Pointvirgule (avatar)

Pointvirgule

Une parmi d'autres

Abonné·e de Mediapart

86 Billets

1 Éditions

Billet de blog 15 février 2011

Pointvirgule (avatar)

Pointvirgule

Une parmi d'autres

Abonné·e de Mediapart

De l'usage des injures : comment s'agonir correctement sur les blogs

Pointvirgule (avatar)

Pointvirgule

Une parmi d'autres

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un auteur dont j’ignore tout, Alessandro Manzoni (1785 -1873) a eu la bonne idée de déclarer : « Les injures ont un grand avantage sur les raisonnements : celui d'être admises sans preuves par une multitude de lecteurs.»

Beaucoup plus tard, le grand Brassens nous a offert sa mémorable et délicieuse Rondes des jurons.

Autant d’éléments qui, vous l’aurez compris, m’ont amenée à réfléchir. Forcément.

Pour vivant qu’il soit le langage, parfois, s’englue dans des automatismes tristement pauvres, médiocrement efficaces.

Les florilèges injurieux se signalent par une stéréotypie qui, même relayée en stéréo, et même si elle fait grand bruit, a perdu l’essentiel de ses charmes.

Qui, plutôt que de « gros connard » ne préfèrerait se faire traiter de « niquedouille » ? Et, pour la gent féminine, laquelle d’entre nous hésiterait à échanger son baril de « pôv pouff » ou encore de « pétasse » contre un simple « nigaude » ?

Quant au classique « va te faire encoller » il convient de rappeler, en toute rigueur socio-scientifique, que l’occupation consistant à encoller les mouches génère souvent de grandes satisfactions.

Alors quoi ? direz-vous. La réponse est simple : s’agonir, oui, mais pas n’importe comment.

L’invective, si elle se vitupère, exige aussi d’être bien choisie, réfléchie, ajustée.

Il y faut, pour tout dire, une dose certaine de créativité.

Et puisque l’injure semble être à l’humanité ce que les branchies sont aux poissons qui tournoient dans leur bocal, pourquoi ne pas tenter de la rendre plus inattendue, plus drôle, voire plus poétique ?

Traiter ? D’accord, mais traiter bien.

Inventer de nouvelles façons de s’apostropher. Indexer de nouveaux termes dans le subtil lexique de l’escarmouche (désencollée). Travailler l’étymologie.

« Faux jeton », par exemple, ou « faux comme un jeton » renvoie à l’époque où, pour compter, on déposait des pièces sur une tablette : certains utilisaient des jetons à la place. « Faux franc », en cas de faux-jetonnerie avérée, ne serait-il pas une option innovante ?

Pour « faux derche », c’est plus compliqué.

« Implanté du fessier », peut-être ?

Il me semble en tout cas que le temps passé à chercher de nouvelles formes d’injuriage, ou d’injuriation, serait de nature à tempérer les ardeurs vocifératrices. Toujours ça de gagné.

En attendant, pourquoi ne pas commencer à établir un catalogue « new style » des injures les plus fréquentes ?

A vos claviers !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.