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Billet de blog 28 décembre 2014

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Cela ne va pas du tout au chalet !

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ASSURANCE SANS RISQUE  La Nationale refuse de payer une habitation qu’un de ses clients a défoncée avec sa voiture. Le chalet peut s’écrouler sur ses habitantes ? Et alors?

Prenons un véhicule A qui effectue un vol plané sur le chalet B. Sachant que le choc correspond à 200 tonnes de poussée, le bâtiment – datant des années 20 – est-il encore habitable ? Deuxième question : combien de temps va mettre l’assurance du conducteur pour payer les dégâts ? Avant de vous ruer sur des réponses trop évidentes, reprenons quelques éléments de base.

Débris partout

Ce 10 novembre 2010, Muriel Perret retrouve une surprise devant son chalet. A l’endroit où, d’ordinaire se déroulent les apéros, elle découvre une voiture fracassée. «Elle avait semé des débris partout, il y avait un véritable cratère sur la terrasse», décrit-elle. Elle apprend qu’un conducteur, âgé de 68 ans, est sorti de la route, dix mètres au-dessus. L’engin a violemment heurté son habitation. Le monsieur, blessé, a été désincarcéré par les pompiers. Par malchance, il est assuré auprès de La Nationale, une société qui chipote à reconnaître ses torts et rembourser les parties lésées. (cf. Vigousse 137, 22 février 2013).

«Elle avait semé des débris partout, il y avait un véritable cratère sur la terrasse»

Muriel Perret en fait la très amère expérience depuis trois ans. Des signes évidents montrent que le chalet a été secoué dans sa structure. Des craquements inquiétants, une poutre porteuse qui s’écarte de plusieurs centimètres, mettent Muriel et son amie dans un état de peur constante. «J’ai perdu 15 kilos», avoue Muriel. Elles ont deux sacs à dos toujours prêts si elles doivent quitter les lieux en extrême urgence. Elles vont même parfois dormir dans leur voiture.

L’assurance conteste tout

Une expertise étayée décrète sans détours que la maison est devenue inhabitable en son triste état: il faut la démolir complètement. Les chiffres ne prêtent à aucune confusion : La Nationale doit payer 530 000 francs. On s’en doute, l’assurance conteste tout. Son représentant en Valais trouve l’addition bien trop élevée. Au gré des mois, La Nationale propose entre 12 000 et 50 000 francs.  Elle s’ingénie à réclamer d’autres rapports pour ne pas mettre la main au chéquier. A ce jour, on atteint quatre expertises. Lassée, Muriel alerte, en novembre 2012, le quotidien «20 minutes». La Nationale s’en contrefiche.

Une expertise étayée décrète sans détours que la maison est devenue inhabitable.

Depuis, la situation empire. L’hiver dernier, Muriel opte pour la sécurité et déménage dans une maison avoisinante. La Nationale prend en charge le loyer… avant de changer d’avis. «Nous sommes revenues précipitamment le 15 avril de cette année au chalet, La Nationale ayant décidé de ne plus payer la location car, selon elle, il était finalement habitable. Je dois dire aux personnes qui viennent chez nous de se plaquer contre le mur lorsqu’elles montent l’escalier…».

Expert en affaires complexes

Automne 2012, La Nationale rapatrie le dossier à sa maison-mère de Bâle. Le cas semble confié à un avocat «expert en affaires complexes». Parions que celui-ci aura plein d’excuses de dernière minute pour ne pas venir aux séances de tribunal fixée en Valais. «Il y a chez La Nationale aucun signe de moralité ou d’humanité. Cela peut prendre des années mais je ne lâcherai rien», s’indigne Muriel. Elle aussi rigole jaune quand elle remarque que La Nationale continue à soutenir Roger Federer car «il se distingue par ses performances, son fair-play et l’attention qu’il porte aux autres» (citation du site de La Nationale). L’antithèse totale de la société, en somme.

Joël Cerutti

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