Le 4 juin 2022, nous étions plus de 10 000 à marcher avec la Pride des Banlieues après deux années marquées par la crise sanitaire et sociale. 10 000 personnes pour affirmer la nécessité de faire entendre les voix et les revendications des LGBTQI+ de quartiers populaires. 10 000 personnes pour faire valoir les enjeux de classe, de race et de genre qui traversent nos communautés.
Nous avons marché pour la création de 10 000 places en hébergement d’urgence et la formation des agent·es des services publics à l‘accueil de public LGBTQI+, afin que plus personne ne dorme à la rue. Une revendication que nous ne lâcherons pas jusqu'à ce que nous parvenions à cet objectif.
Plus qu’un aboutissement, cette Pride des Banlieues 2022 a été le point de départ du Mouvement Pride des Banlieues qui agit désormais tout au long de l’année pour faire entendre les revendications des LGBTQI+ de quartiers populaires.
Aujourd’hui, la situation sociale dans nos territoires s’aggrave avec une hausse fulgurante des prix des biens de consommation nécessaires à une vie digne. C’est le moment qu’a choisi le gouvernement pour tenter de faire passer une réforme qui a pour objectif de faire reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Un non-sens total quand on sait combien d’entre nous meurent avant même l’âge de départ actuel de 62 ans. Une réforme qui nous touche d’autant plus en tant que personnes LGBTQI+ de quartiers populaires à la lumière de tous les mécanismes d’oppressions qui engendrent nos précarisations.
Il est donc plus que jamais nécessaire de faire exister la Pride des Banlieues. La Pride des LGBTQI+ de quartiers populaires. Il faut que nous occupions l’espace avec nos voix et nos corps. Il nous faut créer les conditions de notre émancipation. Il est nécessaire de mener cette lutte pour nos droits de vivre .
Cette année, nous marcherons contre la politique eugéniste qui consiste à laisser certain·es se reproduire quand d’autres en sont interdit·es. En effet, en 2021, avec la loi bioéthique, les parlementaires ont pris la décision d’exclure les personnes trans et intersexes du droit d’avoir un enfant. Ce, en empêchant les personnes ayant la civilité “homme” d’effectuer des PMA (procréation médicalement assistée). Parmi les votant·es, aucune personne trans, aucune personne intersexe.
Par la même occasion, ces parlementaires ont également pris la décision de perpétuer les discriminations d’accès à la PMA des personnes noires et racisées notamment en refusant de rendre facultatives les pratiques d’appariement arbitraires. Une ségrégation qui se rapproche de celles de l’époque coloniale. Rien n’a également été fait pour mettre fin aux discriminations structurelles des personnes grosses et handi·es dans les parcours de PMA.
Ces inégalités se traduisent également sur le plan économique. Pour celleux qui en ont les moyens, il reste la possibilité d'effectuer des PMA à l’étranger à des coûts très conséquents. Pour les autres, aucune solution.
Cela témoigne d’un ensemble de politiques et de pratiques qui vise à exclure les personnes qui ne rentrent pas dans la norme blanche, bourgeoise, cis, hétéro, mince et valide du droit à la parentalité. Si tu n’es pas dans la norme, tu ne disposes pas comme tu veux de ton corps. Si tu ne rentres pas dans la norme tu n’as pas le droit d’avoir d’enfant biologique. En tant que LGBTQI+ de quartiers populaires nous ne rentrons pas dans ces normes. Nous en sommes fiers et nous allons vous le faire savoir. Nous ne rentrons pas dans ces normes et nous allons les combattre pour que chacun·e puisse vivre dignement et s’épanouir.
Pour nous, il est nécessaire de politiser la famille et la parentalité. Les luttes successives ont permis d’affirmer une nouvelle conception de la famille. Notre famille, nous pouvons la choisir. Pour qu’elle nous ressemble, qu’elle nous accepte. Notre famille, nous pouvons la choisir aussi en déterminant si nous souhaitons ou non avoir des enfants. En avoir, c'est un rêve pour beaucoup d’entre nous. Un rêve qui s’éteint chaque année pour des milliers d’entre nous.
Nous marcherons donc pour que chacun·e puisse aspirer à la parentalité. Nous marcherons pour l'égalité d'accès à la PMA pour toustes. Nous marcherons pour faire savoir que les enfants des trans, des racisé·es, des gros·ses et des handi·es sont aussi légitimes que les autres.
Alors pour faire entendre nos voix, on se donne rendez-vous le 3 juin 2023 à 13h à la Place René Dumont à Saint-Denis !