Peut-on laisser des mois durant des équipes en sous-effectif, s'épuiser et voir la qualité de leur travail disparaître sous le flux quantitatif des besoins?Probablement non, au risque de voir les quelques professionnels encore en poste démissionner à leur tour, dans un engrenage dans fin.
Oui, mais que faire?
Recourir à l'intérim, qui fait passer la logique d'accompagnement "dans le temps long" des publics à une logique du "faisant fonction" ancrée dans un présentisme ne permettant pas l'instauration de réels liens de confiance avec les personnes accompagnées? Et qui, ne l'oublions pas, vient grêver des budgets toujours plus restreints de nos associations, toujours au détriment des moyens mis à disposition des personnes accueillies?
Recruter des professionnels "sous-qualifiés" n'ayant ni les compétences requises, ni les capacités reflexives leur permettant de porter un regard critique sur leurs pratiques?
"De deux maux il faut choisir le moindre, mais quel est-il?" J'aurais plutôt tendance à parier sur la résilience des équipes de professionnels compétents et engagés... dans l'attente (parfois longue) d'une candidature de réelle qualité... Dans le cas contraire, ce sont avant tous les "usagers" qui deviennent les victimes de cette dé-professionnalisation du travail social.
J'en suis, chaque jour, le témoin "impuissant". Car, que dire quand je vois ma collègue "dépassée" malgré les multiples aides/explications/soutiens proposés? Que dire, quand je vois les personnes qu'elle accompagne se tourner vers moi en me disant "elle ne sait pas faire"...
Alors, oui, parce que le "politiquement correct" me dit de me taire, d'être patiente et compréhensive... je me tais... et me fais complice d'une forme de mal-traitance des personnes accompagnées...