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Billet de blog 3 mars 2013

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Les effets du venin

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai d'abord vu la photo.    Un serpent vert pas très sympathique, c'est rare que l'on aime vraiment ce genre de bêtes-là!

Pourtant, je venais il y a peu de temps, de lire un article du National Geographic à propos du mamba vert.  Et j'ai cru tout d'abord qu'il allait être question du même sujet.  C'est vrai que je n'avais pas fait attention, dans un premier temps, à l'auteur du billet...

J'ai commencé la lecture, évidemment l'erreur n'était plus possible, il ne s'agissait pas du mamba.

Au moment même de son décès, avoir la réaction infecte d'insulter un homme, ... je suis restée consternée devant autant de petitesse et de bêtise!

Et quand cet homme a le parcours de Stéphane Hessel, qu'il a consacré sa vie à faire respecter la dignité humaine et son droit à la liberté, l'attaquer est tout particulièrement odieux. 

J'ai regardé les commentaires ensuite, avec retard puisque j'ai découvert ce billet deux jours après sa parution.  Réactions indignées à peu près unanimement, ce n'était que justice, même si -évidemment- tout le monde n'a pas toujours été d'accord avec lui sur tout de son vivant.

Très vite, j'ai vu que plusieurs lecteurs et lectrices s'étaient posé la question : doit-on alerter la rédaction de Médiapart?   Plusieurs lecteurs ont très bien posé le problème : moralement, il nous faut condamner une telle dérive.  Le faisant, ne va-t-on pas nous accuser de demander nous-mêmes une limitation du droit d'expression?  Est-il préférable de faire taire cet appel à la haine (car il s'agissait bien de cela) ou doit-on argumenter pour démonter les accusations de l'auteur?   Le temps passait, la rédaction a fait connaître enfin sa désapprobation par la réponse de Géraldine. Nous avons noté que c'était une réaction à minima, extrêmement prudente, et le texte incriminé est resté en ligne.  Apparemment, il y est toujours.

J'ai réfléchi moi aussi et cela m'a amenée à faire quelques réflexions : 

L'intolérance et la haine sont des sentiments qui n'attendent qu'une occasion pour remonter à la surface, ce n'est pas enfoui du tout dans l'être humain.  Le climat actuel y est particulièrement propice avec les difficultés sociales de plus en plus grandes pour la majorité d'entre nous.   C'est difficile de garder son calme, les réactions des uns et des autres en sont exacerbées.  A vouloir -bien légitimement-  réparer l'injustice, les positions deviennent radicales, il n'est plus possible de discuter.

Apaiser les esprits!  désamorcer les conflits... du calme!  La situation est bien trop grave dans le monde pour y ajouter encore de l'agitation!

Ce que je regrette?   Que les journalistes de Médiapart, Edwy Plenel lui-même - je pense qu'il était dans son rôle-  n'ait pas et très rapidement pris la plume pour mettre les choses au point.  

Le droit d'expression est une valeur qui n'a pas à être remise en question, elle n'est pas négociable.  Cacher quelque chose de mauvais ne le fait pas disparaître, je pense même que c'est lui donner plus de force en cela-même qu'il a droit à s'exprimer (nous avons alors le devoir de combattre) 

Le respect humain n'est pas davantage négociable, et s'agissant d'une personne décédée, c'est doublement condamnable de l'attaquer.

La haine, c'est là qu'est le véritable venin du serpent, c'est lui dont la morsure est aussi redoutable, aussi expéditive que celle du serpent mamba!

Je reviens à ce mamba vert qui était le départ de ma lecture, l'article du National Geographic portait sur les recherches que l'on fait actuellement sur le venin de ce serpent, celui-là et celui d'autres mambas (le noir par exemple) ainsi que sur le venin d'autres espèces (araignées ou scorpions).    Ces études sont extrêmement prometteuses.  Pour peu que les recherches puissent être convenablement financées, ce sont des pans entiers de la pharmacologie qui pourraient en être transformées : les venins contiennent des peptides extrêmement divers, ciblant de façon particulièrement fine les cellules qu'ils attaquent.  On voit immédiatement à quel point ils seraient utiles pour traiter les pathologies, en évitant les effets indésirables.   Tout le contraire du venin distillé par la haine!   Lui ne peut pas guérir, il ne peut que tuer!

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