Depuis maintenant trois ans, à 18h, en face de Point Éphémère, sur le Quai de Jemmapes, tous les jours, c’est le même spectacle désolé de
dizaines d’hommes, afghans et tunisiens pour la plupart, attendant leur soupe auprès des volontaires de France Terre d’Asile. Ensuite,
des bus viennent les chercher pour les emmener, s’ils le souhaitent, dans des centres d’hébergement.
A l’époque, et il est vrai que de grands campements s’étaient parallèlement érigés sur le quai, cette distribution avait soulevé
vives polémiques et émotions. On s’était rassemblé dans le froid de l’hiver, les télévisions convoquées. Des solutions d’hébergement
d’urgence avaient été trouvées. Mais depuis, rien, ou plutôt juste un système qui fait ses preuves dans une convergence de
bonnes volontés et de situations toujours aussi désespérées. La distribution fait aujourd’hui partie du paysage.
Qu’en sera-t-il cet hiver alors que Bruxelles, au nom de la rationalisation des subventions publiques, supprime le programme
d’aide aux plus démunis ? La France, grâce à sa philosophie solidaire, bénéficie de ces fonds qui nourrissent le réseau dense et formidable
des associations humanitaires, des Restos du Coeur à Emmaüs et au Secours Populaire.
Alors à l’heure où les valises valsent, les mallettes en direct d’Afrique sortent du placard et les commissions juteuses rapportent aux
épouses divorcées, le constat est affligeant d’un « tous pourri » qui pourrait effectivement nous envoyer tout droit dans les bras de la lie.
Cette année va puer et les problèmes demeurer dans les tréfonds d’une crise cannibale. Et si on laisse s’entredéchirer une classe
politique impuissante, on ne pourra qu’être les témoins mais aussi les acteurs d’une population appauvrie qui s’enfonce. Si de très riches
souhaitent faire un petit geste pour un grand coup médiatique, c’est à une juste répartition des richesses qu’il faut tendre.
Les efforts de tous qui seront nécessaires devront s’accompagner d’une réelle mise à plat du juste impôt et de la limitation des revenus
monstrueux. Nous aurons cette année voix au chapitre, n’oublions juste pas de la faire entendre.
En tous cas, Point Éphémère, en ce mois d’octobre, s’appliquera à nouveau à défendre l’édition indépendante aux côtés du CNEAI avec
le Salon Light, s’invitera au théâtre grâce à la Master Class d’Anouck Grinberg et – que diable ! – s’embarquera sur un drakkar du 7 au 14.
F.M. & C.P.