Résumé du chapitre précédent, rédigé par Totor (10 ans) chargé de mission par Pointvirgule (moyennant 4 paquets de fraises Tagada) :
C'est une histoire avec des jumeaux, et qui doit se passer dans une colo parce qu'y a des monos qui gigotent. Et aussi quelqu'un a perdu une valise, on sait pas skya dedans, mais tout le monde la cherche. Sinon, la Tatie, elle est plutôt cool.
Pour Anne Guérin-Castell,
qui m'initia généreusement au subtil maniement du plumeau.
Qu'elle en soit ici remerciée.
Loïc Corto Yves-René pâlit en entendant Mélanie mentionner la mallette. Car il n'ignorait pas que ce genre d'attaché-case, surtout s'il provenait du Ministère des Armées, contenait généralement des documents classés Secret-Défense ou, pis encore, une panoplie complète du parfait petit chimiste - version savant fou.
Laissant sa tante et Mélanie échafauder des hypothèses, Loïc Corto etc. cala son menton dans sa main pour se mettre en situation de penseur et, cela fait, commença à réfléchir.
Malgré toutes les vilenies qu'il estimait pouvoir reprocher à Erwan il avait pourtant la certitude que, cette fois, son jumeau n'était pour rien dans l'affaire. En réalité, ils devaient faire face à un même adversaire, à savoir le redoutable Fantomatik. A partir des recherches entreprises au sujet de ce triste sire, et menées depuis la Santé par des spécialistes gardant des contacts fréquents avec l'extérieur, Loïc etc. était parvenu à la conclusion que Fantomatik était à la tête d'une société secrète ayant pour but avoué ( bien que tenu secret) de prendre le pouvoir sur le cyberspace. Société néanmoins connue dans le milieu sous le nom de Trollzenco. Et même à la Santé, où les durs-à-cuire étaient pourtant légion, le simple fait de prononcer le nom de Trollzenco déclenchait des réactions violentes. Certains crachaient par terre, d'autres partaient en courant et d'autres encore, moins nombreux mais plus prudents, cachaient leur joie en détournant le regard.
-Yves-René, mon petit, lança soudain sa tante à son intention, que dirais-tu de louer une voiture ? Nous pourrions faire une promenade avec ta jeune amie. Je n'aime pas te voir si sombre, si pensif.
-Quelle bonne idée, approuva Mélanie. C'est mon jour de congé. Profitons-en.
Mais notre héros déclina poliment cette invitation.
-Désolé mais... j'ai d'autres projets. Je vous retrouve vers 13 heures pour déjeuner.
Sur quoi, après leur avoir déposé un baiser sur la joue, il s'éloigna d'un pas vif. Sans se retourner.
OOOOOO
Corto etc. n'alla pas très loin. Après avoir longé la côté, il parvint à une falaise depuis laquelle, en se penchant, on distinguait l'entrée d'une grotte qui, quelle que soit la marée, n'était accessible que par le haut. Autrement dit, elle était située dans une anfractuosité particulièrement anfractuositeuse qui surplombait un petit bras de Manche.
(Pppffftt ! C'est d'un barbant, parfois, ces descriptions !)
Pendant qu'il attaquait la paroi en pratiquant sa technique "désascensionnelle", spécialité varappeuse ( hélas non homologuée) dans laquelle il était passé maître, un détail lui revint à l'esprit.
Il avait entendu parler, à la Santé, des nouvelles méthodes mises au point par le Ministère des Armées et destinées à sécuriser les fameuses mallettes. Celles-ci n'avaient plus de serrure et, dotées d'un système de reconnaissance vocale, ne s'ouvraient que si l'on prononçait une certain code, une certaine phrase ou un certain mot. La version postmoderne du "Sésame, ouvre-toi !", en somme. Et son voisin de cellule, un jour qu'il perdait au poker, lui avait même fourni le code, estimant qu'il valait bon prix. Le Maltais, amusé, avait accepté la transaction, mémorisant la formule à tout hasard. Et là, désascensionnant sur sa falaise, il se concentrait pour retrouver le mot de passe, celui qui lui permettrait d'ouvrir la mallette dès qu'il aurait mis la main dessus.
Car il sentait bien que cette satanée valise devait nécessairement contenir des informations capitales qui, seules, permettraient de contrecarrer les noirs desseins de Fantomatik.
Voyons voir, se disait-il, ce n'est quand même pas Rosebud, non, trop facile. C'était plus long, et plus musical... Tire la chevillette et la bobinette cherra ? Non, impossible : beaucoup trop littéraire... Ah, bon sang, il faut pourtant que je le retrouve, ce code !! Débit de lait si beau, débit de l'eau si laid ? M'étonnerait.... Cac 40, peut-être ? Non, ça, c'est trop clair ! Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur...? Bof, bof...
Proche du découragement, il était sur le point de renoncer quand soudain sa mémoire cessa de flancher et il se souvint très bien : mais oui, bien sûr, c'est évident ! C'est ça, j'en suis certain ! songea-t-il en éclatant de rire dans le vent :
Aboli bibelot d'inanité sonore
Et c'est à cet instant qu'il pénétra dans la grotte.
( A suivre) sur le blog de Tonymaj ici