"Nous ne sommes pas les bisounours de la politique. Nous apportons le feu avec nous !" a balancé Dimanche le Sauveur des peuples version tricolore, alias Jean-Luc Mélenchon.
Les enflammeurs de foule, ces coureurs de fond des tribunes, galvanisés par ces endorphines qu'ils sentent monter en eux mot après mot pour venir gonfler leurs egos, à force de s'écouter parler, de laisser s'écouler de leur bouche cette logorrhée dont ils finissent par se convaincre qu'elle se suffit à elle-même, ne se rendent même plus compte que ce ne sont plus eux qui commandent aux mots mais eux qui les suivent. Qu'ils en ont besoin pour exister politiquement.
Ces mots-là guident insidieusement leurs auteurs là où précisément ils s'étaient juré de ne jamais aller.
Alors trop c'est trop !
Le tribun Mélenchon, que je suis pourtant aller écouter en 2012, a désormais pour moi trop d'accents de ces enflammeurs-là pour ne pas m'en rappeler d'autres, funestes et surfant sur la vague de leur crise, et c'est sans doute pour cela que le feu de ses yeux un peu trop exorbités me dérange et que certaines de ses expressions me donnent la colique.
Petites mains disséminées à travers le territoire pour répondre aux nécessités que nous impose la crise, nous ne sommes pas, Ô Grand Mélenchon, des bisounours de la politique ! Nous sommes là où, par calcul politique, tu as choisi de ne pas aller.
Qui, même si cela te conduit à le présenter comme le grand méchant loup, a le courage de mettre les mains dans le moteur et le cambouis quand tu te contentes de vociférer et de faire monter la mayonnaise? Pas toi, que je sache, mains propres car inutilisées, te tenant bien en marge des difficultés du moment en espérant seulement ramasser la mise au lieu de te relever les manches.
Alors, qu'est-ce qu'on attend pour le faire savoir, Ici et Maintenant comme disait l'autre, et Partout, pendant qu'on y sera ?
On ne va quand même pas se laisser démolir à coup de beignes dans la gueule sans broncher, alors même que la campagne des municipales n'a pas encore vraiment commencé, que les gesticulations de ce beau parleur n’ont d’autre objectif que de lui permettre d’espérer exister à nouveau et mordre sur ce parti socialiste, décrit en grand Satan après s'en être servi pour émerger.
Ce n'est pas sa prestation dans la matinale de ce mardi matin sur France Inter (podcastable pour ceux qui ont raté ce grand moment de radio : http://www.franceinter.fr/emission-linvite-jean-luc-melenchon qui va contredire cette analyse et contribuer à nous rassurer.
Pire que le meilleur du Marchais et du Le Pen fusionnés, l'intonation, le vocabulaire, l'interruption du journaliste pendant sa question, les invectives à la presse, à ce con d’establishment politique qui n’est pas foutu de parler comme lui, dru et cru, et de se hisser à la hauteur de son intelligence politique : toute la panoplie de l’incarnation d’un sauveur et d’un gourou pour surfer sur la misère, voire même l’abuser pour tenter de l'enrôler.
Derrière lui, les œillades de la mielleuse Marine ou de l'UMP pourtant moribond vont pouvoir passer comme des lettres à La Poste, car il en aura par avance dédramatisé la portée par ses propres excès de langage et de comportement.
Même Marcel Rufo s‘en est mêlé dans sa chronique sur l’adolescence pour l’inviter à demi-mots à passer à l’âge adulte politique, celui où, du monde fantasmatique et rêvé, on rejoint la réalité de la vraie vie.