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Billet de blog 5 octobre 2014

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Faire semblant

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le nombre des migrants noyés en mer,  plus particulièrement en Méditerranée,  est en constante augmentation.   Il explose même en cette année 2014, atteignant déjà au début de l'automne un chiffre plus élevé que pour la totalité de 2013.

http://www.algeriepatriotique.com/article/21-344-migrants-clandestins-noyes-en-mediterranee-en-26-ans


Qu'ils viennent des pays d'Afrique (les plus nombreux) ou de quelque autre région du monde, il ne faudrait pas penser que laisser derrière soi son pays, sa famille, l'ensemble de ses amis, et toutes ses habitudes, est une décision facile à prendre.   Le danger de la traversée, ils ne l'ignorent plus,  trop des leurs manquent à l'appel et ne reviendront pas.  Le danger qu'ils courent chaque jour au pays est pire encore, quand la guerre et la pauvreté leur ôtent tout espoir d'avoir une vie normale un jour.   La conséquence est cette tentative, souvent désespérée, de saisir la toute petite chance de forcer leur destin.  

L'Europe, à raison ou à tort, passe pour un eldorado aux yeux de ceux-là;  ils vont donc affronter tous les risques pour arriver jusqu'à ses côtes. Celles d'Italie sont en principe les moins lointaines, d'où l'affluence que l'on sait pour tâcher d'atteindre Lampedusa.   Que la population de l'île ait montré souvent sa solidarité, en accueillant les exilés débarqués dans un bien triste état, n'empêche pas le réglement d'être inflexible.  L'asile sera le plus souvent refusé, accords européens obligent, d'une limitation drastique des entrées en Europe.  

Il n'est pourtant pas possible d'assister passivement à ces noyades, si prévisibles à chaque nouvelle flambée de violence sur le continent africain.  Des brigades de surveillance ont donc été mises en place, pour ne plus seulement repousser les mauvaises embarcations des migrants, mais pour déjà détecter leur présence , leur portant secours si nécessaire ... et accessoirement ne plus laisser passer "les chanceux" qui seraient arrivés vivants à bon port?

On ne peut bien sûr que se réjouir de noyades évitées, c'était insupportable de retouver des cadavres d'hommes souvent très jeunes, de femmes quelquefois et d'enfants -bébés compris-  échoués sur le sable.  Comment accepter ça?    Mais, après avoir un peu remis sur pied ces malheureux, n'est-il pas d'une cruauté immense de les renvoyer dans l'enfer dont ils étaient sortis?

C'est très insuffisant d'apporter un secours en mer, le problème est beaucoup plus vaste et nous le savons tous.

Si nous voulons éviter qu'autant de migrants essaient de venir chercher du secours dans nos pays, l'évidence n'est-elle pas de travailler vraiment à éliminer les causes de leur départ?    N'avons-nous réellement aucune responsabilité dans la situation qu'ils fuient en quittant leur pays?

Nous connaissons trop bien les réponses à ces questions,  ces guerres menées pour des intérêts qui ne sont certainement pas les leurs, ni ces conditions de travail insupportables qu'ils ne peuvent que fuir car elles ne leur permettent pas de vivre.   Les raisons de leur exil et de leur désespoir, nous les connaissons très bien.   Alors non : cessons un peu de nous donner le beau rôle, en jouant les valeureux secouristes.  Eviter les noyades bien entendu, et multiplier les secours, mais ne nous arrêtons pas là.   Arrêtons de faire semblant!   Ils ne méritent pas cette fausse commisération.

Amnesty international nous invite à signer une lettre à notre ministre de l'Intérieur, en charge des question d'immigration.

http://file.splio3.fr/6T2/wA/rjGg/?utm_source=emailing-action&utm_medium=email&utm_campaign=2014-10-03-marenostrum

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