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Billet de blog 6 novembre 2014

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Non, nous n'accueillons pas toute la misère du monde

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous n'en faisons pas notre part non plus, pour reprendre une phrase souvent entendue.

La France avait pris l'engagement -que l'on pouvait déjà trouver minimal, compte tenu des besoins immenses-  d'accueillir sur son sol 500 réfugiés Syriens, fuyant les horreurs de la guerre.   Cet engagement n'est pas tenu, loin de là.   Les pays frontaliers de la Syrie, Liban, Turquie, Jordanie, se retrouvent avec un afflux massif de personnes sans ressources qu'elles s'efforcent de nourrir, soigner et loger;  Ces  frontaliers, eux-mêmes, ne sont pas des pays riches, un tel afflux les fragilise encore.    Il semble que solidarité, hospitalité soient cependant pour eux des mots qui ont encore un sens.   Dans nos pays occidentaux, où des richesses existent, ces notions semblent être désormais dénuées de signification.   La France se distingue encore par sa mauvaise volonté.

Une nouvelle fois, alors que l'hiver commence, rendant plus dures encore leurs conditions de (sur)vie,  Amnesty International s'émeut devant la détresse des personnes déplacées.

Réfugiés de Syrie : comment la France peut-elle être aussi loin du compte ?

François Hollande aux Nations unies. © UN Photo/Yubi Hoffmann

[18/10/2014]

Il y a un an, le président François Hollande avait annoncé l’accueil de 500 réfugiés de Syrie en France. Un an après, plus de la moitié attendent toujours dans les pays voisins de la Syrie, qui reçoivent aujourd’hui la presque totalité des réfugiés. Face à cette situation inacceptable, il est temps de réagir

Suite à l'annonce de l'accueil de 500 réfugiés syriens en octobre 2013, nous avions interpellé le président  François Hollande par une lettre ouverte en lui rappelant que cet engagement était plus qu’insuffisant. 

UNE SITUATION CATASTROPHIQUE

Le conflit en Syrie a donné lieu à la plus grave crise en termes de personnes déplacées dans le monde. Aujourd’hui, plus de 3,3 millions de réfugiés ont fui la Syrie et 6,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de la Syrie.

Le président de la République avait brandi le chiffre de 500 comme un signe de solidarité. Pendant ce temps, les pays voisins comme le Liban, la Turquie et la Jordanie accueillent la plupart des réfugiés de Syrie. Au Liban, 9 000 nouvelles personnes arrivent chaque semaine, fuyant les horreurs de leur pays. Un habitant sur quatre est un réfugié en provenance de Syrie. Après presque quatre ans, ce petit pays n’est plus en mesure de les accueillir correctement : ils manquent de tout, eau, nourriture, accès à la santé, à l’éducation. En Turquie, le dernier afflux de réfugiés met à rude épreuve les ressources déjà sous pression du pays. 

En savoir plus : le récit de notre chercheur sur place en janvier 2014

L’hiver rigoureux qui s’annonce risque d’aggraver les conditions de vie des réfugiés. 

DES ENGAGEMENTS NON TENUS

Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a appelé la communauté internationale à réinstaller100 000 réfugiés vulnérables de Syrie en 2015 et 2016. 

La France est loin d’avoir tenu son engagement, déjà peu ambitieux au regard de l’ampleur des besoins, et malgré la nouvelle annonce faite en juillet d’accueillir 500 réfugiés supplémentaires.

Plus de la moitié des 500 personnes annoncées l’année dernière attendent toujours dans les pays voisins de la Syrie, dans des conditions de vie terribles. 

A deux semaines de la conférence internationale de Berlin sur la question des réfugiés de Syrie, force est de constater que les gouvernements de l’Union européenne se montrent globalement très peu solidaires, à quelques exceptions près. Seulement 4% des réfugiés syriens ont trouvé asile en Europe, la Suède et l’Allemagne reçoivent 56% des réfugiés syriens. 

A lire : La France fait peu et trop lentement

FACE A CETTRE CRISE, UNE OBLIGATION INTERNATIONALE

Partager l’accueil des réfugiés entre les Etats, face à une crise comme celle qui secoue la Syrie, est une obligation internationale qui s’impose aux Etats ayant, comme la France, ratifié la convention de Genève de 1951 qui protège les réfugiés.

La réinstallation des réfugiés identifiés par le HCR – à la différence des réfugiés de Syrie qui arrivent en France par leurs propres moyens et qui déposeront une demande d’asile - est un moyen efficace pour mettre à l’abri les personnes les plus vulnérables qui sont bloquées dans des camps surpeuplés ou de fortune. 

Il est important d’élaborer une réponse globale à la crise des réfugiés au Moyen-Orient, notamment en Syrie et en Irak. Cette réponse doit s’axer sur l’aide humanitaire, un programme d’aide aux pays d’accueil pour faire face aux besoins des réfugiés en termes d’éducation, de santé et de logement, et la réinstallation de dizaines de milliers de réfugiés dans les années à venir.

LA FRANCE DOIT AGIR MAINTENANT

Les États comme la France envoient des fonds pour que les réfugiés restent en Turquie, au Liban ou ailleurs, plutôt que de les accueillir ici. Quel que soit le montant de la contribution financière, certes très importante, il ne remplace pas la réinstallation et l’accueil des réfugiés. 

Nous demandons à la France d’agir, rapidement et efficacement, pour tenir ses promesses et afficher leur solidarité avec ces personnes fuyant le conflit qui ravage la Syrie. 

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