Monsieur le Président de la République,
L’heure est grave : des milliers de Français.e.s sont mort.e.s, le pays compte des dizaines de milliers de malades et des millions de nos compatriotes sont confiné.e.s chez eux/elles.
En ces temps difficiles, il nous paraît particulièrement fondamental à nous, membres de Place publique, de garantir la continuité du fonctionnement démocratique de nos institutions. Nous comprenons bien évidemment les mesures privatives de libertés temporaires mises en place en vue de prévenir la propagation de la maladie, mais il y a un certain nombre de questions qui méritent des clarifications de la part du décisionnaire final, à savoir vous, le chef de l’Etat.
Dans ce cadre, nous considérons qu’une simple allocution sans possibilité que les Français.e.s. ne puissent directement ou indirectement vous poser de questions sur vos décisions n’est pas une pratique démocratique.
Contrairement à ce que vous dites, nous ne sommes pas en guerre, nous sommes dans une crise sanitaire et rien ne justifie, dans un régime démocratique, que vous ne répondiez pas en personne, aux questions légitimes des citoyen.ne.s. Vous nous le devez.
Si la reine d’Angleterre s’est contentée d’une allocution enregistrée, son premier ministre, Boris Johnson, tout comme Angela Merkel en Allemagne, Pedro Sanchez en Espagne, Guiseppe Conte en Italie ou encore Donald Trump aux Etats-Unis, ont toutes et tous répondu aux citoyen.ne.s de leur pays au travers de conférences de presse.
Nous vous demandons de faire de même, car nous ne voulons pas que la menace sanitaire se transforme en péril pour la démocratie.
Si nous sommes consternés par les cafouillages et autres rétropédalages de la porte-parole du gouvernement, nous reconnaissons et saluons les efforts de transparence du premier ministre et du ministre de la santé. Nous demandons à présent que vous vous pliez au même exercice.
Vu le contexte, il est inenvisageable de réunir un public. Cependant, il y a deux ans quasiment jour pour jour, vous répondiez aux questions d’Edwy Plenel et de Jean-Jacques Bourdin. Vous concluiez en disant « Chiche ? » à l’idée de reproduire cet exercice un an plus tard. Depuis, l’expérience n’a pas été renouvelée.
Nous avons toute confiance dans la presse écrite, radio, télévision et web de notre pays. Les journalistes sont les garants de la liberté d’expression et, de facto, de la démocratie. Nous proposons donc qu’un groupe de journalistes, cette fois paritaire au nom de l’égalité femme-homme, vous posent des questions sous le même format et relaient les interrogations des Français.e.s, dans le cadre d’une émission en direct à la radio, à la télévision et sur le web, à une heure de grande écoute.
Nous vous demandons, comme vous vous y étiez engagé et au nom de la démocratie, à ce que vous répondiez dans les plus brefs délais à cette requête.
Place publique,
Jo Spiegel, président de Place publique
L’ensemble du conseil exécutif de Place publique
L’ensemble de secrétariat général de Place publique