TRES TRES PETITS PROFITS Nationale Suisse soutient Roger Federer. Nettement moins les personnes rendues handicapées par un de ses assurés. Là, les comptes ne sont jamais bons.
La Nationale Suisse ? C’est vrai bonheur philantropique qui passe par des soutiens à l’UNICEF, aux gosses obèses ou à la Fondation Roger Federer. L’assurance participe au service «Alarme météo» qui permet de «mettre sa voiture à l’abris» quand Dame Nature se déchaîne. Alors restons dans le domaine routier où un autre visage de NS se dessine.
Route coupée, vies brisées
Ce 4 août 2005, sur la route cantonale, proche de St-Maurice, la moto de Sandrine Curchod et sa passagère Isabelle Morabito heurte violemment l’arrière-droit d’une voiture qui leur a coupé la route. Verdict : fracture ouverte du fémur à la jambe droite et poignet cassé pour Sandrine, autre fracture du fémur chez Isabelle qui a été éjectée au-dessus du véhicule. Le conducteur, un ressortissant du Montenegro, se gare paisiblement. Il sort de la voiture, les mains dans les poches, sans trop se soucier de ce qui se passe. Nationale Suisse, auprès de laquelle le propriétaire de la voiture est assuré, se comporte à l’identique.
Le 7 mars 2006, une ordonnance pénale déclare VB, le pilote, à 100% fautif.
Le 7 mars 2006, une ordonnance pénale déclare VB, le pilote, à 100% fautif. Les deux femmes accidentées perdent leur emploi, doivent se reconstruire un nouvel avenir avec des séquelles physiques à vie. Elles en voient de toutes les couleurs dans leur parcour médical et leur reconversion professionnelle. Nationale Suisse mégotte sur tout. Elle juge Isabelle, Morabito « instable», paie des cacahuètes, renâcle à rembourser la SUVA. Avec Sandrine, l’assurance mégotte à payer l’AI ou la Generali qui règle des rentes à la motarde accidentée. Elle refuse surtout d’entrer en matière sur les pertes de gains calculées par deux avocats valaisans. Elle ne se déplace pas aux multiples séances de conciliation à St-Maurice où elle est pourtant convoquée par le juge de commune. Elle ne répond pratiquement à aucun courrier de Me Antoine Zen Ruffinen ou Me Yannis Sakkas. «J’ai rarement rencontré une telle intransigeance dans ce type d’affaire, remarque ce dernier. Nationale Suisse se comporte avec une rigidité choquante.»
Nationale Suisse joue avec le découragement. En 40 ans de métier, je n’ai jamais vu ça.
En septembre 2012, Mme JR (nom connu de la rédaction), qui « gère » le dossier pour NS, avance un chiffre, par téléphone : 850 000 francs pour Sandrine Curchod. Mais elle va vite reprendre ses esprits. Elle recalcule une offre, confirmée par écrit, à… 13 000 francs ! Solde de tout compte. «Nationale Suisse joue avec le découragement. En 40 ans de métier, je n’ai jamais vu ça», condamne Me Antoine Zen Ruffinen.
Au bas de la pile
Il ne faut pas non plus s’aviser de trop appeler Nationale Suisse pour prendre des nouvelles… «Mme JR m’a dit que le dossier était tout en bas de la pile… Après huit ans, c’est dégueulasse !», constate Isabelle Morabito. Contactée à ce sujet, Nationale Suisse nous a dit ne pas pouvoir «s’exprimer sur une affaire en cours d’instruction». Isabelle et Sandrine ne se révèlent pas une exception. Nationale Suisse, sur internet, n’a pas trop la cote dans les témoignages.
Au fil des forums, les personnes grognent : «La NS ne respecte pas les personnes malades et handicapées et n’est pas à leur écoute, ce qui est particulièrement dédaigneux de leur part », lit-on sur Comparis.ch. L’automne passé, NS a fini de payer la restauration d’«Acanthes », une superbe fresque de Matisse. Ce même mois, la société annonçait un bénéfice de 56,8 millions. Toujours au 2e semestre 2012, les placements boursiers de NS ont progressé de 23%. Mais ceci n’a rien à voir avec l’histoire de Sandrine et d’Isabelle. Absolument rien.
Joël Cerutti
Note: Ce sujet a été intégralement repris par l’émission « A bon entendeur » de la RTS… qui n’a pas cité sa source.