Indépendamment du bien-fondé de l'inculpation de DSK que nous n'avons ni l'envie ni les moyens de commenter, et sans se poser la question de savoir si on adore ou on si abhorre les anglosaxons d'outre-atlantique, leur génie et leur façon condescendante de se poser en maîtres du monde, les images reçues ce matin nous renvoient en négatif et de façon violente notre propre approche et notre pratique de la justice française.
La douleur et l'humiliation des images de DSK reçues ce matin, quoi qu'il ait fait ou pas fait, ont en moi la même résonance que celle ressentie pour le petit beur fouillé trois fois par jour, emmené menotté sans ménagement au poste avant d'être parfois relâché, innocent ou sans preuve, et appelle de ma part la même compassion envers ces hommes ou femmes, toutes origines sociales confondues.
Pas de quoi être fiers et jouer au petit coq français, plantant ses ergots dans les Droits de l'Homme et donnant à ce titre des leçons planétaires, lorsqu'on voit la façon dont ont été instruites les "affaires" de ces derniers mois ou années pour ne parler que d'elles, le sacrifice de la justice sur l'autel des intérêts des "supérieurs", à défaut de l'être au nom de l'intérêt supérieur, que l'on parle du traitement réservé par la justice aux protagonistes des affaires Tapie et Bettancourt au nom de leur image et de l'impact psychologique sur le pouvoir en place ou de tant d'autres qui vous viendront très vite à l'esprit.
Nous saurons certainement bientôt si tout cela relève d'une affreuse machination ou de faits avérés mais, à ce stade de cette instruction, il ne nous est pas interdit d'en profiter pour nous interroger sur l'état de notre démocratie et notre justice françaises, qui ont trop sacrifié de leurs valeurs : accélération des procédures et "bétaillisation" pour les petits voyous, de banlieue ou pas, retardement au maximum et portes dérobées, jusqu'à en espérer l'effacement dans la mémoire collective, de celles concernant les cols blancs ou la nomenklatura en place, tous ceux qui détiennent les cordons de la bourse et de la Bourse et qui à ce titre bénéficient d'égards et de modération que d'autres aimeraient tout autant connaître.