La destruction d'oeuvres culturelles par les islamistes en Afghanistan ou en Irak est un crime contre nos ancêtres et contre les civilisations qui nous ont précédés. Mais en allant au-delà de cette déclaration, il faut revenir à la réalité de ce que nous vivons ici, en France, en 2015 ; observons l'attitude de très nombreuses personnes du personnel politique lorsqu'il s'agit de faire des coupes sombres dans les budgets et d'innombrables citoyens-électeurs qui vous déclarent très naturellement : « A quoi ça sert la culture ? En quoi l'art est-il utile ? ».Pour ceux, qui ne liront pas hélas ces lignes et pour nous, pour nous rassurer, pour nous démontrer que nous ne faisons pas fausse route, pour oeuvrer à la grandeur de notre pays, la France, voici quelques articles, quelques textes, quelques chiffres.
Destruction de biens culturels en Irak et ailleurs: comment les groupes armés islamistes saccagent le patrimoine mondial
Le HuffPost | Par Romain Herreros 27/02/2015
http://www.huffingtonpost.fr/2015/02/27/islamistes-patrimoine-saccage-daech-unesco_n_6766936.html
INTERNATIONAL - Les images diffusées par Daech sont écœurantes. Dans cette scène tournée dans le musée de Ninive à Mossoul (au nord de l'Irak), plusieurs jihadistes saccagent des sculptures millénaires à grands coups de masse. Au motif que celles-ci préexistaient à la naissance de l'Islam et qu'elle représentent à leurs yeux des divinités païennes.
Jeudi 26 février, la directrice générale de l'UNESCO a d'ailleurs demandé une "réunion de crise" du conseil de Sécurité de l'ONU. "Cette attaque est bien plus qu'une tragédie culturelle, c'est également une question de sécurité parce qu'elle alimente le sectarisme, l'extrémisme violent et le conflit en Irak", a dénoncé Irina Bokova dans un communiqué.
Mais au-delà de ce massacre archéologique, l'obsession qu'ont les islamistes à détruire des joyaux du patrimoine mondial interpelle.
Avant Mossoul, les Bouddhas de Bâmiyân
En 2001, ce sont les Bouddhas de Bâmiyân qui ont été victimes du fanatisme islamiste. Ces statues bouddhistes monumentales bâties entre le IIIe et le Ve siècle au nord-est de Kaboul (Afghanistan) ont subi des tirs d'artillerie après que l'influent mollah Omar les ait décrétées "idolâtres". Pendant 25 jours, des centaines de talibans venus de tout le pays s'étaient acharnés à les détruire, à coups de roquettes et de dynamite.
"L'UNESCO et la communauté internationale ont assisté, impuissants, à la destruction des remarquables Bouddhas de Bâmiyân. Les deux statues monumentales témoignaient depuis 1500 ans de la grandeur de notre humanité partagée" expliquait, amère, l'institution onusienne sur son site.
Dommage collatéral de cette destruction, le site archéologique a été pillé et plusieurs morceaux des fresques anciennes qu'il abritait ont été revendues sur le marché noir. Outre les bouddhas de Bâmiyân, les trésors du Musée de Kaboul, de Ghazni et d'Herat ont aussi été détruits en mars 2001.
Mais le cas de l'Afghanistan est loin d'être isolé. Partout où le terrorisme islamiste s'installe, il reproduit le même schéma. En Irak, à Tombouctou au Mali (voir ci-dessous), mais aussi en Libye où des islamistes ont démoli et profané dès 2012 plusieurs mausolées à coup de pelleteuse (à Tripoli et Zliten notamment)... Une bibliothèque et une université ont également été la cible d'actes de destruction et de pillage dans le pays dirigé par Mouammar Kadhafi jusqu'en août 2011.
Mausolées détruits et manuscrits brûlés à Tombouctou
La progression du groupe islamiste Ansar Dine dans le Nord Mali à l'été 2012 a coûté cher au patrimoine ancestral de Tombouctou. L'objectif des islamistes: y "détruire tous les mausolées", comme l'avait expliqué l'un des porte-paroles du groupe armé à l'époque. Au total, ils parviendront à en détruire sept sur les seize que compte "la cité des 333 saints", classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1988.
Autre sanctuaire culturel dans le viseur des islamistes au Mali, la bibliothèque de l'Institut Ahmed-Baba dans laquelle étaient entreposés des milliers de manuscrits anciens, certains datant du XIIIe siècle. Or, la majorité de ceux-ci ont été sauvés par une poignée de résistants qui les ont acheminés vers Bamako pour les mettre à l'abri. Les islamistes quant à eux, ne sont parvenus qu'à brûler une partie de ce trésor. En effet, une centaine d'ouvrages religieux des XIXe et XXe siècles dont l'intérêt scientifique était moindre ont été victimes de cet autodafé.
Pourquoi cet acharnement ?
L'obstination qu'ont les islamistes à vouloir rayer tout ce qui ne correspond pas à leur vision religieuse revêt deux aspects, selon plusieurs chercheurs. D'un point de vue théologique, il s'agit d'"éradiquer toute forme matérielle de notre civilisation" explique à L'Obs l'anthropologue Malek Chebel. Selon ce chercheur, "nous sommes face à un mouvement fondamentaliste qui veut revenir aux premiers jours de l'islam", ce qui équivaut à rejeter tout ce qui est antérieur au coran.
"Il s'agit de deux formes d'Islam difficilement compatibles", commente aussi pour Sciences et Avenir l'archéologue et anthropologue suisse Eric Huysecom.
"Pour la première, ces monuments sont le témoignage d'un islam 'd'ouverture', d'un islam 'rayonnant', tant dans le domaine des arts, de la littérature que des sciences ou de la médecine, mais aussi d'un islam de tolérance, où le non-musulman avait aussi sa place.
Cette image d'islam tolérant, brillant par la culture et le savoir, est contraire à celle que prônent les mouvements intégristes et radicaux tels qu’Ansar Dine ou Aqmi (Al-Qaida au Maghreb). Pour ces derniers, les cultes personnalisés dont font l’objet les saints inhumés dans ces mausolées sont incompatibles avec un islam où seul le Prophète peut être invoqué. Je me permettrais la comparaison entre la révolte protestante contre le culte des saints pratiqué par la religion catholique, il y a quelques siècles.
Mais au delà de cette dimension strictement religieuse, ces destructions endossent aussi un caractère politique. Interrogé sur l'offensive menée à Tombouctou, l'islamologue Mathieu Guidère estime que la finalité de ces saccages était d'attirer l'attention sur Ansar el Dine. "Tout cela ressemble à une opération de communication, expliquait-il à L'Obs soulignant la nécessité pour le groupe armé de s'imposer comme seul interlocuteur dans la région.
Le patrimoine irakien en grand danger
"Il y a urgence". En ces termes, l'UNESCO dresse l'état des lieux des menaces pesant sur le patrimoine en Irak. "Des sites culturels irakiens, comme la tombe du prophète Jonas à Mossoul ou des palais assyriens ainsi que des églises et d’autres monuments, ont été détruits et pillés et il est à craindre que les biens culturels illégalement acquis viennent alimenter le trafic illicite" écrit le site de l'organisation.
Le plus préoccupant, c'est que la vidéo mise en ligne jeudi 25 février ne pourrait qu'être la partie immergée de l'iceberg. Au début du mois de janvier par exemple, ce sont quelques 2000 livres et manuscrits datant de plus 7000 ans qui sont partis en fumée."Les extrémistes ont déjà commencé à détruire les livres dans les autres bibliothèques publiques de Mossoul" s'alarmait un professeur d'histoire irakien auprès de Alarabtv cité par FTVI.
La situation est-elle désespérée ?
Comme la fuite des manuscrits de Tombouctou le montre, il y a toujours des hommes et des femmes pour tenter de porter secours aux biens de mémoire et de culture. C'est par exemple le cas de Khan Ali, un maçon afghan, qui a entrepris de restaurer les boudhas détruits par les talibans. Aujourd'hui c'est une petite équipe qui travaille à ses côtés en compagnie d'un archéologue germano-afghan comme l'explique Vice.
Mais au-delà de ces initiatives individuelles que n'auraient pas reniées les célèbres "Monuments Men" portés à l'écran par George Clooney, les institutions s'organisent également pour sauvegarder le patrimoine mondial, notamment en Irak. La directrice de l'UNESCO a en effet fait savoir ce vendredi 27 février qu'elle avait saisi la Cour Pénale Internationale à la suite des saccages commis par Daech. "On lance une coalition internationale contre le trafic illicite des biens culturels" explique-t-elle en insistant sur le fait que le recel de ces œuvres sert surtout à financer le terrorisme.
Au moment de la destruction des mausolées de Tombouctou, la CPI prévenait que ces actes étaient qualifiés de "crime de guerre" par la justice internationale. Reste désormais à savoir ce que donneront ces appels à la justice et si des actions concrètes de sauvegarde seront menées par la coalition.
Quatre sites en Irak sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, dont deux sont enpéril. Six sites syriens sont inscrits, tous en péril. À titre de comparaison, 39 sites français sont inscrits.
Le patrimoine irakien au service des islamistes | i24news - Voir plus ...
Le patrimoine irakien pillé au profit des islamistes- 30 septembre ...
Les images d'un musée saccagé par des djihadistes en Irak
En Irak, le califat détruit le patrimoine de la Mésopotamie - Moyen ...
Le patrimoine irakien pillé au profit des islamistes - Infos - Replay
La destruction du patrimoine culturel préchrétien, chrétien et ...
Quand les djihadistes s'en prennent au patrimoine culturel - Le Figaro
Les crimes de l'Etat islamique contre le patrimoine n'exonèrent pas …
- « La Croix » du 02-03-2015
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Mgr-Pascal-Gollnisch-L-atteinte-aux-aeuvres-d-art-participe-d-une-epuration-ethnique-et-culturelle-2015-03-02-1286445
Mais peut-on mettre sur le même plan la destruction d’œuvres d’art et les crimes commis contre les personnes ?
Mgr Pascal Gollnisch, directeur de cette œuvre d’aide aux chrétiens d’Orient : Il est évident qu’un crime contre l’humanité est une atteinte à la vie, et qu’un crime contre une œuvre d’art est d’un autre domaine. Mais ici, l’atteinte aux œuvres d’art participe d’une épuration ethnique et culturelle : on veut évacuer de la carte un peuple par sa culture.
- Qui a planifié le pillage des musées nationaux irakiens ?
par R. N. 17-04-2003
http://www.voltairenet.org/article9534.html
En une semaine, les sept plus grands musées nationaux irakiens ont été pillés et la Bibliothèque nationale a été incendiée. Le plus vieil État du monde a été dépossédé de l’essentiel de ses trésors archéologiques et artistiques sous le regard impassible des forces de la Coalition. Cependant, alors que ces événements ont été présentés par les agences de presse états-uniennes comme une conséquence du chaos dans lequel le pays est plongé, des personnalités internationales n’ont pas tardé à dénoncer une vaste opération de spoliation organisée par un groupe de marchands d’art occidentaux. L’UNESCO a appelé à l’interdiction de commercialisation des œuvres volées. Le président Chirac a qualifié ces cambriolages de « crimes contre l’humanité » insinuant qu’ils auraient pu être ordonnés par un gouvernement. Pour éviter que le scandale ne rejaillisse sur la Maison-Blanche, le conseiller aux Affaires culturelles du président Bush a présenté sa démission.
Réseau Voltaire International | 17 avril 2003
Les pillages ont eu lieu dans des villes « libérées » par la Coalition. Asif Mohammed, conservateur du musée de Mosul, qui fait partie de la liste des institutions culturelles pillées, a attesté à nos confrères du Guardian de la présence des troupes états-uniennes dans la ville lorsque le pillage a eu lieu.
Pourtant, aucune action n’a été entreprise pour protéger le musée. Même scénario lors du saccage du Musée National de Bagdad, dont 80 % des quelques 150 000 pièces ont été dérobées, selon Moayyed Saïd al-Damergi, conseiller de l’ancien ministre de la Culture. « Les chars américains étaient stationnés devant l’entrée principale du musée, lorsque les pillards l’ont mis à sac sous le nez des soldats », affirme M. Damergi, professeur d’Archéologie à l’université de Bagdad, rapporte une dépêche AFP, « nous avons demandé de l’aide aux soldats pour s’opposer aux pillards, mais ils nous ont répondu qu’ils n’avaient pas d’instructions pour intervenir ».
Les plus éminents archéologues avaient prévenu la Coalition des risques de vols aux conséquences désastreuses. Des spécialistes états-uniens avaient été reçus au Pentagone bien avant le début des combats afin de sensibiliser les militaires à « la probabilité des pillages de sites historiques », identifiant les sites sensibles à protéger. « Ils étaient informés. Tout ça aurait pu être évité » dénonce Jeremy Black, spécialiste de l’Irak antique à l’université d’Oxford. Mais de manière paradoxale, malgré les mises en gardes adressés par des experts internationaux, rien n’a été entrepris pour empêcher le hold-up de musées.
La Coalition a argué dans un premier temps que cette mission n’était pas de son ressort, puis, devant l’émoi international, elle se pose aujourd’hui en preux défenseur du patrimoine culturel irakien. Le secrétaire d’État états-unien, Colin Powell, a déclaré, le 14 avril à Washington, que « les États-Unis appellent la population à rendre tout objet volé et lui donnent des instructions sur la façon de procéder. Le Bureau de la reconstruction et des affaires humanitaires aidera les Irakiens et les experts internationaux à restaurer les objets et à reconstituer les catalogues endommagés par les pilleurs ». Malheureusement trop tard. On ne peut que déplorer que l’armée états-unienne n’ait pas eu le même empressement à protéger les musées qu’à sécuriser les puits de pétrole.
À Bagdad, le seul bâtiment officiel protégé par les forces coalisées durant les pillages était le ministère du Pétrole. Il est communément admis que le pétrole irakien est convoité par les états-uniens. Mais d’autres faits laissent penser que leur convoitise ne s’arrête pas là.
Le professionnalisme des pillages prouve qu’ils ne peuvent être le fait de la seule population irakienne. Si des citoyens ordinaires y ont sans doute pris part, tout semble indiquer que des professionnels du marché de l’art antique y ont également participé. Donny George, directeur de recherche et d’études au Musée National Irakien de Bagdad, est convaincu que les voleurs étaient des professionnels. Dans une déclaration à l’AFP, il affirme « que [les pillards] n’ont pas touché aux copies, ils ont volé les originaux. C’est une opération de vol organisé ». Le directeur de ce même musée parle, lui, de complicités internes, les pillards ayant mis la main sur les œuvres les plus précieuses alors que celles-ci avaient été placées en chambre forte au début des bombardements sur Bagdad. Selon The Independent, les ordinateurs du Musée National de Bagdad, qui contenaient le recensement des collections, ont été vandalisés au point que l’on ignore encore à l’heure actuelle si les informations stockées sur les disques durs sont récupérables ou non. La disparition de ce recensement compliquerait singulièrement les dispositifs visant à empêcher la revente des œuvres sur le marché international. Autrement dit, des professionnels n’auraient pu mieux faire.
Dans une lettre adressée aux États-membres de la Coalition, publiée dans le Guardian, neuf éminents archéologues appellent à une protection des institutions culturelles et à une vigilance internationale pour empêcher la revente d’objets d’art irakiens volés. Ces experts dénoncent également avec indignation un groupement créé en 1994, l’American Council for Cultural Policy (ACCP), qui, selon le New York Times, a négocié avec le département d’État et le département de la Défense états-uniens avant le début du conflit pour assouplir la législation qui protège l’Irak de la spoliation de son patrimoine historique. Le but serait de pouvoir exporter d’Irak des antiquités, commerce interdit depuis la fin du mandat britannique, en 1924, par une loi, renforcée en 1975. La crainte de ces archéologues est que les États-Unis profitent du gouvernement de tutelle qu’ils installent en Irak pour modifier et assouplir la législation locale sur l’exportation des œuvres d’art et d’antiquités, et ainsi accéder à la requête de l’ACCP.
L’héritage culturel irakien est-il menacé ? La Coalition affiche officiellement un souci d’épargner les sites historiques de tout bombardement. Elle ne manque pas de faire savoir qu’elle a mis en place une section chargée « de la protection du patrimoine irakien », dirigée par un officier réserviste, anthropologue dans le civil, et affiche un grand souci de ne pas provoquer de catastrophe archéologique. Mais les tractations de la Coalition avec l’ACCP et la non-intervention de ses soldats accréditent la thèse d’un pillage organisé dans la plus pure tradition coloniale.
Le principal but avoué par le président de l’ACCP, Ashton Hawkins, avocat spécialisé dans le commerce d’art, est d’unir ses membres influents comme un contrepoids aux législations « rétentionnaires » des pays riches en patrimoine archéologique. L’ACCP souhaite également la révision du Cultural Property Implementation Act (Convention états-unienne de 1983 destinée à freiner le pillage culturel et historique), pour réduire à néant les efforts faits par des nations étrangères pour bloquer l’importation de leurs antiquités aux États-Unis. Le troisième combat officiel de l’ACCP est de décourager le recours à la jurisprudence connue sous le nom de 1977 US v McClain, qui s’appuie sur le National Stolen Property Act (loi états-unienne qui punit tant le voleur que le receleur. Elle a permis, en février 2002, la condamnation de Frederick Schultz, grand marchand d’antiquités américain, ancien président de la National Association of Dealers in Ancient, Oriental and Primitive Art, pour avoir reçu en connaissance de cause d’un négociant anglais des antiquités égyptiennes volées.)
Convaincu par la doctrine libérale de l’administration Bush, Ashton Hawkins tient à préciser que, pour l’ACCP, « la dispersion du matériel culturel à travers le marché est l’un des meilleurs moyens pour le protéger ».
Depuis que le monde archéologique dénonce dans la presse ses agissements, l’ACCP dément toute accusation de vouloir faire modifier la législation irakienne sur les antiquités et met au contraire en avant l’offre qu’elle aurait faite au Pentagone d’apporter une aide financière et matérielle pour la conservation des œuvres ainsi que pour la reconstruction des institutions culturelles irakiennes. Les tractations en vue de libéraliser le marché de l’art antique avec le gouvernement états-unien avaient pourtant été jugées « encourageantes », avant le début des pillages.
Sur instructions du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, le directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, a multiplié les initiatives. Il a envoyé, avec l’aide du British Museum, une mission sur place pour évaluer l’ampleur des vols. Il a organisé ce matin, à Paris, une consultation d’experts pour définir une stratégie adaptée. Au sortir de cette réunion, l’un des participants, McGuire Gibson, professeur à l’université de Chicago, nous a déclaré : « les pillages ont été planifiés de l’extérieur de l’Irak ». Koïchiro Matsuura a annoncé la création d’un fonds spécial pour le patrimoine culturel irakien, puis, il a appelé à prononcer un embargo international sur les objets d’art irakiens. Surtout, il a réclamé l’adoption d’une résolution ad hoc par le Conseil de sécurité des Nations Unies, signifiant ainsi que la responsabilité des pillages incombe à des États. Sans attendre, Martin Sullivan président du Comité consultatif des Affaires culturelles, a présenté sa démission au président Bush pour que le scandale ne rejaillisse pas sur la Maison-Blanche.
- Le pillage du musée de Bagdad a été encouragé par des soldats américains
09/09/2010 | réactions
Publié par NeoGabrielpost non vérifié par la rédaction
http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/09/09/2213137_dossier-complet-le-pillage-du-musee-de-bagdad-a-ete-encourage-par-des-soldats-americains.html
Retour sur l'actualité de 2003, le pillage du musée de Bagdad
Après la réouverture partielle du musée de Bagdad en 2009, et le retour d'une centaine d'antiquités retrouvées, le mystère qui entourre les commanditaires du pillage des plus grands trésors archéologiques babyloniens reste entier...
Voir l'article du New York Times du 7 sept 2010 : http://www.nytimes.com/2010/09/08/world/middleeast/08iraq.html?_r=1&scp=1&sq=baghdad%20museum%20looting%202003&st=cse
- Extraits de l'article de Lise Wilar : "Pillage à Bagdad"en 2003
http://ecrits-vains.com/mots_dits/willar54.htm
"En ce qui concerne les trésors archéologiques de cette Mésopotamie où naquit Abraham, je viens de voir à la télévision les larmes versées par la directrice des Musées d’Irak, le Dr Nawala Mettwali : une peine indicible se lisait dans son regard face à ses vitrines brisées, à ses trésors assassinés ou disparus. Impuissante, elle s’est baissée pour ramasser quelques morceaux qui gisaient sur le sol et les a regroupés dans un misérable carton. L'actuel musée de Bagdad avait été inauguré en 1976. Ses collections comptaient environ cent cinquante mille pièces, de menues tablettes d'argile gravées d'écritures cunéiformes aux puissants taureaux ailés de Khorsabad ou aux bas-reliefs des palais de Nimroud qui pesaient chacun plusieurs tonnes, l'ensemble constituant une anthologie assez complète de toutes les civilisations qui se sont succédées, depuis plus de sept mille ans, entre le Tigre et l'Euphrate : témoignages préhistoriques, vestiges sumériens, akkadiens, babyloniens, assyriens néobabyloniens, perses, grecs, parthes, sassanides, et un très riche fond islamique.
(...)
D'après le New York Times, « il aura fallu moins de 48 heures pour que les trente deux galeries du Musée archéologique national d'Irak soient ‘nettoyées’ sous le nez des troupes américaines. Plusieurs archéologues irakiens auraient fait des démarches auprès du commandement américain pour que le musée soit sanctuarisé. En vain. » Je ne pouvais m’empêcher en lisant ces nouvelles de revenir sur soixante années de ma vie et me souvenir que les nazis, même s’ils ont parfois envisagé de le faire n’ont ni programmé ni opéré la destruction de Notre Dame de Paris, que Rome est restée « ville ouverte. » Je pense que les premières exactions - je ne parle pas ici d’êtres humains - qui m’aient fait horreur sont la destruction des mosquées de Bosnie que je connaissais pour les avoir si souvent admiréesLe quotidien britannique The Independent a insisté dimanche sur les destructions : « statues mutilées, vitrines éventrées, objets fracassés. » Les autorités irakiennes avaient pourtant prévu le pire. Dans le numéro de février 2003 de la revue Archeologia, le Dr Nawala Mettwali, indiquait que « le personnel a suivi des sessions de formation pour évacuer les trente deux salles du musée en un jour. Les objets seront mis à l'abri dans des lieux secrets. » La responsable des musées qui pleure aujourd'hui ses collections disparues n'avait pas prévu que le personnel serait le premier à se volatiliser, laissant place aux vandales. Après le pillage du Musée de Bagdad, le directeur général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura, a fait savoir, dans un communiqué, qu'il avait « aussitôt saisi les autorités américaines et britanniques et demandé de prendre immédiatement les mesures de surveillance et de protection des sites archéologiques et institutions culturelles irakiens. » A la veille de l'intervention armée, Mounir Bouchenaki, directeur adjoint de la culture à l'Unesco, avait déclaré au Monde : « Les Américains connaissent la valeur et la diversité du patrimoine irakien. Nous leur avons remis la liste des sites importants. J'espère qu'ils en feront bon usage. » Je ne voudrais pas être vulgaire mais ne croyez-vous pas qu’à l’écoute de ces mots il vaut mieux rire que pleurer… ? Comme si la coalition, dans son avance fulgurante, avait eu la possibilité d’avoir ces choses-là en tête ! Avait-elle même été informée de l’existence d’un tel message ? Il est évident qu’il y a une sorte d’ironie amère dans cet avertissement : « attention, faites la guerre, détruisez, tuez quand il le faut puisque c’est inévitable mais épargnez nos trésors archéologiques ! »
(...)
Blog en partenariat avec La Tribune de Genève
http://commecacestdit.blog.tdg.ch/archive/2013/02/09/a-quoi-sert-la-culture.html
09/02/2013
A quoi sert la culture?
Le culture ne sert à rien.
Dans un temps social où l'utilité de chaque chose doit être démontrée, quantifiée; ou tout devient moyen et ou les fins sont indécises, la culture ne sert à rien. Elle n'est au service que de sa propre fin, autopromotionnelle. C'est ce qui fait sa singularité et sa faiblesse, ce qui dérange et la rend aussi inessentielle. La Culture est élitiste, superficielle. Elle est par essence incompréhensible. C'est une pièce de théâtre en plus parmi tant d'autres, un livre ajouté à la publication de 70'000 ouvrages; c'est comme une surélévation d'immeuble au dernier étage d'un building qui en compte déjà une dizaine. Ce qui compte, ce qui pèse, c'est la base: la police, l'économique, les vrais travaux. Le reste c'est du vent, on peut faire sans... vraiment?
Au sport au moins on a trouvé une utilité, il sert l'intégration, et fait bouger les gens. C'est bon pour la santé. Mais la culture... n'est pas un service rendu, n'a pas vocation de nous émouvoir, édifier ou rassembler, de construire un langage commun, des références partagées, faire réfléchir sur notre condition et les fins de notre société. Elle n'est pas la carte de visite d'une ville, et ne joue pour rien en matière d'attrait touristique. Et puis à quoi sert le chant, la danse, le livre et le cinéma; à quoi servent les mains tendues et se dire bonjour. Finalement...
Les députés de droite du grand conseil l'ont bien compris. Suppression de 545'000 francs pour l'aide ponctuelle à la culture, 330'000.- pour l'aide à la création indépendante, 300'000.- d'aide à la diffusion et aux échanges, 500'000.- d'apport à la fondation pour le cinéma, d'aide à la recherche, à la solidarité internationale. Le troisième débat aura lieu en commission des finances après les vacances de février. Jusqu'où tronçonneront-ils, combien de jeunes pousses abattront-ils pour ramasser quelques petites feuilles? La coupe est franche. La volonté de faire une saignée reconnue.
Nous fonctionnons encore sur des catégories du XVIIIe siècles ou pire à la façon de Saint-Thomas qui ne croyait que ce qu'il voyait. La division entre les sciences molles et sciences dures, est encore bien vivace. Il y aurait d'un côté ce qui est vraiment quantifiable, chiffrable: la police, les finances, les constructions et de l'autre les sciences humaines, molles: la culture bien sûr; mais le social, aussi. Or, cette division ne tient plus, tant les champs se correspondent désormais. On loue la transversalité, et pourtant les enjeux de société se pensent encore sur des plans confus qui opposent des éléments qui se complètent. L'obésité, par exemple, est un problème de santé publique directement liée au revenu des ménages, à l'éducation, à une certaine qualité de vie et d'accès à la culture dans les quartiers. Il vaut mieux ouvrir un centre culturel sur la rive droite et continuer de soutenir la création indépendante plutôt que de voir les taux d'obèses ou de gamins désoeuvrés gonfler.
La culture ne sert à rien? Oui, à rien, tout comme l'air que l'on respire, du moins, tant que l'on n'en manque pas. Puis, en apnée, elle est tout ce qui reste. Alors messieurs les députés du Grand Conseil, faites un geste rationnel, respirez un grand coup, et n'imposez pas à d'autres l'anoxie qui au final coûtera bien plus cher que les quelques "économies" que vous voulez, à courte vue, faire.
Car si chacun défend sa cabane dans les arbres, une vue dégagée, la culture est la corde qui les relie toutes ensemble.
- "La culture c'est une effusion raffinée de la vie dans l'organisme en éveil de l'homme." Antonin Artaud (Messages révolutionnaires, 1936). Pas mal… Il en connaissait un brin, très singulièrement. Essayer de mettre ça en pratique, surtout "dans les périodes de névrose et de sensibilité basse comme celle où nous plongeons! » (Le théâtre et son double, 1938). Histoire de rester en vie. Aujourd’hui ?
Dominique Fernandez:« Depuis que le chef de leur État [N. Sarkozy] a déclaré publiquement que lire La Princesse de Clèves ne servait à rien, beaucoup de gens, en France, s’autorisent de cette énormité pour ravaler la culture au rang de fâcheuse, rabâcheuse et emmerdeuse qui empêche les jeunes esprits de tourner en rond.Dernier signe de la dégradation intellectuelle d’un pays qui rejoindra bientôt l’Italie dans les bas-fonds de l’illettrisme : Sciences-Po, l’école autrefois prestigieuse, celle qui forme les « cadres » politiques de la nation, a supprimé de son concours d’entrée l’épreuve écrite de culture générale.
Le grand journaliste Pierre Bénichou a raconté dans un article récent du Nouvel Observateur (12 janvier 2012) l’expérience effarante qu’il venait de faire. On l’avait chargé d’animer à Sciences-Po un séminaire pour des apprentis journalistes, sur le thème « Comment écrire une histoire ». Ces étudiants, âgés de 21 à 22 ans, avaient été reçus au baccalauréat avec la mention « bien » ou « très bien ». Ce n’étaient donc pas, en principe, des demeurés. Bénichou leur distribua trois textes. L’un, de La Bruyère, pour leur montrer comment écrire. « Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige ; dites : il pleut, il neige. » Le deuxième texte, de Flaubert, leur décrivait une vieille paysanne recevant une médaille aux comices agricoles : « Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude », brûlot de critique sociale autrement fort que les criailleries révolutionnaires. Le troisième n’était autre que le poème de Rimbaud Le Dormeur du val, avec ces « deux trous rouges au côté droit » qui accusent l’horreur militaire plus efficacement que n’importe quel pamphlet pacifiste.
Eh bien, ce n’était pas du tout cela qu’on attendait de ce professeur. Les élèves, d’abord, parurent n’avoir jamais entendu parler d’aucun de ces trois auteurs et ne manifestèrent aucune envie de les connaître. Les autorités de Sciences-Po, ensuite, le sermonnèrent : il faisait fausse route, en prenant le parti de l’élite, au détriment des étudiants socialement défavorisés.
L’élite ! Voilà le grand mot lâché. C’était un honneur autrefois que d’en faire partie. C’est une honte, aujourd’hui, une trahison : on se désolidarise du « peuple » nécessairement analphabète mais aussi méritant que les fils de bourgeois. On voit tout de suite à quelles conséquences entraîne une idéologie aussi calamiteuse. Les futurs « cadres » seront des technocrates murés dans leur spécialité ; ils ne sauront rien de plus que leurs comptes ; ils seront incapables d’avoir une vue personnelle sur la société et son évolution ; leurs comptes seront donc faux d’emblée. Et le « peuple » ? N’est-ce pas le mépriser que de le supposer incapable de désir d’apprendre, incapable de curiosité ? Si dans leur famille ils n’ont pu avoir la chance d’avoir des livres à leur disposition, les candidats issus de milieux défavorisés n’auront donc plus le contrepoids de l’école, de l’université, pour se former une culture, pour entrer dans la « culture ».
La culture ? Mais ils ont en une, à eux, faite de SMS et d’argot, parfaitement respectable mais un peu courte. Est-ce la dédaigner que de leur suggérer que La Bruyère, Flaubert, Rimbaud, Mme de La Fayette, cela n’est pas si mal que cela, et même, que cela « sert » ? À quoi ? Mais à comprendre le monde, à se comprendre eux-mêmes, à élargir leur esprit, à augmenter leurs chances de bonheur, à leur fournir de l’intelligence et du rêve – et, sur le plan pratique, à parler en discours moins bêtes que les orateurs stigmatisés dans Madame Bovary. Bénichou, il va sans dire, a démissionné d’un poste où on lui demandait de cautionner l’imbécillité des pouvoirs publics. Pauvre France, qui tremble pour son « A » perdu, mais ne s’aperçoit même pas qu’en détruisant ce qu’elle avait de meilleur, elle court à une paupérisation intellectuelle qui la mettra au dernier rang des nations."
- « Les secteurs culturels et créatifs européens, générateurs de croissance »Les industries culturelles et créatives (ICC)
http://www.francecreative.fr/france-creative-salue-la-publication-de-letude-ey-les-secteurs-culturels-et-creatifs-europeens-generateurs-de-croissance/
- L’extrême droite a-t-elle un problème avec l’art contemporain ?
29.07.2014
http://www.20minutes.fr/politique/1423307-20140729-extreme-droite-probleme-art-contemporain
Cela fait plus de trente ans que ces deux-là se chamaillent. Extrême droite et art contemporain ne s’entendent décidément pas. Dernier exemple en date, ce mardi. Fabien Engelmann, le maire FN de Hayange (Moselle) a repeint en bleu une sculpture du centre-ville, jugée «sinistre» sans en avertir l’artiste Alain Mila. Cette décision a entraîné la colère du sculpteur et l’indignation de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.
>> «Promouvoir la préférence nationale, c’est souhaiter la mort de l’art en France»
Une opposition ancienne
Cette attaque contre l’«art comptant pour rien», comme le nomment ses détracteurs, est une antienne de l’extrême droite. «C’est un problème récurrent entre les créateurs, et en particuliers ceux de l’art contemporain et le Front National», avance le politologue et spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus. «C’est un sujet dont le FN s’est saisi lorsqu’il est devenu un parti important, au milieu des années 1980». Bruno Mégret s’indignait déjà en 1987 de l’érection des Colonnes de Buren au Palais Royal.
Lors des élections municipales en 1995, le parti de Jean-Marie Le Pen remporte les villes de Marignane (Bouches-du-Rhône), Orange (Vaucluse) et Toulon (Var). «Les élus frontistes proposaient dans leur programme une conception plus patrimoniale et locale de l’art sous toutes ses formes. Il s’agissait de favoriser tout ce qui pouvait être folklorique, local, revenir à une culture dite "populaire"», précise le politologue. La culture contemporaine passe alors au second plan.
«Une subversion des valeurs traditionnelles»
Parfois, l’attaque se fait plus virulente. En novembre 2013, le directeur de campagne du FN à Reims pour les municipales 2014 s’en prend au Frac (Fonds Régional pour l’Art Contemporain) de Champagne-Ardenne.Dans son billet, «un écrin pour de la merde», Jean-Claude Philipot ,Chargé du projet de la liste Reims Bleu Marine pour les municipales 2014 , dénonce les œuvres «devant lesquelles les bobos de la gauche caviar, ou plus simplement les snobs s’extasient pour faire "moderne" et se distinguer de ce peuple qu’ils méprisent et qui trouve affreuses ces "machins".»
Comment expliquer une telle répulsion? «L’art contemporain les dérange, car ils ont le sentiment qu’il s’agit d’une forme de subversion des valeurs traditionnelles», explique Jean-Yves Camus. «La plupart de ces partis de droite extrême souhaitent arrêter le changement vers une société qu’ils jugent décadente, dégénérée. S’en prendre à l’art contemporain, c’est s’en prendre à cet état d’esprit», ajoute la politologue Nonna Mayer.
«Une obsession des élites»
«L’un des drames de l’extrême droite française, c’est qu’elle était active culturellement dans les années 30, et qu’elle ne l’est plus depuis 1945, selon Jean-Yves Camus. Il n’existe plus aucun renouvellement. En termes de créations musicales, picturales, littéraires, il n’y a pas d’avant-garde comme cela a pu exister pour l’extrême droite italienne dans les années 1970-1980, notamment dans les arts graphiques.»
Le conseiller de Marine Le Pen à la culture et la Francophonie, Karim Ouchikh s’en défend. «Il n’y a aucune hostilité de principe du FN à l’art contemporain», précisant qu’il ne s’agit seulement pas «d’une priorité». «Dans l’opinion publique, on l’encense de manière trop excessive, c’est une obsession de nos élites, pas de nos concitoyens».