La brièveté s’impose car il paraît qu’il va caniculer sévèrement aujourd’hui et je crains pour mon neurone. J’ai donc peu de temps devant moi.
Parmi les contes de Grimm & frère, "La reine des abeilles" est l’un des plus gnan-gnan. En voici le pitch.
Un roi a trois fils : deux têtes à claques et un gentil, qui s’appelle Nigaud.
Comme ses frères ont disparu, Nigaud part à leur recherche et – miracle ! – les retrouve.
Comme il a été très sympa avec des tas de bestioles, celles-ci aident Nigaud. En particulier la reine des zabeilles, dont il a sauvé la vie.
Comme c’est dégoulinant de bons sentiments, la morale se résume à : « un bienfait n’est jamais perdu. » Pas un mot sur « bien mal acquis profite à qui le trouve », évidemment.
Et comme c’est un conte, ça finit par : ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Pauvres gosses !
Or, tandis que je me hâtais de réunir une documentation, de vérifier mes sources et de consulter Wiki, le divin devin, qu’apprends-je ?
Chez les abeilles, la royauté n’est pas héréditaire !
Toutes les abeilles femelles naissent égales et, trois jours durant, sont sans exception nourries de gelée royale. Mais pour devenir reines, c’est pendant six jours qu’elles devront s’alimenter de ladite gelée avant de quitter leur état de larves.
Cela fait, la reine assurera la pérennité de la colonie et les désormais « ouvrières » rempliront toutes les tâches d’entretien et de production. Les mâles, qui n’auront qu’un rôle de reproduction, ne seront tolérés qu’un été dans la ruche. Ceux qui, lors du vol nuptial, accompagnent la reine pour la féconder mourront immédiatement après l’affaire faite.
Caisse à dire ? Voilà bien qui réactualise furieusement la lutte des classes chez les insectes.
Il y aurait donc des abeilles egolâtres qui, s’estimant uniques et donc valant mieux que d’autres, s’arrogent le droit de se goinfrer de gelée royale – dans le plus total mépris de ses sœurs zabeilles, futures prolétaires butineuses ?
Et des zabeilles tueuses, en plus !
Franchement, à part les trolls de Mediapart, il est difficile de trouver plus antipathique qu’une reine des abeilles.