pinelli

Abonné·e de Mediapart

20 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 juin 2014

pinelli

Abonné·e de Mediapart

Le temps des choix.

pinelli

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La politique est tout à la fois l'art de dire et de faire. Mettre en mouvement des idées, travailler à les appliquer tout en entraînant derrière la nation dans ses composantes les plus diverses. Ernest Renan écrivait " Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est d’avoir fait ensemble degrandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir". Et c'est profondément cela qui est en panne dans notre pays. Nul récit, nulle ambition autre que de contrer une crise dont les causes sont aujourd'hui parfaitement identifiées et documentées. Or, impossible dans ces conditions de mettre en mouvement les énergies et les forces vives de la nation sans lui désigner des objectifs clairs, au-delà des chiffres, certes essentiels mais pas suffisants pour casser l'insondable inertie* qui engourdit notre pays. Un horizon de progrès est plus que jamais nécessaire- ce fut l'Europe- se pourrait être la transition énergétique, la croissance verte ou bien une réforme constitutionnelle majeure remédiant aux tares d'une cinquième République fragilisée en son coeur par un présidentialisme souvent inefficace, mais il faut innover. Un dirigeant Européen l'a compris, c'est Mattéo Renzi qui multiplie les initiatives, parfois hasardeuses mais dont l'objectif affiché est de remettre en mouvement son pays. Il est encore bien trop tôt pour tenter quelque évaluation d'autant que toutes les mesures ne sont pas proprement de gauche, mais au moins tente-il quelque chose...

La lourde tâche qui incombe donc aujourd'hui à nos dirigeants politiques est de faire entrer la France dans la modernité tout en restant fidèles à ses valeurs intangibles. Cela signifie en clair de ne pas céder à une mondialisation sauvage qui fait les choux gras d'entreprises transnationales et financières sans sombrer dans le repli identitaire ou le conservatisme dogmatique. Mais à supposer que nos personnels politiques qui sont madrés et souvent blanchis sous le harnais réalisent soudain l'ampleur du décalage entre eux-même et le peuple, il faudrait incontinent qu'ils s'emploient à recoudre la déchirure abyssale qui les sépare de leurs concitoyens. Qu'ils descendent dans la cité et tendent l'oreille. Le monde qui vient, qui couve sous la peau de cette nation en proie au doute est par maints égards hésitant. Antonio Gramsci écrivait à ce propos: "l'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour, dans ce clair-obscur surgissent les monstres" il savait de quoi il parlait. Certes les années 30 sont loin, et l'histoire ne bégaye pas toujours, mais lorsqu'on considère la montée des extrêmes-droites en Europe, cette pensée prend alors tout son sens. C'est donc en soutenant les forces de progrès, en leur donnant la parole et en éduquant nos concitoyens (puisqu'on cite Gramsci ;-) sans les conditionner bien entendu (la publicité s'en charge) que l'on parviendra (peut-être) à éviter le pire.

Pinelli

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.