Ce qu’il y a de bien lorsque tu es tiré au sort pour participer à un comité de citoyens créé par Monsieur le Président, c’est que tu deviens aussitôt un interlocuteur pertinent pour les médias : la célébrité n’est pas loin. Ainsi de ce chauffeur de car, prénommé Philippe, qui a pu regretter sur France Inter, du haut de sa compétence nouvelle, que lorsqu’on se faisait vacciner le personnel soignant insistait trop sur les effets secondaires possibles et pas assez sur les merveilleux avantages de la potion, oubliant au passage qu’avertir sur ces effets secondaires est une obligation légale : peut-être d’une santé robuste n’a-t’il eu jamais dans les mains la notice d’un médicament avec ses innombrables avertissements.
Allant plus loin dans sa leçon aux infirmières il s’est dit choqué que certaines soient contre le vaccin et a conclu : « Je voudrais faire remonter que quand on va se faire vacciner ou qu’on va dans les hôpitaux, je ne sais pas, c’est des règles de base, les gens soient positifs. »
On ignore de quelles règles de base il parle, France Inter ne nous a pas éclairé, ni à qui il va faire remonter, mais si les membres de ce comité de citoyens sont à l’image de ce spécimen on n’a pas fini d’entendre des leçons de morale légitimées par le tirage au sort : ce n’est plus la démocratie mais la lotocratie.