Chez les homonymes, les homophones et les homographes s’entendent très bien. Et quand ils sèment, ils s’aiment. On dit alors qu’ils polysèmisent et fabriquent des polyphonies. C’est souvent très beau.
« Les poules du couvent couvent ». Tout est dit de l’œuf et de la poule.
« Nous relations nos relations », ou encore « nous exécutions quelques exécutions » : comment mieux parler de la liberté d’expression ?
Les mots tus (nom de code : motus) retrouvent toujours droit de cité et nombreux sont ceux qui, comme moi, réclament le retour de la prononciation du e muet. Ostraciser une voyelle ! Quelle barbarie.
Et n’hésitons pas, pour parer l’orthographe d’une dimension poétique, à recourir aux anciens procédés mnémotechniques. Qui saurait résister à une formule telle que : « les mots en eu prennent un x au pluriel, sauf les pneus des landaus bleus des bébés » ?
Pour conclure, et parce qu’il me semble qu’au fond, être adulte c’est aussi ne pas craindre de prendre plaisir à des jeux d’enfants, voici un très joli texte de Luc Bérimont auquel, s’il vous inspire, je vous propose de donner une suite :
"Bientôt je n'aurai plus de voix
Disait le voiturier
Bientôt je n'aurai plus de chats
Disait le châtaignier
Bientôt je n'aurai plus de rats
Disait le râtelier
Bientôt je n'aurai plus de poux
Disait le poulailler
Bientôt je n'aurai plus de rampe
Disait le rempailleur
Mais tous ceux qui ne disaient rien
Tous ceux-là n'en pensaient pas moins."
Luc Bérimont ("L'esprit d'enfance" - Enfance heureuse, Éditions Ouvrières et éditions de l'Atelier, 1980)