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Billet de blog 16 décembre 2012

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Pendant la crise les affaires continuent

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La Fed nous surprend en faisant ce qui était prévu

Quelle semaine ! La Fed a fait mercredi ce que tout le monde pensait qu'elle ferait. Nous avons néanmoins été surpris. Nous avons du mal à le croire. C'est comme si les banquiers centraux américains avaient annoncé qu'ils allaient boire jusqu'à plus soif dévaliser une banque... et se rendre à un club de strip-tease tout ça en une soirée. C'est possible, naturellement ; mais normalement, on ne convoquerait pas une conférence de presse pour l'annoncer au monde entier. La contrefaçon est un crime. Un texte du Congrès US permet à la Fed de s'en tirer. Tout de même, un banquier d'une époque plus reculée ne l'aurait fait qu'au beau milieu de la nuit. A l'époque d'Edward II, un banquier rognant ses pièces aurait été émasculé. Au XIXe siècle, s'il imprimait trop de billets, il ne tardait pas à tomber en disgrâce et faire faillite. Les meilleurs d'entre eux se faisaient sauter la cervelle. Mais aujourd'hui, Ben Bernanke est traité comme un homme honnête. Allez comprendre.
L'essentiel du nouveau plan de la Fed consiste à imprimer 85 milliards de dollars par mois et à les utiliser pour acheter des titres adossés aux créances hypothécaires et de la dette gouvernementale américaine. C'est censé augmenter la "demande" et accélérer ainsi la marche de l'économie. La chose importante, c'est que la Fed n'a pas d'argent pour acheter toutes ces choses. Elle doit le créer, à partir de rien. Et en grande quantité. A ce rythme, la Réserve fédérale augmentera la base monétaire du pays les actifs de la Fed trois fois plus rapidement que l’économie américaine crée de nouveaux biens et services. En d’autres termes, pour chaque nouveau dollar de production, la Fed en ajoutera trois à son bilan. Dans un système de réserve fractionnel idéalisé de 10 pour 1, cela représenterait jusqu’à 30 $ de crédit additionnel pour chaque dollar de PIB supplémentaire. D’ici au début de l’année prochaine, le bilan de la Fed devrait atteindre les quatre milliards de dollars une grosse augmentation par rapport aux 800 milliards qu’il comptait avant le début de la crise. Tant que l’économie est dans un ralentissement majeur, cet argent supplémentaire est plus théorique que réel. Il fait grimper les prix des actions (probablement) et les bonus des banquiers (certainement), mais il pourrait ne pas avoir beaucoup d’effet sur les prix à la consommation ou sur l’économie réelle. L’inflation des prix à la consommation a en fait chuté, en dépit des efforts de la Fed. L’économie aussi a généralement échoué à réagir aux bidouillages de la Fed. Mais que fallait-il attendre d’autre ? Nous sommes dans une Grande Correction. Tant que nous restons dans une Grande Correction, les conséquences imprévues des actions de la Fed n’apparaîtront pas. L’argent viendra irriguer le système bancaire et y restera, en grande partie. L’impression monétaire de la Fed sera un four, mais pas encore un désastre. Combien de temps est-ce que ça durera ? C’est bien le diable si nous le savons. Que pouvez-vous y faire ? Rien.

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