leurs vécus tragiques qu'en les coupants d'un corps social solidaire, c'est aussi les diviser sur le ton de l'humour.
Lorsque l'ironie, vient au travers d'une certaine ambiguïté, tant des personnes les véhiculant que de leurs "rangs", leur "notoriété", lorsque cette ironie transgresse, banalise, stigmatise, se moque avec d'autres caricatures malsaines, les handicapés-es, les femmes blondes par exemple, les étrangers-ères, la misère et les pauvres, toute une partie de la population la plus fragilisée..., doit on encore la qualifier d'ironie, d'humour...? Qu'une société..., que ces modèles de communication, que sa gestion économique et politique en arrive à ce degré d'infamie, de mépris de ses semblables..., ne soit pas plus troublant que ça à la plus grande majorité des esprits..., cela n'est en rien un signe de "bonne santé", "d'atmosphère détendue", de "consensus bon enfant"...!