Terre ! Terre ! criaient depuis la hune les gabiers d’antan à l’approche d’une côte.
Taire ! Taire ! crient aujourd’hui depuis le tracker ceux qui veulent taper l’incruste à la une pour l’interdire aux autres.
Autres temps, autres mœurs : nous voici en version 2.0 !
Dans un billet récent qui dépeçait littéralement un abonné en l’affublant d’une identité improbable et de caractéristiques sexuelles plutôt déplaisantes (mais sans aller, cette fois, jusqu’à publier son numéro de Kbis ), une abonnée a osé exprimer sa réprobation devant cette forme de tir à vue.
C’est peu dire qu’elle a pris cher, l’abonnée.
Le bis repetita, pain bénit des pauvres en esprit, joua à plein. Aussitôt qualifiée « d’immondice », sa remarque entraîna rumeurs et meutes vengeresses. Les émeutiers, friands de rumeurs, affirmèrent aussitôt que cette femme-là était un homme. On parla donc de sa prostate comme, ailleurs, on a pu évoquer ménopause, ovaires en folie et utérus peu fréquenté, malgré les beautés de son col. Misogynes un jour, misogynes toujours. C’est la vie. Est-il permis de le déplorer ?
Côté rumeur, le procédé a connu des auteurs plus talentueux.
Duchamp, par exemple, avait osé traiter la Joconde de « chaudasse ».
L.H.O.O.Q , affirmait-il déjà en 1919. Mais comme Freud, en 1910, avait laissé entendre que ladite pouvait être un homme, Duchamp lui ajouta aussi sec une paire de moustaches. Fort heureusement, Michel Onfray ne participa pas au débat ; ce qui confirme que le pire n'est pas toujours sûr.
Lisons aussi le considérable Alexandre Vialatte, à propos de l’homme, justement :
L’homme serait un roseau pensant…disons plutôt un roseau pensif… ou même songeur…disons un salsifis songeur.
Il est donc possible d’en déduire que les salsifis seraient à certains blogs ce que les navets sont à certains films.
Tout cela m’inciterait à rejoindre allègrement Jean-Michel Ribes dans sa définition du mot acariâtre :
Acarien, plâtre, âcre, rat, tout ce qu’il y a de plus dégoûtant est mélangé dans ce mot pour qu’à peine prononcé on haïsse ce qu’il désigne.
Conclusion provisoire ( petit résumé d'un commentaire que j'ai posté ailleurs ):
… "Chacun est, ou devrait être, responsable de ce qu'il écrit. Mais chacun devrait, aussi, commencer par mettre en pratique les principes qu'il reproche à MDP de bafouer.
Cela devrait pouvoir se traduire, se lire, dans le comportement des abonnés entre eux.
Les problèmes du club ne sont pas seulement imputables à la rédaction. Nos attitudes de contributeurs-commentateurs ont elles aussi des conséquences et contribuent souvent à "faire monter la mayonnaise", pour parler comme le colin qui ne vient pas de Virginie..."
Conclusion définitive :
Je suis pour l’éradication de tous les boutons, sauf répondre et alerter. Mais, suivant pour une fois l’exemple de Michel Onfray et seulement avec Mona Lisa, je m’abstiendrai désormais de participer à ce débat tant, à lire les « sans culottes » du clavier ( les seuls dont le sexe et l'identité ne soient jamais questionnés), on finit par se dire qu’ils sont pourtant et souvent sacrément... culottés.