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Billet de blog 22 décembre 2012

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Pendant la crise les affaires continuent

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Ouvrez les yeux. Ils sont en train de nous pousser au bord du précipice.

Le risque est mort, vive le risque ! Le risque d'implosion de l'euro n'est plus qu'un vieux souvenir. L'Europe va bientôt sortir de la récession. La BCE est en mode injection massive de cash au moindre problème. Les marchés européens flambent. Tout va bien dans le meilleur des mondes le risque est mort, vive le risque ! Mais cette embellie ne doit pas nous empêcher d'exercer notre bon vieux sens critique et visionnaire. Deux forces semblent oeuvrer contre l'euro. Deux forces qui pourraient aller jusqu'à faire déraper l'Europe : la politique monétaire de la Fed, et celle de la Banque du Japon. Nous allons probablement assister dans les prochains mois à un billard à trois bandes ravageur. Sans compter que d'autres pourraient bien venir se joindre à la partie.

60-90-60 ça, c'était le tour de taille de la Fed avant 2008. Depuis, l'embonpoint sévit. Le bilan de la Fed est passé de 900 milliards en 2008 à 2 880 milliards aujourd'hui. A quand l'arrêt cardiaque par indigestion de dette américaine ? En 2011 la Fed a acheté 77% de la dette US émise par le Trésor. Et aujourd'hui la Fed étend son Twist de 40 milliards de dollars à 85 milliards par mois. Ca nous fait tout de même du 1 000 milliards par an pour manipuler les taux à sa convenance. 1 000 000 000 000$, un simple transfert de fonds, vous explique-t-on. La Fed vend ses obligations d'Etat court terme pour acheter des obligations long terme. Objectif : écraser les taux long pour éviter que l'économie américaine n'étouffe sous le poids de sa dette. OpérationMammouth écrase les taux. Ce qu'on ne vous dit pas en revanche, c'est ce que va faire la Fed quand elle n'aura plus en portefeuille de Trésorerie court terme à vendre pour acheter des obligations long terme. Sans doute faudra-t-il alors imprimerà nouveau du papier pour renflouer le stock de Trésorerie de la Fed ; donc accroître la masse monétaire et déprécier le dollar un peu plus. Nous verrons cela plus tard. Autre chose que l'on ne vous dit pas : que se passera-t-il le jour où la Fed vendra ses milliers de milliards de titres long terme qu'elle aura acheté et accumulé dans son bilan pendant des mois et des mois ? Les taux long flamberont et la bulle obligataire pourrait bien faire de sérieux ravages, tant le marché sera alors déséquilibré. Là encore, nous verrons cela plus tard. D'ici là, retenez juste que la Fed est sur le coup. A 300% ; et aussi longtemps qu'il le faudra. Elle fera tout pour soutenir l'économie américaine et booster l'emploi. La Fed n'hésitera pas à enfoncer le dollar autant qu'il le faudra pour arriver à ses fins. Si elle y arrive. Or mécaniquement, la chute du dollar fait monter notre euro qui est déjà repassé de 1,21$ à 1,35$ en quelques mois. Nos exportations commencent à souffrir. En attendant, les marchés US sont au TOP. Les marchés US nagent dans le cash. Merci Ben. Le dollar dope la compétitivité US. Merci Ben. Les boîtes sont blindées aux AS coté cash. Trois soutiens majeurs aux marchés actions outre-Atlantique. Comme je vous l'ai déjà dit, je m'attends à des secousses fin décembre début janvier. Rien de très méchant pour l'instant : les plus actifs en profiteront pour saisir de belles occasions. Pour en savoir plus. Passons au Japon. Print , baby, print. telle semble être la devise de Shinzo Abe. Au menu du nouveau Premier ministre japonais : la dépréciation compétitive de son yen pour relancer les exportations de son pays exsangue. Nul doute qu'il va exercer une pression significative sur la Banque du Japon pour qu'elle adopte une politique monétaire ultra-accommodante. Les shorts sur le yen s'accumulent, la monnaie japonaise chute fortement contre l'euro qui grimpe, mécaniquement là encore. La Fed et la BoJ jouent la dépréciation monétaire. Le grand bénéficiaire : les marchés actions, et les actifs à risque au sens large qui s'envolent. La plus grande victime : l'euro qui s'apprécie méchamment contre yen et dollar. L'inévitable réaction collatérale : la Chine et la plupart des pays asiatiques. Ces pays exportateurs ne laisseront pas s'apprécier leur monnaie contre yen et dollar, préférant à leur tour entrer dans la danse du laxisme monétaire ; voilà qui matraquera un peu plus l'euro au passage. La Fed et la BoJ sont en train de nous pousser au bord du précipice. Le dindon de la farce : l'euro. La victime : l'Europe Il y a trois moteurs à la croissance : la consommation interne, les investissements et les exportations consommation externe. Sachant que la consommation européenne est et restera atone, et que les investissements sont insuffisants, la croissance ne peut venir que de nos exportations. Or que se passe-t-il quand l'euro s'apprécie de trop ? Nos exportations européennes ne sont plus compétitives et ralentissent. Nous perdons des parts de marché. Notre croissance est mise à mal. Tout le monde vous dit que l'Europe va sortir de la récession cette année, que tout ira mieux. Je vous conseille de surveiller l'euro. La guerre des monnaies pourrait en décider autrement. Sans croissance, pas d'argent. Sans argent, le renflouement des budgets restera un casse-tête socialement douloureux et l'apurement des dettes un vœu pieux. Et s'il faut aller chercher l'argent sur les marchés parce que nous sommes incapables de créer de la richesse par nous-mêmes, nous risquons de retomber sous le joug des spéculateurs et de leurs caprices.

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