La nuit, dit-on, porte conseil. C'est donc au moins avec l'aide d'un Morphée dûment chapitré que Marine Le Pen vient de nous claironner une très étonnante réponse aux propos racistes tenus par des convaincus définitifs du Rassemblement National à l'encontre de leur voisine, une aide-soignante noire.
La scène, diffusée jeudi par "Envoyé spécial" et re-visionnée 7 millions de fois, a été unanimement reconnue raciste et tout aussi unanimement blâmée comme telle.
Comme l'affaire a fait grand bruit et qu'il faudrait vraiment être sourd comme un pot ou n'en vouloir rien savoir pour ignorer les détails, je passe directement à la phrase qui a mis le feu aux poudres : "On fait ce qu'on veut, on est chez nous ! Va à la niche !
Or Marine Le Pen, impavide, conteste le caractère raciste de l'expression.
Je cite le meilleur extrait : "La question est de savoir si va à la niche n'est pas une expression populaire de gens qui se détestent. Est-ce raciste ? Moi-même, je peux le dire à l'égard de mes amis."
Et c'est à partir de là que, je l'avoue, je perds le fil...
je croyais Marine Le Pen plus attachée aux chatteries qu'aux chienneries. Je me trompais, semble-t-il.
Mais, bien qu'égarée par de tels propos, je perçois quand même une étrange et sous-jacente contradiction : en supposant que va dans ta niche soit utilisé par des gens qui se détestent, comment peut-on néanmoins se vanter d'en faire usage avec ses amis ?
Et c'est là qu'emportée par une improbable construction uchronique, je m'embarquai dans une scène imaginaire dont je me relève à grand peine :
Attablée en terrasse avec quelques amis, je profite d'une belle soirée quand, tout à trac, je sors des clous et lance la phrase qu'il ne fallait pas. Aussi sec, "l'amie" qui nous avait invités me lance un va à la niche ! qui me cloue le bec.
Ne manque plus que le "couché, Mirza !", me dis-je, estomaquée. S'agit-il là d'amitié ? Si oui, avec des amis de ce genre plus besoin d'ennemis, comme il se dit ici et là...
Pourtant, je dois le reconnaître, je ne suis pas aussi surprise que mon passage en uchronie le laisse entendre.
Marine Le Pen nous a habitués à tant de mensonges, de faux semblants et faux fuyants, de postures repeintes façon bon chic, bon genre, que venant d'elle plus rien n'étonne.
Mais s'attendre à tout ne doit pas faire oublier les élections prochaines et, si on refuse d'être traités comme des chiens au niveau démocratique, économique,culturel, droits des femmes inclus...mieux vaut bien choisir son bulletin de vote...