Que n'a-t-on pas entendu, au cours de cette année 2009 sur cet horrible, cet affreux Service public, ce dévoreur de milliards inutiles, cet abîme sans fond, pourvoyeur d'emplois quasiment fictifs si on doit en croire le verbe officiel.
Mais que n'a-t-on pas entendu aussi des citoyens se plaignant de la détérioration du même Service public dans les situations aussi fournies que l'inventaire de Prévert !
SNCF tout d'abord.
Ah là, là ! Tous ces trains qui ne sont pas fichus d'arriver à l'heure pour les vacances de Noël ! Encore une heure de retard aujourd'hui. Pas moyen de leur faire confiance ! Et je ne vous parle pas que je m'y suis repris à quatre fois pour avoir mon billet sur la borne automatique. Suppression d'emplois : 2000 rien qu'en 2009 , sans parler des années précédentes. Rien à voir, évidemment.
Côté Santé, la loi HSPT pour vous sauver la mise.
Comptons d'abord. Soignons ensuite. Passons le pouvoir aux administratifs des ARS (Agences Régionales de Santé) et des CHU et tout va aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pas sûr qu'on ait entre temps rapproché le service de l'usager. Mais il les fera bien, comme dans la Creuse, les 170 km pour bénéficier de ses séances de radiothérapie. Rentables, on vous a dit, les hôpitaux ! C'est l'objectif annoncé. D'ailleurs, on a étrenné l'affaire avec la campagne de vaccination nationale. Ef-fi-ca-ci-té assurée partout. Rien à redire.
A l'Education nationale, au moins tout va mieux.
On passe à 16 000 suppressions de postes en 2009. En progrès à côté des 13 500 de 2008. On va quand même pouvoir souffler un peu. C'est vrai quoi, il ne faudrait quand même pas que ces enseignants ou autre personnels (dont on réduit au passage la formation pédagogique à sa plus simple expression) aient trop de temps à perdre auprès des chères têtes blondes et brunes. Rentable, l'Education nationale, on vous a dit, c'est l'objectif. Si toutefois les instit's faisaient aussi bien que les curés, on pourrait peut-être voir.
Et ces Régions, Départements, Communes, Collectivités territoriales qui pompent l'impôt des Français avec leur Taxe professionnelle ?
Comment ça, Taxe professionnelle ? Allez, privés de Taxe professionnelle ! On trouvera bien après une formule magique pour faire rentrer le beurre (sans l'argent du beurre, faudrait pas rêver, quand même !). Elles trouveront bien une solution, les collectivités territoriales, pour l'argent du beurre, quand elles n'auront pas le choix.
Pour la Sécu, pas d'inquiétude.
On vient de remonter à l'air libre un nouveau filon inexploité : tous ces maladroits qu'on indemnise sur leurs accidents de travail. Ce n'est pas une maladie, un accident de travail, enfin ! Z ‘avaient qu'à faire un peu attention, après tout, et ils pourraient encore travailler, tous ces éclopés du boulot ! D'accord, ça ne va pas boucher grand chose, à la Sécu, mais pas question de sortir la grosse armada et le bouclier pour colmater la brèche. Le bouclier ? Vous n'avez pas encore compris. On-n'y-touche-pas ! Sacré, le bouclier, autant que celui d'Abraracourcix.
La Poste, ce grand service de proximité ?
Qui a parlé de la privatiser ? On n'en jamais parlé. Jamais, et on n'en parlera jamais. Pas plus qu'on en avait parlé pour son vieux cousin germain France Télécom. D'accord, notre vieil opérateur a bien connu depuis 1993 des suppressions d'emplois dont on taira les chiffres par pudeur, et quelques drames dans son personnel, dont se sont emparés les media. Mais pas de ça, à La Poste ! Non. Jamais. Promis, juré, craché ! Bon, d'accord, prévoir quand même de faire bientôt quelques kilomètres de plus pour voir la casquette d'un vrai postier avant d'oublier comment elle était faite.
Vous craignez d'avoir affaire à la justice ?
Alors là pas de panique : raccourcissement des circuits pour résultat express. Exit bientôt le Juge d'instruction, et fermeture entre autres de 178 tribunaux d'instance sur 473 au 31/12/09. Les voyages formant la jeunesse, chacun devrait pouvoir y trouver son compte.
Alors le Service public d'Etat ?
Pas de problème, il va aller mieux. Enfin, ses comptes...
Pour le reste, ne pas demander l'impossible, s'il vous plaît. Il va rester public, ça on vous le promet et ce n'est quand même un bon début !
Pour ce qui est du Service, faudra faire avec ce qu'il en reste... tant qu'il en reste !
Les jours de cafard ou de doute, il vous restera toujours la possibilité de « travailler plus ». Comme disait le discours officiel « vous gagnerez plus », forcément !
Allez, meilleurs vœux pour 2010 !