Là, et là, et encore là. Et, bien sûr, ici.
IL est partout. Directement ou indirectement.
Son rien envahit mon tout.
J’avais cru trouver un espace, un lieu de relative liberté. J’allais m’y délasser, m’y faire danser les neurones au rythme d’une musique apparemment futile.
Et voilà qu’IL pollue aussi ce périmètre-là.
Qu’IL entre dans nos têtes et annexe nos pensées, nous contraignant à ne parler que de LUI, à ne nous définir que par rapport à LUI.
Allons-nous vraiment accepter cette colonisation de tous les instants ? Nous laisserons-nous voler notre for intérieur, nos jardins secrets, nos plaisirs - et même nos économies ?
LUI laisserons-nous toute la place ?
LUI permettra-t-on de s’infiltrer, tel le démoniaque incube, jusqu’au profond de nos rêves nocturnes ?
Car c’est là, selon moi, sa véritable (et unique) victoire : nous occuper l’esprit. Nous posséder.
Nous conduire systématiquement à ré-agir, pour désarmorcer les risques d’un véritable agir.
Sans répit.
Et, à nous laisser contaminer de la sorte par cet anti-LUI primaire, nous devenons nous aussi primaires.
Rudimentaires, même : nous allons rabâchant ce qui se dit /se lit /se vit partout à son propos.
Valse des épithètes en guise d’argumentaire. Sans voir qu’en relayant cette forme d’écho nous embouchons les trompettes de SA renommée. Et, plus fort encore, en croyant qu’ainsi nous luttons contre LUI.
Voilà pourquoi, n’étant ni plus niaise ni moins militante que tout un chacun, je propose d’en finir avec cet envahissement consenti qui, dans l’obsession de ne voir que LUI, nous fait peu à peu NOUS perdre de vue.
Résistons aux invasions de ce barbare ! Ne LUI accordons plus toutes nos pensées ! Après une telle indigestion mentale, observons une période de diète, afin de récupérer un peu de nos territoires privés.
Inventons ! Devenons sujets de nos vies. Résistons !
Et si possible, de temps en temps, parlons d’autre chose…