Avec ou sans Taubira, le programme de gouvernement existe déjà, au moins virtuellement: c'est ce qui pourrait sortir d'un pacte entre les courants politiques de gauche qui croient pouvoir se présenter au premier tour de la présidentielle sans avoir aucune chance d'être présents au second tour: Insoumis, Ecologistes, Socialistes, Communistes... Si le "socle commun" présenté par la Primaire Populaire n'est satisfaisant pour aucun de ces courants, il indique cependant la direction à prendre par leurs leaders: conclure un contrat de législature permettant de gagner une majorité aux législatives pour gouverner le pays.
Quant au projet présidentiel, la Gauche n'a évidemment pas besoin de Taubira pour une nouvelle candidature présidentialiste, qui n'aurait pas plus de sens que les autres dans la situation actuelle. Elle a besoin d'un projet d'un nouveau genre, dans l'esprit de la "VIème République" que disent vouloir les uns et les autres : une candidature d'union permettant de disputer le second tour, d'ouvrir la voie à une majorité parlementaire et de gouverner le pays, avec un Premier Ministre qui serait un vrai chef de gouvernement comme l'ont été Jospin, Balladur et Chirac lors des périodes de cohabitation.
Taubira pourrait être une "femme providentielle" si elle permettait de transformer la situation dans ce sens, en devenant la Présidente de ce qui serait déjà une Vème République bis, dont les expériences de cohabitation ont montré qu'elle pouvait fonctionner ainsi, avec une majorité parlementaire gouvernant le pays dans le cadre des institutions actuelles.
Mais à la différence des cohabitations subies, qui ne pouvaient être que précaires et sans lendemain, une présidence de ce type préparerait la voie à la démocratisation des institutions dans un sens parlementaire et participatif. Et permettrait d'aller vers une "VIème République" qui, à l'inverse, n'aurait aucune chance d'émerger d'une miraculeuse victoire présidentialiste obtenue dans les règles et l'esprit de la Vème, c'est-à-dire la victoire personnelle d'un.e Président.e qui lui permet de créer une "majorité présidentielle" sur son nom et sous sa dépendance.
Si le "projet présidentiel" de Taubira est celui-là, ce n'est pas à elle d'avoir un "programme de gouvernement" mais à Mélenchon, Jadot, Hidalgo, Roussel, etc. Aucun.e n'a de chances d'être Président.e, mais l'un.e d'entre eux a des chances réelles d'être Premier Ministre et de gouverner le pays en s'appuyant sur une vraie majorité parlementaire.
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En guise de Post Scriptum à ce billet, le 15 janvier 2002:
L'annonce officielle de la candidature de Christiane Taubira à la Primaire Populaire ce samedi 15 janvier confirme, hélas, que la posture présidentialiste qu'elle a choisie n'en fait qu'une candidate de plus, avec un "programme" de plus.
Une candidature inutile, donc, à laquelle les autres "présidentiables" n'auraient aucune bonne raison de se rallier puisqu'elle joue comme eux dans l'esprit présidentialiste de la Vème République...