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Billet de blog 25 mars 2014

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Au lendemain d’une Bérézina électorale largement prévisible, des voix s’élèvent dans l’entourage du président qui le pressent de faire mouvement. Il faudrait accélérer les réformes puisque le mécontentement des électeurs serait en fait du à un déficit d’action.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au lendemain d’une Bérézina électorale largement prévisible, des voix s’élèvent dans l’entourage du président qui le pressent de faire mouvement. Il faudrait accélérer les réformes puisque le mécontentement des électeurs serait en fait du à un déficit d’action. Certains économistes, qui ont son oreille, le prient donc instamment d'accélérer tout en klaxonnant. Second étage de son "outing" social-libéral, le président devrait maintenant agir avec célérité et "réformer" impitoyablement un système Français, accusé de tous les maux.

Finalement, cette déconvenue électorale ne demanderait qu'à être interprétée et tomberait presque à point nommé pour dessiner un bon récit: les avanies présentes seraient les conséquences d’un déficit d’action, de réformes. Les Français voudraient donc que le président tranche et accélère...

Mais la réalité est ainsi faite qu’elle se moque comme d’une guigne des récits et autres affabulations de communicants. Concrètement, il va  falloir trouver, puisque le ministre Sapin l’a confirmé pas plus tard que ce matin, les quelques 50 milliards d'Euros de coupes dans les dépenses publiques promises lors de la conférence de presse présidentielle en tout début d'année. Mais le diable est dans les détails et au-delà des effets d'annonces, il va devoir passer aux actes, examiner où couper exactement. Tout ce que le président exècre. 

Il convient par ailleurs de noter que d’autres économistes, pas forcément farfelus, mais jamais invités au château et que Hollande n'écoute donc pas estiment au contraire que le train de réformes "austéritaires" est en partie responsable de la mauvaise santé économique de notre pays et qu'en passant à la vitesse supérieure, le président ne fera qu'aggraver la situation. Pire, la vitesse de déroulement de la crise, son aggravation en somme, serait plus rapide que les effets hésitants de réformes qui viennent trop tard, sans croissance exogène et au périmètre trop timide. 

Stratégiquement, le président est donc dos au mur.

Il va devoir agir. 

Mais cela ne suffira sans doute pas. Tout d’abord parce que ces dernières années nos gouvernants ont systématiquement confondu le « savoir faire » avec le « faire savoir ». En d’autres termes, ils ont trop souvent préféré la publicité de l'action à l'action elle-même, jugée trop couteuse en termes de conséquences politiques. la faute aux temps présents, aux communicants, aux instituts de sondages, au temps politique aussi, aux médias, aux réseaux sociaux sans aucun doute, qui pressurent comme jamais l’action politique et accélèrent le tempo. Et puis il y a l’Europe, la difficulté à juguler une crise dont les personnels politiques n’ont sans doute pas tous perçu la portée réelle.

La faute surtout à une catégorie d’hommes plus attirés par le pouvoir et ses feux, qu’à l’intérêt supérieur de la nation et de son peuple. 

Quoi qu’il en soit, nous voilà rendus à l’une de ces extrémités où généralement les décisions doivent être prises. Nous ne sommes certes pas encore au bout du bout de la passerelle, mais l’abîme est là, droit devant, bien en vue. 

Hollande doit donc trancher. Et il a dit-on horreur de ça.

Malheureusement pour lui, il paye aujourd’hui son inaction d’hier. En estimant, mal lui en a pris, que la croissance reviendrait en Europe et cueillerait la France au printemps, lui donnerait des couleurs, il a pêché par impéritie. Il risque maintenant d'en payer le prix fort. Précisément parce que le temps politique n’est pas le temps économique, et que les rouages de la grande machine sont lents et complexes. Les décisions, même courageuses, même téméraires ne peuvent entrer en application en un clin d’oeil. La croissance ne se décrète pas plus que le talent. Le président aurait du beaucoup plus tôt favoriser la confiance et proposer à nos concitoyens et chefs d’entreprises un vrai projet de civilisation en tous cas un horizon de progrès dans lequel tout un chacun aurait pu se projeter et où notre pays aurait pu puiser l’énergie nécessaire.

A-DHE-SION voilà la formule magique, voilà la condition siné qua non de l’amorce du succès. Une victoire électorale, même présidentielle ne suffit plus. La légitimité pour cinq ans est une relique de temps révolus. Aussitôt élu, il aurait du conforter sa victoire en agissant avec célérité. En donnant immédiatement des preuves de sa détermination. Le changement, ce fut donc pour plus tard et on a eu un bel été en pente douce…

Et pendant ce temps, la crise déferlait. 

En bientôt deux ans de pouvoir, les Français ont eu tout loisir de juger de quelle flanelle était fait Hollande, et je crains qu’à présent, quelles que soient ses idées, propositions ou réformes, elles ne soient plus acceptées par nos concitoyens, lassés d’être ainsi ballotés entre promesses et renoncements, voire capitulations en rase campagne.

Changer les hommes, procéder incontinent à un remaniement d'ampleur, nommer un premier ministre de combat et une équipe de choc, ne servira à rien si c’est pour mettre en musique la même partition. En 2012, Les français ont voulu le changement mais désormais ils ont compris qu’Hollande marchait dans les pas de son prédécesseur, et la droite, cruelle, ne s’est pas faite prier pour le rappeler, notamment après son « outing » social-libéral en tout début d’année et l’annonce du pacte de responsabilité.

Et puis il y a la vitesse nominale de la crise, qui continue, n’en déplaise aux conjoncturistes les plus optimistes, à sévir en Europe, notamment en raison des politiques d’austérité, véritables anti-réacteurs de croissance. Les derniers chiffres de l’emploi en Espagne, la situation au Portugal, celle en Irlande, ou encore en Italie, et je n’évoque même pas le cas de la Grèce, sortie des écrans radars, tout cela devrait nous alarmer.

Avis de grand(s) frais.

Pinelli 

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