La prétendue neutralité d'Amnesty International confine à la mascarade intellectuelle
Au nom d’une prétendue neutralité, le rapport d’Amnesty International fait comme si les deux belligérants s’affrontaient en terrain neutre. Or, nous avons affaire à une guerre d'agression caractérisée, qui contraint l'armée ukrainienne à combattre à l’intérieur des villes, systématiquement ciblées par l’agresseur qui entend procéder à leur destruction. La politique de terreur de l’armée russe ─ bombardement des hôpitaux et immeubles d’habitation, viols, déportation des enfants, tortures et massacres des prisonniers ─, rencontre inévitablement une résistance dans laquelle sont engagés, souvent indistinctement, civils et militaires.
Le rapport d’Amnesty sème le doute sur les crimes de guerre russes.
Ce contexte ─ la violation brutale et flagrante du droit international que constitue l’invasion russe de l’Ukraine ─ est absent du rapport, où rien ne distingue l’agresseur de l’agressé. C’est d’autant plus regrettable que la réalité des crimes de guerre russes à Marioupol a été constatée par Amnesty International dans un rapport antérieur. Pire, le dernier communiqué en vient à semer le doute sur les crimes de guerre russes envers les civils ukrainiens, documentés préalablement.
Si la « neutralité » dont se prévaut Amnesty a, jusqu’ici, assuré sa crédibilité dans la défense des droits humains, l’impartialité ne peut se réduire à l’équation « 5 minutes pour les victimes, 5 minutes pour les agresseurs » ; sauf à se transformer en indifférence à l’égard de la tragédie des peuples et en aveuglement désastreux face à cette guerre qui oppose une démocratie à une dictature totalitaire.
Un aveuglement qui nuit à la crédibilité d'Amnesty International
Le communiqué du 4 août est indigne des missions d’Amnesty et de la défense des droits humains. La démission d’Oksana Pokalchuk, directrice de la branche ukrainienne d’Amnesty, aurait dû être un avertissement. Hélas, le lendemain, par la voix de sa directrice internationale, Agnès Callamard sur Twitter, l’ONG persiste dans sa position et récuse les critiques que lui adressent les Ukrainiens. Le 7 août, face à une vague massive de condamnations, Amnesty « maintient ses conclusions » tout en « regrettant » leur effet en Ukraine.
Ces « regrets » opportunistes ne suffisent pas ! Comme elle l’a fait antérieurement (en désavouant sa décision erronée de retirer son statut de prisonnier de conscience au dissident russe, Alexeï Navalny), Amnesty International doit se ressaisir et rejeter cette malheureuse caricature d’elle-même. Sa crédibilité est en jeu.
Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !