Puisque le débat est sur la place publique, gardons-le public.
Militant du fameux courant E qui aujourd'hui ferait selon les media l'objet de tant de convoitises et de recherches en paternité, je me souviens bien que ses couleurs et surtout ses idées étaient portées au dernier Congrès par un duo Ségolène Royal et Vincent Peillon qui avait de la gueule, du fondement et me plaisait particulièrement.
J'ai salué en silence, comme une bonne nouvelle, l'annonce faite par Vincent Peillon, dans le grand tohu-bohu du PS, qu'il ne ferait pas partie des présidentiables. J'ai eu la faiblesse d'accorder du crédit à ses propos, et je continue à le faire.
Ceci étant posé, je lui reconnais donc toute légitimité pour porter les idées qui semblent constituer le socle de ce courant, portées par Ségolène Royal et pas mal d'autres, et je trouve même qu'il le fait particulièrement bien.
Il est tout aussi clair, pour moi, que Ségolène Royal sera candidate aux présidentielles de 2012, et, tout aussi personnellement, je m'en réjouis par avance, car si elle est capable de ne pas nous refaire tous les mois un coup comme celui-là, elle en a tous les atouts.
Qu'elle se souvienne néanmoins qu'en 2007, ce n'est pas le programme du PS qui a pu l'aider à gagner, qu'elle a dû s'en faire un un peu toute seule, et que le fait que d'autres travaillent dans le sens qu'on voit actuellement n'est pas là pour la desservir mais pour l'aider.
Le propre du travail d'équipe et du travail politique est (ou devrait être) d'additionner des compétences et des stratégies, des femmes et des hommes, non de les mettre en concurrence, et il est nécessaire que chacun existe d'abord par lui-même avant d'additionner ces compétences et ces stratégies, ces femmes et ces hommes.
Ségolène Royal a ce week-end privé inutilement les ateliers de Dijon sur l'Education de leur existence intrinsèque.
Il serait peut-être aussi opportun que Ségolène Royal s'exprime un peu plus sur tout le bien qu'elle pense des initiatives politiques de Vincent Peillon en particulier, et de l'Espoir à Gauche en général.
On y retrouve pas mal de monde l'ayant soutenue, ça clarifierait peut-être un peu les débats internes et éviterait quelques bévues médiatiques comme celle sur laquelle se plaisent à surfer aujourd'hui les media. On ne voit pas pourquoi ils s'en priveraient.
Il est nécessaire, et nous la soutenons dans cette démarche, qu'elle prenne de la distance et de la hauteur.
Je l'approuve, politiquement et stratégiquement, lorsqu'elle le fait, contribuant ainsi à l'élargissement de l'assiette de sa crédibilité, mais il serait bien aussi qu'elle manifeste qu'elle reconnaît bien les siens et qu'elle leur fait confiance, sans avoir besoin de leur voler la vedette (voire de leur voler dedans) peut-être par crainte d'être débordée au sein de son propre camp.
Qu'elle en ait la trouille, ça se comprend, elle s'est déjà faite entuber une fois en interne, par ses félins pseudo petits copains.
Que ça devienne une inquiétude, c'est... inquiétant.
Et si ça devenait une habitude, j'en tremble déjà par avance.
Elle ne nous a pas, pour moi, montré son meilleur côté ni le meilleur de sa stratégie, toute Ségolène maîtresse de ses nerfs qu'elle soit.
En bref, sur ce coup-là, si Vincent Peillon a été maladroit dans la forme, je le comprends néanmoins et l'approuve.
Il a pour moi eu raison d'être ferme sur la démarche.
J'aurais aimé que nous soit épargnée cette anicroche inutile qui ne peut qu'entretenir ce regard ironique que, si je n'étais pas au PS, j'aurais de la peine à ne pas porter sur cette querelle mal placée, desservant la bonne cause politique.
C'est vrai que je suis un utopiste, déclaré et revendiqué même, loin des vieilles manipulations d'appareil locales, fédérales ou nationales qui ont coûté très cher à la victoire institutionnelle de ces idées-là, mais il doit y avoir aussi un peu de place pour les idéalistes au milieu de ce qui demeure encore un beau parti rose, n'en déplaise à ses pourfendeurs.
De toute façon, je n'ai pas l'intention de retirer cette dose d'utopie-là qui est mienne au PS local, fédéral ni national, car je crois qu'il en a sacrément besoin.