Cette semaine, Madame Caroline Cayeux a démissionné de son poste de ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales. Cette annonce fait suite à la saisie de la justice par la HATVP (Haute Autorité pour la transparence de la Vie Publique) pour soupçon d’« évaluation mensongère » de sa déclaration de patrimoine et de « fraude fiscale ».
Cette démission est tout à fait “normale”. Nous estimons que nos dirigeant⸱es doivent être tenu⸱es de répondre aux plus hautes exigences légales de transparence, afin de créer les conditions d’exercice du pouvoir les plus démocratiques possibles.
On ne peut toutefois pas ignorer que le gouvernement actuel n’a pas réagi avec la même sévérité lorsque Madame Cayeux a porté atteinte aux exigences légales de respect dû aux minorités, et plus spécifiquement ici, aux populations LGBTQI+.
En effet, en juillet 2022, Caroline Cayeux a été appelée à réagir aux propos qu’elle a tenus contre le mariage pour tous en 2013. Alors sénatrice LR, elle avait qualifié ce projet de loi, de réformes « de caprice » et d’un « dessein qui va contre la nature ». En revenant sur ces propos, elle a ajouté : « Je dois vous dire quand même, j’ai beaucoup d’amis parmi ces gens-là. Franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait et ça m’a beaucoup contrariée.»
La qualification des populations LGBTQI+ comme “ces gens-là” avait alors soulevé des vagues de protestation à l’intérieur comme à l’extérieur du gouvernement. Face à l’ampleur de la polémique, Mme Cayeux avait alors déclaré « regretter » ses propos passés « stupides et maladroits ».
Comme cela avait été alors bien exprimé par Jean-Marie Hupel, militant EELV et Sarah Roubach, militante Génération·s, dans une tribune parue le 01/08/2022 dans le magazine Têtu “la communauté LGBTQI+ ne saurait accepter les excuses de Madame Cayeux : le mal est fait, et les propos homophobes ne relèvent pas de l’opinion mais de la loi pénale”.
Pour autant et malgré le caractère discriminatoire choquant de ces paroles, Madame Cayeux n’a pas été davantage inquiétée au sein du gouvernement. Selon le journal le Monde, elle avait bénéficié du soutien d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne en ces termes " Tu traces, tu bosses, tu ne regardes pas derrière " et le chef de l’Etat aurait même ajouté " Et tu fais un peu d’humanité avec ceux que tu as blessés ".
Des paroles qui en disent long sur l’importance que donne le gouvernement actuel à la lutte contre les discriminations et pour l’égalité des droits. Des paroles qui ne font que confirmer une indifférence assumée. En effet, malgré la démission de Madame Cayeux, notre gouvernement compte toujours 3 autres dirigeants ayant tenu des propos et/ou actions à l’encontre de la communauté de la LGBTQI+ : Gérald Darmanin (qui a également été accusé de viol par Sophie Patterson-Spatz), Sébastien Lecornu et Christophe Béchu.
Le fait que Madame Cayeux n’ait pas perdu la confiance du gouvernement plus tôt, dès lors qu’elle avait tenu des propos discriminatoires, demeure une incompréhension majeure pour notre communauté. L’indifférence des gouvernant·es face au poids des discriminations et les ruptures d’égalité qu’elles engendrent dans notre société sont inacceptables. Ils mettent en danger la cohésion sociale par la mise au ban des plus vulnérables.
C’est pourquoi, la lutte doit continuer ! Pour mettre fin aux discriminations LGBTQI+phobes, raciales et toutes les formes d’atteinte aux capabilités de chaque personne de se réaliser entièrement.
Pour aller plus loin :
- Tribune (Têtu) : Caroline Cayeux : élus et militants LGBTQI+ appellent à manifester
- Le Monde : Caroline Cayeux, ministre déléguée aux collectivités territoriales, démissionne pour éviter un scandale au gouvernement
- Edito (Têtu) : Cayeux : non, la ligne du gouvernement n'est pas nette sur les LGBT
- JDD : La ministre Caroline Cayeux au cœur d'une polémique pour des propos jugés homophobes
- La vie des idées : Martha Nussbaum ou la démocratie des capabilités