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Billet de blog 10 janvier 2015

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À la démocratie française de répondre

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’heure est grave, c’est entendu. Comme une pierre à l'édifice, voici un texte qui dresse tout d’abord un bref constat, suggère ensuite une nuance, et défend enfin une option politique. Chaque point est évidemment et heureusement discutable. Et pour cause, le tout doit se comprendre comme une invitation à un débat public, je l’espère constructif.Bref, si ces lignes sont partagées et discutées, critiquées aussi, à mes yeux tant mieux.

Commençons par le constat, établi sur la seule journée du 7 janvier 2015 : « le territoire français a subi une agression militaire ».

« Agression » : des artistes connus ont été assassinés. « Militaire » : les assassinats ont été perpétrés par des individus ayant planifié en amont leur mission et agissant de sang froid ; en d’autres termes des soldats, gradés ou non.
Le « territoire français » : le fait est que l’agression militaire s’est déroulée au cœur même de la capitale de la France, comme chacun sait Paris. Événement particulièrement important, et à vrai dire inédit, depuis le 11 septembre 2001 et la chute des Twin Towers.

Depuis le mandat Sarkozy, l’État français a décidé, conjointement avec l’OTAN et donc dans la lignée de la politique militaire des Etats-Unis, d’apporter un soutien militaire en Afghanistan, puis d’intervenir directement en Lybie, ensuite au Mali, et dernièrement dans le nord de la Syrie et de l’Irak, seulement par voie aérienne pour l’instant.
Or, et c’est là l’observation décisive, c’est la toute première fois que l’affrontement militaire s’exporte au cœur même du territoire français. En effet, si là-bas plusieurs militaires français meurent depuis quelques années, si là-bas les attentats sont quotidiens et terriblement meurtriers, le fait est que le malheur de cette guerre n’avait jamais frappé aussi durement la France.

En somme, comme une très vive piqûre de rappel, oui nous sommes en guerre : aïe.

Acceptons la douleur et poursuivons vers le second point, à savoir la nuance.

Si nous sommes en guerre, cela signifie par définition qu’il y a un ennemi. Sans entrer dans la question militairement primordiale consistant à savoir qui est concrètement cet ennemi, admettons qu’en tout état de cause, ce n’est pas « CHARLIE ». Est-ce pour autant un « barbare » ?

A la base, il convient de le souligner, celui que l’on désigne comme tel est un animal doué de sentiments et qui sait parler, c’est-à-dire un être humain. Au même titre, d’ailleurs, que le « civilisé ».

Doué de sentiments et qui sait parler, nous voilà au troisième et dernier point : l’option politique.

Il est prévu ce dimanche 11 janvier 2015 une manifestation populaire dont un mot résume à lui seul le sens : deuil. Un deuil public qui, en raison de sa gravité, mérite toute notre responsabilité civique. Or, dès le lendemain, le lundi au taf, la question se posera forcément de savoir qu’est-ce qu’on fait de cette putain de guerre face aux organisations politiques et militaires de Daech et Al-Quaïda ?

Deux possibilités s’offrent à nous : soit le renforcement de nos troupes en territoire ennemi, soit leur retrait ; soit on attaque, soit on défend. Quelle est la meilleure ? Je ne sais pas. Déjà, pourquoi le Président de la République française Nicolas Sarkozy puis son successeur François Hollande ont-ils décidé avec l’appui de leur gouvernement et du Parlement une intervention de l'armée française dans ces territoires étrangers ?

S’agit-il d’un intérêt économique : garantir la maîtrise de ressources, à commencer par la matière première qu’est le pétrole ? D’un intérêt militaire : afin de mieux assurer la défense du territoire français, il convient d’attaquer le territoire ennemi ? D’un intérêt idéologique : suivre l’idéologie américaine lancée par Bush et suivie par Obama du combat contre l’« axe du mal » ?

Voilà des informations qui s'avèreraient utiles pour nourrir le débat public. Et, parce qu'à toute phrase son point, cette discussion devrait avoir en vue l’organisation d’un référendum, par lequel il s'agirait de trancher la question suivante : « L'armée française doit-elle se défendre ou contre-attaquer ? » Bulletin A : « Défendre » ; Bulletin B : « Attaquer ».
Pourquoi organiser un référendum ? Parce qu’une décision politique aussi grave se doit d'être décidée par le grand nombre des citoyens français et non par le petit nombre que sont nos représentants. Si, comme l’a souligné l’ancien sénateur Robert Badinter, la démocratie a été attaquée, alors c’est à la démocratie de répondre.

Enfin telle est mon opinion politique, et je ne prétends pas qu'elle vaut mieux que la vôtre. De toute façon je ne sais pas, aujourd’hui là maintenant, quel bulletin de vote je choisirai. Pour l’instant, à titre tout à fait personnel, mais en qualité de citoyen également, j’exige la présence d’un espace public où l’information est de qualité et la liberté du débat public assurée, afin de savoir ce que nous devons en penser.

Pour le reste : Inch'Allah

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