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Billet de blog 18 avril 2017

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Voter Jean-Luc Mélenchon : pour la transformation citoyenne, sociale et écologique

Une victoire de la France insoumise ne serait pas un point d’arrivée, mais un point de départ : celui d’un mouvement de réappropriation de la politique par toutes et tous, de nouvelles conquêtes sociales, et d’organisation de la société en fonction des nécessités écologiques, du bien-vivre.

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Voter Jean-Luc Mélenchon : saisir l’opportunité historique d’une transformation citoyenne, sociale et écologique

Les élections présidentielles de 2017 sont sans aucun doute les plus importantes depuis le début de la Vème République, par la gravité des défis que devra affronter le prochain président, et surtout par l’ampleur de l’insatisfaction des citoyens à l’égard des politiques, de leur envie de changement.  Minées par les affaires de corruption, les deux principales forces politiques du champ politique français, LR et le PS, semblent incapables d’y répondre. Ces deux partis ne sont plus que des labels, qui regroupent des visions du monde profondément différentes, des camarillas de notables au milieu desquelles se débattent encore quelques militants sincères. Les forces anciennes de la droite catholique, renouvelées par ce Tea Party à la française qu’est Sens commun, permettent à François Fillon de se maintenir à flots. En revanche, la crédibilité du PS à mener une politique sociale est fortement entamée depuis 1983, et plus encore depuis 2012 et les nombreux reniements de François Hollande, sapent définitivement les bases du Parti socialiste. Le PS a perdu depuis longtemps son implantation la classe ouvrière, et il est aujourd’hui en train de perdre son hégémonie dans les classes moyennes et les quartiers populaires des grandes villes où se trouvaient ses derniers fidèles. C’est pourquoi Benoit Hamon, malgré un programme innovant à bien des égards, ne peut incarner le renouvellement, d’autant que la primaire se révèle une farce après le ralliement de plusieurs de ses protagonistes à Emmanuel Macron.

Les partis traditionnels de gouvernement semblent dépassés, alors que la société française est confrontée à trois urgences : une urgence démocratique, une urgence sociale, et une urgence écologique. Trois forces politiques y proposent une réponse d’ensemble : le projet nationaliste et xénophobe de Marine Le Pen, le projet néolibéral d’Emmanuel Macron, et le projet social et écologiste porté par Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier peut remporter une victoire historique si l’ensemble des forces progressistes lui apportent leurs suffrages. Une victoire de la France insoumise ne serait pas un point d’arrivée, mais le point de départ d’un mouvement de réappropriation de la politique par toutes et tous, de nouvelles conquêtes sociales, et d'une organisation de la société en fonction des nécessités écologiques, du bien-vivre.

L’urgence démocratique d’abord est le fruit d’une délégitimation profonde du personnel politique : de par la révélation de nombreux scandales de corruption et de conflits d’intérêts, ainsi que par la récurrence des conflits d’intérêts. Jérôme Cahuzac, Patrick Balkany, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Bruno Le Roux : autant de noms des puissants de la politique française qui montrent le déclin avancé de la Vème République et l’insupportable sentiment d’impunité qui règne au sommet de l’Etat. A la corruption s’ajoute la longue liste des promesses non tenues par le PS (récépissé de contrôle d’identité, droit de vote des étrangers aux élections locales, taux d’imposition à 75% pour les plus hauts revenus, séparation bancaire, etc.) et des largesses accordées au patronat qui n’en attendait pas tant : ANI, CICE, « loi Travail ». L’urgence démocratique procède également d’une politique guerrière et atlantiste menée tambour battant sous les mandats de Sarkozy et de Hollande : des choix hasardeux en Libye et en Syrie ont entraîné la France dans des guerres qui ne sont pas les siennes, désignant notre pays comme cible privilégiée des terroristes. L’urgence démocratique c’est aussi le déni du droit d’asile et de conditions d’accueil dignes pour les réfugiés.

Pour y répondre la France insoumise propose un renouvellement démocratique complet par la convocation d’une Assemblée constituante. Le processus constituant permettra à nouveau au peuple français de se constituer en tant que peuple : faisant appel à son intelligence collective, le peuple souverain se dotera d’une nouvelle loi fondamentale, pour en finir avec le régime inique de la monarchie présidentielle. La tâche ne sera pas seulement dévolue à quelques importants, mais elle incombera à toutes et tous à travers la constitution de comités constituants dans l’ensemble des villages, des villes, des quartiers et des entreprises. Ainsi pourrons-nous être actrices et acteurs de notre citoyennetés, et non plus les témoins affligés du cirque lamentable de la caste actuellement au pouvoir. La souveraineté retrouvée du peuple prendra tout son sens lorsque nous retrouverons une indépendance géopolitique : c’est pourquoi il est impératif de sortir de l’OTAN, pour ne pas être entraînés dans de nouvelles guerres que voudrait engager M. Trump. Au niveau européen, il est également grand temps de prendre acte des décisions du peuple français lors du vote de 2005, et en 2012 lorsqu’il avait élu François Hollande pour renégocier avec Angela Merkel. L’ensemble des traités européens doit donc être rediscuté en vue de sortir du règne de la « concurrence libre et non faussée », pour garantir le respect des services publics, et la réalisation d’une harmonisation fiscale et sociale. Si un accord s’avérait impossible, la décision reviendrait au peuple français par référendum. Politique de souveraineté et politique de paix, notre politique internationale sera aussi une politique d’accueil : par la régularisation immédiate de tous les travailleurs sans papiers, l’accueil digne des migrants et l’examen du droit d’asile dans les conditions conformes au droit international.

L’urgence sociale se manifeste chaque jour sous nos yeux par la galère de la jeunesse dans une multitude de contrats précaires, par le chômage sordide dans lequel la mondialisation a enfermé une grande partie de la classe ouvrière, et par le nombre de ceux qui mendient et dorment à la rue dans l’un des pays les plus riches de la planète, dans la 6ème puissance économique mondiale qu’est la France. Afin d’établir un partage des richesses et la création d’emplois de qualité, il est nécessaire de recourir à la force de la loi : dans toute entreprise, l’échelle des salaires devra être comprise de 1 à 20 : le salaire du dirigeant ne pourra être supérieur à 20 fois le salaire le plus bas, et le dirigeant ne pourra donc s’augmenter qu’en augmentant le salaire le plus bas. Lorsque nous augmenterons le SMIC à 1326 euros nets immédiatement, le salaire maximum dans une entreprise sera donc de 26520 euros mensuels : un salaire proche de celui de M. Fillon, qui dit ne pas arriver à mettre de l’argent de côté, mais qui, nous en sommes sûrs, conviendra à nombre d’ingénieurs et de cadres hautement compétents dont regorge notre pays.  Cette mesure permettra d’obliger à une répartition de la richesse plus équitable dans les entreprises, mais elle est aussi une mesure morale : «Tant que le luxe règnera chez les grands, la cupidité règnera dans tous les coeurs, et s'il faut être riche pour briller la passion dominante sera d'être riche », écrivait Rousseau. Contrairement à M. Macron, nous ne croyons pas que les milliardaires soient un exemple à suivre et à convoiter. Nous voyons des exemples dans un infirmer qui délivre un soin, dans une ouvrière en lutte pour améliorer ses conditions de travail, dans une agricultrice sur le chemin de la production écologique, dans un postier au milieu des campagnes reculées, dans un père auprès de ses enfants et prenant sa part des tâches ménagères. Nous voyons des exemples dans toutes les tâches ayant une utilité sociale, et non dans l’accumulation sans fin.

De plus, nous rendrons l’impôt sur le revenu plus progressif, en passant de 5 à 14 tranches, afin que la contribution demandée à chacun soit la plus juste possible. Dans les services publics, tels que l’école, la santé, la culture et les administrations régaliennes, nous donnerons aussi les moyens d’un accueil égal sur l’ensemble du territoire national, et de conditions de travail dignes. De telles mesures sociales se heurteront sans nul doute à l’hostilité du patronat : c’est pourquoi, comme en 1936, rien ne se fera sans une mobilisation massive des salariés et des militants sur le terrain.

L’urgence écologique est également visible par l’augmentation des réfugiés climatiques, la présence avérée de produits nocifs dans notre alimentation, ou encore le risque nucléaire une nouvelle fois révélé à Fukushima et aussi par des incidents de plus en plus graves dans nos centrales. Aussi, la France insoumise réorientera d’abord la dépense publique, en direction de l’investissement dans la planification écologique : quel sens cela a-t-il d’importer des panneaux solaires de Chine, avec un impact carbone considérable, alors que nous pourrions les produire en France ? Le processus de planification écologique peut créer des millions d’emplois par le démantèlement progressif des centrales nucléaires, la production d’énergies renouvelables (éoliennes, solaire, hydroliennes, géothermie), la transition vers l’agriculture biologique, le soutien aux coopératives locales et aux circuits courts. Qui plus est, ces emplois ne seront pas seulement des salaires pour les hommes et les femmes qui les occuperont, mais seront investis d’un sens, et donc d’une reconnaissance sociale. Le besoin de sens et le besoin de reconnaissance s’expriment de plus en plus fortement chez les salariés, et la planification écologique peut en partie y répondre en orientant l’économie vers une société du bien-vivre et respect de l’environnement.  Nous ne sommes des idéalistes rationnels : sous les apparences de l’utopie nous réaliserons un projet économique nécessaire, celui de la transformation écologique de nos sociétés. L’impératif écologique impose de nouvelles conditions sociales, et la protection de la planète impose la lutte contre la mondialisation sauvage, c’est-à-dire la protection des travailleurs.

L’élection de Jean-Luc Mélenchon n’est pas un but en soi, mais pourrait donc être le point de départ de ces trois processus : le processus constituant, le partage des richesses et la planification écologique. Ces processus permettront de constituer un projet commun pour le pays et l’ensemble des citoyens, en lieu et place de la gestion technocratique des derniers gouvernements. Jean-Luc Mélenchon est aujourd’hui le seul candidat à disposer des forces nécessaires pour porter un tel projet, malgré les critiques qui peuvent être émises à juste titre sur tel ou tel aspect de l’homme ou du programme. Comme l’écrivait Karl Marx, il faut associer « les armes de la critique et la critique des armes ». Si Jean-Luc Mélenchon venait à être élu, nous les militants de la France insoumise, nous devrions être les premiers à conserver notre capacité critique, à construire un rapport de force nécessaire aux avancées sociales, à être vigilants quant aux risques de recul et de renoncement. Notre ambition n’est pas celle d’un homme, mais bien celle d’une force collective, dont la réalisation ne sera possible qu’à travers les intelligences et les actions des femmes et des hommes de bonne volonté, mus par un élan de partage, de justice et de création.

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