Nous avions trouvé que notre gouvernement était bien prompt à faire envoyer des bombes "libératrices" sur la population syrienne, qui déjà en reçoit largement son comptant sans cette "aide". Eh bien, cette fois les nôtres ne pourront pas être accusés d'avoir réagi trop vite! Si les pays voisins se serrent pour accueillir les réfugiés, si plusieurs pays européens ont dit oui, les nôtres - après avoir traîné les pieds- commencent tout de même (avec force conditions) à envisager la possibilité d'entrouvrir la porte...
Ce sont des informations données par Amnesty International
Syrie : la France doit s’engager en accueillant des réfugiés
Camp de Zaatri en Jordanie
[05/09/2013]
L’Agence des Nations-unies pour les réfugiés a annoncé ce mardi 3 septembre 2013 que le nombre de réfugiés fuyant le conflit en Syrie avait dépassé les deux millions. En Europe, des Etats manifestent leur solidarité en faisant venir des réfugiés sur leur sol. La France, elle, ne fait rien de tel.
La réinstallation pour être solidaire et protéger les réfugiés de Syrie
C’est une question de solidarité internationale : partager l’accueil des réfugiés entre les Etats en cas de crise comme celle qui secoue la Syrie est une obligation internationale qui s’impose aux Etats qui, comme la France, ont ratifié la convention de 1951 qui protège les réfugiés.
Parmi les moyens existant pour protéger les réfugiés, il existe un moyen efficace de mettre à l’abri les personnes les plus vulnérables qui sont bloquées dans des camps surpeuplés : la réinstallation.
La réinstallation consiste pour un Etat à accepter directement sur son territoire des personnes identifiées par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés comme ayant particulièrement besoin, dans un contexte comme celui de la Syrie, d’une protection efficace, d’une autre nature que celle offerte par les camps de réfugiés. Ces personnes sont alors rapatriées dans l’Etat d’accueil et bénéficient du statut de réfugiés.
Mais la France continue de dire « non »
En dépit des multiples demandes d’Amnesty International France et de parlementaires sensibilisés, la France maintient qu’elle n’a pas l’intention d’accueillir des réfugiés Syriens en ayant recours à la réinstallation, même dans le cadre et contexte exceptionnel de ce conflit.
Pour le ministère de l’intérieur :
- le dispositif d’accueil des demandeurs d’asile est saturé.
Mais cet argument ne tient pas face à des pays comme la Jordanie, l’Irak ou le Liban qui accueillent presque à eux seuls les 2 millions de réfugiés. De plus l’Allemagne, premiers pays d’accueil des demandeurs d’asile de l’Union européenne s’est engagée à réinstaller 5.000 réfugiés de Syrie.
- la protection doit être renforcée dans les pays voisins.
Certes la réinstallation ne permettra pas de protéger les 2 millions de réfugiés. Mais parmi eux certains sont dans une situation plus vulnerable et ont besoin de trouver un refuge sécurisé et pérenne dans un autre Etat. Renforcer la protection sur place ne règle pas leur situation .
La France ne doit plus refuser : elle doit décider d’accepter sur son territoire des réfugiés de Syrie en les réinstallant.
Mise à jour jeudi 12 septembre 2013
Ce matin, Laurent Fabius, invité d'une émission radio, a annoncé que la France allait accueillir des réfugiés syriens.
Amnesty International France prend note de cette déclaration positive des autorités françaises. Notre organisation espère que cette décision va être prise et annoncée officiellement et rapidement compte tenu de la situation des réfugiés syriens.
Le ministre a également évoqué le fait d'accueillir des familles syriennes qui ont des attaches en France. Amnesty International rappelle que parmi les critères qui permettront d'accueillir des réfugiés syriens, la prise en compte de la vulnérabilité des réfugiés doit être une préoccupation première. Cela concerne les victimes de tortures et de mauvais traitements en Syrie, les personnes isolées, enfants, femmes et personnes âgées, mais également les personnes qui, du fait de leur situation personnelle, sont exposées, dans les camps de réfugiés ou les pays d'accueil limitrophes de la Syrie à des persécutions.