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Billet de blog 5 juillet 2013

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Delphine et tous les autres sont dans un Batho. Delphine tombe à l'eau.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sur Delphine Batho, je voudrais réagir, avant même d'avoir regardé dans le détail ses déclarations. Et pour dire que quel que soit le fond, je ne suis pas d'accord sur la forme de sa réaction. Qu’elle ait payé pour faire un exemple ou pas ne change pour moi rien au problème.

Delphine Batho n'a pas été ministre toute seule et du seul fait de ses seules qualités, mais choisie pour appartenir à un collectif et mener une action collective sous la responsabilité d’un premier ministre en charge d’une équipe et d’une politique, et dans laquelle elle a accepté d’aller. J’espère qu’elle aura eu le temps de mesurer la confiance qu’il y avait derrière en la choisissant elle, et pas une autre.

Elu municipal, je ne le suis pas tout seul non plus, mais exerce mon mandat dans un cadre qui me contraint et que j’ai accepté, comme elle a accepté le sien quand elle est entrée au gouvernement. Les deux sont des lieux où il est de bon ton de la jouer d’abord collectif avant de penser à sa carrière (qui, entre nous, ne va pas conduire notre démissionnée à Pôle emploi, puisque dans un mois elle va pouvoir reposer tranquillement ses fesses sur son siège numéroté de l’Assemblée après avoir pris un peu de vacances). Chevènement avait très bien, en son temps, formulé la quadrature du cercle. Elle n’a pas démissionné. Elle n’a pas non plus « fermé sa gueule ». Donc elle a été démissionnée. C’est tout simple.

Après, sa conf’ de presse ne pose pas, pour moi, un problème politique mais un problème d’éthique personnelle, voire d’éducation. C’est selon. 

Je ne me sentirais, en ce qui me concerne et même en cas de désaccord, pas autorisé à cracher dans la soupe à peine franchi le seuil de la maison commune, mais me considèrerais encore tenu à la réserve et au respect des membres de l’équipe à laquelle j’aurais participé et qui continuerait à courir sans moi. Et soucieux de ne pas compromettre la cohésion de l’équipe qui m’aura fait une place pour me permettre de déployer toute la mesure de mon imagination politique et créatrice, si tant est que je la saisisse.
C’est deux choses différentes que de ne pas être d’accord et de faire comme si on avait soudain besoin de tuer le père par déclarations publiques et conférence de presse interposées pour continuer à exister.

Ce n’est pas parce que les coups d’éclats (et de gueule) posés par tel ou telle en politique sont devenus une habitude pour attirer les sunlights sur son exceptionnelle personne, qu’ils doivent être considérés comme la meilleure et plus efficace façon de faire avancer le schmilblik politique auquel on croit, qu’on est obligé d’y adhérer comme un seul homme, voire une seule femme.

En tout cas, je n’y adhère personnellement pas et j'abhorre ce genre de réaction trop m'as-tu-vu(e) pour y souscrire. Au contraire, engagé dans le cadre d’un mandat, je considère avoir un devoir de respect de mes co-engagés, reposant plutôt sur la discrétion que la nécessité de jeter le discrédit sur mes petits copains d’aventure politique, et que ce devoir se poursuit jusqu’à la fin de la mission collégiale. 
Etre ministre et tirer à vue sur les copains à la sortie, c’est un peu pour moi du même ordre que de se faire élire sous une étiquette politique et changer de label en cours de mandat. Où est le crédit à porter à l’engagement initial ?

J’espère que lorsque l’éthique politique rejoint l’éthique personnelle, il n’y a pas forcément lieu de considérer que l’on souffre d’une anomalie chromosomique. Ni que l’inverse doive être considéré comme la plus grande démonstration de la responsabilité politique.

Bref, pas question pour moi de me laisser emmener en Batho.

Delphine tombe à l'eau. Qui est-ce qui reste? Tous les autres, ma foi, et ce n'est pas si mal.

Ben voilà ! C’est dit avec douceur !

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