O vous, dieux, à qui j'ôte et le trouble et la haine,
Que belle est votre paix, que votre âme est sereine !
Qui de vous pourrait donc, conducteur souverain,
Mener tout l'univers les rênes dans la main ;
Qui de vous fait mouvoir tous les cieux, dans ce monde
Dispense à chaque terre une chaleur féconde ;
Qui de vous se chargeant en roi de ce grand tout,
En tous lieux, en tous temps, attentif et debout
Prend le soin d'amasser la nue et ses ténèbres
Et d'ébranler le ciel par de longs coups funèbres ?
Eh quoi ! serait-ce aussi de votre main que part
Cette foudre qui va frappant tout au hasard,
Fait voler en débris vos propres sanctuaires,
Acharne sa fureur sur des lieux solitaires,
Et d'un aveugle coup, quelquefois en passant
Sur le front du coupable, écrase l'innocent