Enseignants des Lycées français d’Ottawa et de Toronto au Canada, nous exprimons notre inquiétude face à la situation périlleuse dans laquelle se trouvent nos élèves et face à l’indifférence de l'Éducation Nationale à leur égard.
Nos élèves travaillent intensément depuis 2 ans pour prétendre accéder aux filières de leur choix. Depuis le début de l’année, nous admirons leur indéfectible volonté et leur résilience. Ils se montrent largement à la hauteur de leurs ambitions, aujourd’hui menacées par des mesures ministérielles qui nous semblent infondées.
En effet, les 10 et 11 mai doivent démarrer des épreuves finales du bac que le Ministère a voulu conserver (épreuves des sections internationales, philosophie, grand oral).
Cependant, notre école, comme toutes celles de l’Ontario, est fermée jusqu’à nouvel ordre en raison d’une 3e vague particulièrement virulente de la COVID 19. Certaines écoles en Ontario ont d’ores et déjà pris la décision de rester fermées pour le reste de l’année scolaire.
Anticipant la grande probabilité que nos élèves ne soient pas en mesure de passer les épreuves, nous avons sollicité le Ministère de l’EN pour qu’il autorise la délivrance des diplômes dans les mêmes conditions qu’en 2020, c’est-à-dire en substituant le contrôle continu aux épreuves qui ne pourraient être organisées - ce qui a déjà été fait dans toutes les autres matières. Le Ministère de l’EN n’a pas entendu notre requête et nous propose le report réglementaire des épreuves à la session de rattrapage de septembre. Le Ministère imposerait à nos élèves de prolonger cette année scolaire particulièrement chaotique et anxiogène, jusqu’au mois de septembre prochain.
Le Ministère a-t-il mesuré les conséquences d’un tel choix ?
Comme partout, l’année a été très éprouvante pour la communauté éducative des lycées français de l’Ontario mais elle l’a été plus encore pour ceux qui, en plus du contexte sanitaire mondial, ont dû affronter la pression inhérente à l’année de terminale : nos élèves.
Nous dénonçons la froideur de cette décision qui maintient nos élèves dans une situation d'incertitude sur leur avenir, immédiat et lointain.
Nous nous interrogeons sur le manque de visibilité des modalités de passation à venir : où nos élèves sont- ils censés passer ce bac de rattrapage ? À Toronto ? À Ottawa? À Paris? Dans le pays de leur Université? Quelles seront leurs possibilités de voyager ? Si les écoles sont encore fermées en septembre, que sera-t-il alors proposé ? Le redoublement ?
Nous exprimons notre colère face à la légèreté de décisions qui impactent l’avenir de nos élèves. Quid des admissions sur Parcoursup ? Les places de nos élèves seront-elles gardées jusqu’en septembre ? Vont-ils perdre leur place dans les Universités internationales dans lesquelles ils postulent? En Amérique du Nord, les universités exigent les notes du bac autour du 23 Juillet. Cette session de septembre annoncée n’est pas seulement le gage de vacances d'été compromises, ni même d’une année scolaire perdue. Pour certains, c’est tout un cursus qui s’envole...les études contingentées ne veulent pas d'élèves avec une année de retard.
Les élèves en classe de première sont aussi inquiets du message envoyé à nos élèves de terminale. Les épreuves anticipées de français sont également menacées et susceptibles de se dérouler en septembre. Commencer l'année décisive de terminale avec le stress d’épreuves de bac est pédagogiquement contre-productif.
Le lycée français d’Ottawa partage notre incompréhension et nos inquiétudes : les familles se sont massivement mobilisées, notamment en organisant une pétition, diffusée par plusieurs personnalités politiques. Ainsi, le sénateur Olivier Cadic a adressé cette question au Ministre de l'EN lors de la session du Sénat du 29 Avril dernier.
Ainsi aujourd’hui nous nous demandons pourquoi refuser à nos élèves le contrôle continu en cette année exceptionnelle. A conditions exceptionnelles, mesures exceptionnelles. C’est ainsi que l’an dernier au lycée français de Buenos Aires, aucun cours n'ayant eu lieu en présentiel, une dérogation a permis de valider le bac sur la base des notes de l’enseignement à distance. Le Ministère est donc capable de faire des exceptions.
C’est pourquoi, nous demandons au Ministre de l’EN d’autoriser la passation de l'entièreté des épreuves du bac 2021 en contrôle continu pour les 100 élèves de l'Ontario. 100 élèves qui existent, 100 élèves victimes d’un système sourd à leurs angoisses, leur volonté, leurs projets d’avenir.
Enseignants des lycées français de l’Ontario
Pour plus d’informations :
- Pétition des parents et élèves des lycées français AEFE de l’Ontario, CANADA :
- Question adressée au Ministre de l’EN lors de la session du Sénat du 29 Avril
- Dérogations pour le lycée français de Buenos Aires en 2020
Brevet : JO du 3-10-2020
Baccalauréat : J.O. du 17-9-2020
- Décret récent autorisant le Ministère à organiser la session de remplacement pour le baccalauréat 2021 : O du 1-02-2021