Au début de la seconde moitié du siècle dernier, on a pu dire « Il y a plus inconnu que le Soldat Inconnu : sa femme ». D’autant que, statistiquement parlant, un homme sur deux est une femme. Et peut-être même davantage.
C’est de cela que j’entends témoigner ici car, en dépit d’une récente affaire impliquant le célèbre philosophe Blancol-Hoover, force m’est de constater que rien n’a changé.
J’ai connu J-B Botul à son retour d’Argentine où il avait tenté d’imposer le concept d’ « analyse circulationnelle », dont il résumait ainsi le postulat : « On doit pouvoir quitter son psychanalyste comme on descend d’un taxi. » Ce fut un échec.
A cette époque, pour financer mes études en médecine vétérinaire, je vendais des idées ou des pistes de réflexion à divers chercheurs en panne d’inspiration. A Jean-Baptiste B. (qui devint Jean–Ba dès le premier jour), je fis remarquer le soubassement obstinément proto-freudien des Voyages de Gulliver dont il ignorait tout mais où pouvait cependant se lire une typologie que Jonathan Swift tirait avec force du côté (sexuel, forcément sexuel) des diverses formes de difficultés d’érection. Enthousiasmé, Jean-Ba me demanda ma main, la prit et, comme il sortait d’une rupture douloureuse avec Marguerite D. nous nous épousâmes sous l’œil de Marianne dans les jours qui suivirent.
Pourtant, en raison de nombreuses libations dues à la circonstance, car c’était mon premier convolage en justes noces, les choses faillirent mal tourner.
Jean-Ba, franchement ivre, monta sur la table de l’estaminet où nous avions réuni quelques amis nordistes pour l’occasion et, tout à la joie du succès qu’il escomptait tant de notre union que des soubassements proto-freudiens (voir plus haut) que je/nous avions découverts, Jean-Ba donc, dans un moment d’allégresse éthylique, se mit à brailler tout à trac : Je suis freudien, voilà ma gloire, mon espérance et mon soutien !
Malheureusement, il n’avait pas remarqué qu’un de ses plus grands détracteurs se trouvait également dans l’assistance. Le redoutable Onfraitkomsi – Cétévray, philosophe des plateaux, n’entendait pas laisser passer l’occasion.
Et c’est ainsi, je l’affirme, que tout a commencé.
Tous ceux qui auraient de nouveaux éléments susceptibles d’éclairer cette regrettable affaire seront ici les bienvenus. Ils pourront même, s’ils le souhaitent, recevoir un exemplaire dédicacé de chacune des œuvres écrites de Jean-Baptiste Botul, au nombre de trois, les autres relevant plutôt de la tradition orale. Toutes sont éditées aux Editions Mille et une nuits et coûtent moins de 4 euros. Je me propose même d’ajouter une dédicace personnelle à « La métaphysique du mou », celle des œuvres de jean-Ba qui a ma préférence – et qui déplut tant au second philosophe pré-cité – et dont je possède encore une pleine caisse.
Pour conclure, et en hommage à feu mon cher Jean-Ba, je me contenterai de citer cette phrase admirable écrite par lui un soir d’été et que l’on peut lire en page 49 de La métaphysique : « Je n’ai pas l’angoisse des pages blanches, j’ai la terreur des pages noircies. »